Malcuidant - Et les Cieux s'assombrirent...
Chronique
Malcuidant Et les Cieux s'assombrirent...
MALCUIDANT fait partie de ces vieux groupes français injustement méconnus pour des raisons indépendantes de la volonté de ses membres. Le groupe débuta dans les années 1995 et après quelques années d'errements il sort une démo confidentielle du nom de Le Malcuidant. Quelques longues saisons après et suite à de multiples changements de line up dans lesquels seul Ayrhomm le fondateur du groupe conserve sa place, paraît en 2006 le premier album L'Hymne de la Ghilde qui rencontre un authentique succès dans le milieu du Black Metal français Underground. C'est pourquoi, en 2011, à la sortie de ce Et les Cieux s'assombrirent..., MALCUIDANT est un nom qui parle à beaucoup et qui est resté dans les mémoires de nombreux aficionados de la scène française. Après la séparation du groupe suite à la sortie de l'album de 2006, Ayrhomm, qui se dote des talents de Garrgl, reforme MALCUIDANT sous la forme d'un duo, qui passera dès lors la majeure partie des cinq longues années séparant les deux disques à composer Et les Cieux s'assombrirent..., résultat d'un travail de longue haleine, d'un accouchement difficile pour un duo sans cesse retardé par les essais infructueux de batteurs notamment.
On sent que le groupe a transformé sa frustration en énergie positive, la hargne des français s'en voyant donc intégralement renforcée sur ce disque. Les riffs sont maîtrisés, les morceaux sont très bien agencés et le travail sur les atmosphères, avec notamment un apport salvateur de voix claires, sent la sincérité à plein nez. Une frustration que le groupe utilise à bon escient, en accouchant d'un Black Metal aux accents mélancoliques et désabusés, tout en se gardant bien de tomber dans les clichés de l'émotion au rabais. MALCUIDANT balaye devant sa porte, en gommant toutes les facilités d'un genre que beaucoup auraient pris du mauvais côté du manche. C'est bien une belle rage qui prédomine ici, et non pas une mélancolie lisse et formatée que nombre de combos nous servent à plein tubes. Ambiances sombres, malsaines et dissonantes parfois (« Lueur de désespoir ») viennent bouleverser la donne mélodique globale, mais dans absolument tous les cas, c'est la conviction qui domine.
C'est un fait, personne n'aura le temps de s'ennuyer à l'écoute de ce Black Metal onirique et aérien servi par les bourguignons. La grande variété de plans utilisés au sein d'un même morceau rend le tout très stimulant et très accrocheur. La boîte à rythme, bien que sonnant un poil trop synthétique par moments, est parfaitement programmée et rythme avec là encore avec une grande efficacité des pièces inspirées et très variées, avec comme exemple le morceau « Ruine oubliée », qui comporte des patterns de machine très convaincants. Le côté synthétique s'adapte parfaitement au panache et à la hargne brûlante des riffs de MALCUIDANT sur ce morceau… personne n'aura donc de motif particulier à se plaindre de la présence d'une boîte à rythme ici.
Le groupe explore à fond les facettes offertes par son domaine de Black Metal. Se faisant martial, guerrier et épique sur « Drahkk » où l'auditeur aura le poing levé en répondant aux harangues d'un Ayrhomm qui vomit une rage fédératrice, MALCUIDANT est aussi capable d'explorer avec pertinence les limbes de la tristesse à l'image du premier titre, « Les cavées de la désolation » ou encore de « Pleurs infâmes », dans lequel les voix claires apportent un relief nouveau, celui du regret et de la nostalgie, perceptible également à travers d'excellents riffs à deux guitares, ouvrant des possibilités mélodiques indéniables pour un groupe que l'on sent rodé à cet exercice. Les voix claires sont elles aussi parfaitement maîtrisées, puisque pas une ne sonne faux ou mal négociée, à l'image des sublimes passages aériens que comptent le disque (on pensera aux morceaux « Les cavées de la désolation », ou même aux assauts païens en règle sur « Ruine oubliée»). Ajoutez à cela des paroles fort poétiques et inspirées, et par-dessous tout, en français et le tout apparaît très pertinent!
De plus, on a là un groupe qui ne donne pas dans la fioriture, Et les Cieux s'assombrirent... ne comportant ni intro- ni outroduction, on plonge in medias res dans un disque intense et stimulant dans lequel on pourra reconnaître quelques traits scandinaves pertinents (des premiers TAAKE notamment) pour le meilleur effet possible. On est happé par une atmosphère intense et prenante que l'amateur de Black Metal traditionnel saura apprécier à juste titre. Le son du disque, au service d'une authentique maîtrise de la part des instrumentistes, est très correct, à l'image de la basse qui ressort à merveille sur « Les noires Lames de Seyr » notamment. On pourra regretter qu'elle n'ait pas une présence aussi explicite sur tous les morceaux de cette œuvre, qui n'est malgré tout pas lavée de quelques défauts. Parmi les rares ratés, on compte l'introduction du morceau éponyme qui paraît un peu poussive, de même que les quelques longueurs ici et là. Rien qui ne soit préjudiciable cependant, pour un groupe qui se place bien, en cette année 2011, rappelant les récents succès de bons éléments d'une féconde scène hexagonale comme ANGMAR, DARKENHÖLD, AORLHAC ou SÜHNOPFER, dont on sent le talent et le travail sincères, de même qu'une certaine personnalité. MALCUIDANT, quintessence de notre belle scène française actuelle, un groupe qu'on aimerait vivement entendre en live pour mesurer la grandeur de ces riffs dans des conditions stimulantes ! Dans tous les cas, avec Et les Cieux s'assombrirent..., un cap est franchi. A suivre avec attention !
| Voay 20 Juin 2011 - 2924 lectures |
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