Depuis la sortie de son premier album en 2017, le très bon
U Kraljevstvu Mrtvih..., on ne peut pas dire qu’Obskuritatem ait particulièrement chômé. Outre une démo proposant des titres datant de 2012 restés pourrir dans les bas-fonds de la Bosnie-Herzégovine (
Pro Officio Mortuorum) ainsi qu’une compilation de vieilleries et autres inédits (
Na Tronu Smrti), le groupe a également sorti un EP deux titres fort sympathique (bien qu’un peu court) (
Nekrofilm). Tout ça la même année sous la bannière du label Black Gangrene Productions (Borda’s Rope, Lamp Of Murmuur, Lampir, Nächtlich, etc). Il aura alors fallu ensuite attendre juillet 2020 pour voir le retour d’Obskuritatem par la grande porte avec la sortie de
Hronika Iz Mraka, deuxième album paru encore une fois sur label portugais. On aurait pu s’arrêter là sauf que depuis juillet 2020 on compte également une collaboration avec Nidernes ainsi qu’un split en compagnie de RxAxPxE (sans compter cette réédition LP de
Pro Officio Mortuorum). Bref, un programme particulièrement chargé pour cet obscur one-man band qui navigue dans cette vague de formations « Raw Black Metal » toutes plus jusqu’au-boutistes les unes que les autres.
Pour ce nouvel album, le personnage derrière Obskuritatem n’a rien changé à sa formule, que ce soit visuellement avec cet artwork en noir et blanc qui ne trompera personne sur la marchandise ou musicalement puisque le one-man band continue son chemin sur les terres arides et décharnées d’un Black Metal pour le moins rudimentaire et habité.
Servi par une production toujours aussi dépouillée (mais qui reste pourtant relativement facile d’accès, notamment comparé à d’autres albums du genre tels que ceux de Revenant Marquis par exemple),
Hronika Iz Mraka s’inscrit dans la continuité des oeuvres les plus récentes de la formation. On va ainsi retrouver sur ce deuxième album tout ce qui faisaient déjà le charme de son prédécesseur : un riffing particulièrement abrasif et émacié évoquant, surtout lorsque la cadence s’élève, la scène norvégienne du début des années 90, des mélodies déglinguées rappelant quant à elles Les Légions Noires du sud de la France, une batterie lointaine et diffuse aux patterns bien souvent répétitifs et aliénants, bon nombre d’accélérations tout aussi entêtantes mais également pas mal de variété grâce à de nombreux changements de rythmes ainsi que de longues séquences hypnotiques sur lesquelles viennent se poser et s’entremêler des voix lointaines et fantomatiques, presque incantatoires ("Izrodi Svjetlosti", "Svijet U Pepelu", "Hvalospjev Propadanju"). Bref, rien de bien nouveau pour Obskuritatem qui continue donc de jouer la carte d’un Black Metal rétrograde campé sur des positions bien arrêtées.
Encore une fois, chacun choisira d’adhérer ou non à ce genre de Black Metal décharné et maladif caractérisé par des choix de productions probablement incompréhensibles pour le commun des mortels. Pour autant, si tant est que vous y soyez sensibles bien sur, il y a quelque chose de terriblement attirant dans cette musique cradingue et vicieuse. À défaut de technique et d’originalité, Obskuritatem propose en effet un Black Metal profondément habité. Une musique simple et dépouillée qui sans aucun mal va transporter l’auditeur docile dans les caveaux les plus sombres et humides grâce à des atmosphères particulièrement immersives et une approche ritualiste et incantatoire extrêmement saisissante. D’ailleurs, loin d’être un grand amateur de musique "ambient", je dois bien reconnaître que ces quelques plages dispensées ici en guise d’introduction ("Izrodi Svjetlosti"), interlude ("Svijet U Pepelu") et conclusion ("Hvalospjev Propadanju") possèdent un pouvoir particulièrement hypnotique auquel, pour une fois, je ne suis pas insensible. Alors c’est vrai, ce genre d’exercice à tendance à nuire à la dynamique d’ensemble mais je ne trouve pas que ce soit le cas ici avec Obskuritatem qui a toujours cultivé ce types de sonorités.
Sans surprise,
Hronika Iz Mraka poursuit ce voyage obscur et entêtant entamé par l’entité bosniaque depuis maintenant quelques années. Mais à sa manière, tout en restant extrêmement fidèle à une certaine idée du Black Metal dans laquelle s’inscrit cette nouvelle garde cultivant une approche des plus rétrogrades, Obskuritatem réussit cependant à se construire une véritable identité. Alors évidemment, cette entité mystérieuse restera l’apanage de ceux ayant déjà une certaine sensibilité pour ce genre de Black Metal mais pour autant, il est bon de rappeler qu’il s’agit probablement de l’un des groupes les plus faciles d’accès dans le genre.
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