Genghis Tron - Board Up The House
Chronique
Genghis Tron Board Up The House
Prenez donc trois lycéens américains boutonneux légèrement frustrés (et geeks de surcroît), adeptes de musique extrême (Brutal Truth, Converge, Carcass, The Dillinger Escape Plan, Gorguts…) et électronique (New Order, Coil, Skinny Puppy, Boards Of Canada…) variées. Mettez-les dans une pièce fermée. Donnez-leur une guitare, un clavier et un ordinateur. Laissez reposer. Ca y est vous obtenez le groupe Genghis Tron. Un nom qui leur colle parfaitement d'ailleurs : Genghis (Khan, premier empereur mongol) pour le côté seigneur de guerre destructeur et Tron (le célèbre film de Disney) pour le côté futuriste kitschissime des années 80. Sorti il y a deux ans, leur premier album Dead Mountain Mouth avait soufflé pas mal de monde de part sa violence éprouvante et son côté avant-gardiste décalé. Genghis Tron revient en ce début d'année 2008 confirmer son statut de « révélation », épaulé encore une fois de Kurt Ballou (Converge) à la production ainsi que de l'appui d'un label plus imposant (Relapse).
Désormais respectés à la récréation, les souffres douleurs de Genghis Tron vont canaliser toute leur colère et accentuer le côté atmosphérique/progressif timide de Dead Mountain Mouth. La bande souhaite désormais instaurer une réelle atmosphère dans leur musique et ne plus être cataloguée comme du vulgaire cybergrind défouloir (mais si bon !). La guitare d'Hamilton, les ultra blasts et hurlements skyzophréniques de Mookie tendent cette fois à s'effacer, laissant place à un travail de composition presque entièrement ciblé sur l'électronique planant. Les riffs accompagnent les nappes de claviers enchanteresses et les cris de Mookie soutiennent ses vers angéliques au chant clair/parlé. Difficile en la sorte de ne pas tomber sous le charme des splendides « Things Don't Look Good » et « I Won't Come Back Alive ». Genghis Tron ira aussi placer des extensions à ces titres (on ne fait pas attention lors de l'écoute), de courts interludes (« Recursion », « The Whips Blow Back », « Ergot ») parfois inégaux mais plutôt originaux dans leur côté presque trip hop/ambient voire carrément post-core (« Relief »). Je ne saurais encore d'ailleurs trop vous conseiller l'écoute au casque tellement les arrangements et sons bizarroïdes sont nombreux sur ce Board Up The House. Le groupe a d'ailleurs un véritable don pour ces sons, kitsch certes, mais très loin du « 8 bits » façon Nintendocore d'un Horse The Band par exemple.
Genghis Tron n'en oublie pas pour autant ses anciennes railleries de lycée. Entre deux passages électro reposant, vient se greffer la hargne incommensurable des jeunots. La batterie programmée (façon poulpe bionique) possède maintenant un son quasi-organique et offre un véritable orgasme lors des phases de bourrinage. Couplé aux hurlements puissants et gorgés d'émotions de Mookie, l'ultra violence prend toute son ampleur. Le son mis au maximum (excellente production de Kurt Ballou au passage) après une bonne journée, vous pourrez vous mettre dans les esgourdes le redoutable titre éponyme, le barré « City On Hill » ou le début du furieux « Colony Collapse ». Pour les tarés raffolant des titres de moins de deux minutes, « Endless Teeth » ou « The Feast » (avec Greg Puciato de The Dillinger Escape Plan en guest) sauront certainement les rassasier. Malheureusement pour eux pas de bourrinage intempestif, le côté progressif reprend toujours l'avantage. Ils regretteront aussi certainement cette guitare mise trop en retrait et ma foi c'est compréhensible. Pour ma part, le seul défaut majeur de ce Board Up The House reste ces quelques longueurs « bouche-trou » (les 10 minutes de « Relief » en tête) laissant un arrière goût d'inachevé vu le potentiel phénoménal de ces petits jeunes… On en redemande !
Finies la fureur et la folie d'un Dead Moutain Mouth, Genghis Tron calme ses ardeurs et va proposer un album planant/violent à l'ambiance unique des plus complémentaires. Le talent des ces trois gamins est tout simplement époustouflant et ne semble être pas pleinement exploité sur ce Board Up The House, excellent au demeurant, mais pouvant monter encore d'un bon cran. Le prochain album devrait certainement creuser cette fois un réel écart dans leur discographie. Amateurs de musique extrême progressive aux sonorités électro, une écoute de Genghis Tron devrait certainement vous intéresser. Personnellement je suis conquis.
| Mitch 12 Février 2008 - 3497 lectures |
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