Nephren-Ka - La Grande Guerre de l'Epice
Chronique
Nephren-Ka La Grande Guerre de l'Epice
Depuis ses débuts il y’a déjà plus d’une décennie le combo Auvergnat n’a jamais été d’une productivité exceptionnelle, mais à chaque fois l’attente en valait la peine car après le très bon EP
« Revenge And Supremacy », l’excellent
« The Fall Of Omnius » confirmait tout le talent et le potentiel du quatuor. Après quatre ans d’attente l’heure est enfin venue pour lui de franchir le cap du deuxième album, qui souvent permet de confirmer ou non les espoirs entrevus auparavant, et qui a été très long à se construire. Entre les différentes activités personnelles de chacun des membres, le départ annoncé du bassiste Alexandre Phalippon (qui a néanmoins enregistré toutes ses parties sur le disque avant de partir vers de nouvelles aventures) et l’arrivée sur le label Dolorem Records (suite à l’arrêt des activités de Kaotoxin), la continuation du groupe n’a pas été de tout repos, mais cela a eu pour effet finalement de renforcer la motivation du trio restant (renforcé depuis à la basse par Thibault Gosselin) qui s’est lâché comme jamais et va surprendre ses fans de la première heure par sa brutalité incroyable.
Car durant un peu plus de quarante minutes c’est à une véritable furie sonore que l’on avoir droit, le groupe nous avait déjà proposé cela par le passé mais jamais avec une telle rage ni une telle énergie, aidé en cela par une production monstrueuse, puissante et homogène (signée du Vamacara Studio), pour un rendu qui n’a rien à envier aux ténors du genre d’outre-Atlantique, NILE et ORIGIN en tête. Cela commence dès le début de « Watch And Learn » qui ne s’encombre pas de futilités ou d’intro inutile, d’entrée on se retrouve plongé par des tartines de double sur un rythme assez écrasant, avant de rapidement exploser et d’envoyer la sauce par des blasts surhumains qui constitueront la majeure partie de ce premier morceau. Ne s’éternisant pas en longueur il offre quelques lourdeurs afin de s’aérer légèrement et permettant également de montrer que le niveau technique du quatuor s’est encore renforcé, car le chant de Laurent Chambe s’est encore étoffé que ce soit en anglais comme en Français (de nombreuses phrases sont en effet dans la langue de Molière), ainsi que le jeu de guitare redoutable de Sébastien Briat, et la frappe mitraillette de Thibaud Pialoux (qui n’a rien à envier à George Kollias) qui ne va pas arrêter une seule seconde. Après ce démarrage tambour battant « Plan To Master The Universe » continue dans cette voie et ne débandera pratiquement pas d’une seconde vu qu’ici on est dans l’ultraviolence totale et sans concessions, qui pendant deux minutes trente fera fuir l’auditeur non-préparé mais qui régalera celui adepte du Death Brutal pur et dur, à l’instar de « Fenring’s Test » qui continue dans cette voie avec la même réussite.
Mais réduire ce disque à un simple tabassage en continu est réducteur, certes le tempo est la plupart du temps très élevé mais les gars savent aussi alourdir leur musique, et même la ralentir légèrement quand il le faut. « Proditoris Gloriosa Finis » montre en effet une facette plus massive et technique qu’auparavant, certes les blasts sont toujours là mais plus discrètement, et se glissent au milieu de passages où ça défouraille sévère, sans jamais perdre sa cohésion et sa puissance initiale. Ce constat continue sur « New Melange For The Real God » où l’équilibre entre les deux extrêmes est total, le tout avec un côté martial qui rajoute à la noirceur environnante et à l’ambiance futuriste qui y règne (via notamment les samples qui servent de conclusion), pour encore un excellent moment, à l’instar du monumental « The Demise Of Ix ». Ce titre représente la quintessence des influences de la bande, et pendant cinq minutes elle va nous offrir un récital de tout son talent sans que jamais l’on ne décroche, et sans aucune redondance, même quand la technique prime sur l’explosivité comme avec « The Great Spice War ». Ici bien que conservant sa force de frappe le groupe a décidé d’éthérer plus son propos tout en proposant plusieurs cassures de rythme, où l’on s’aperçoit du boulot phénoménal accompli par le frappeur derrière son kit qui rivalise aisément avec les meilleurs du genre (à l’instar de ses compères).
Pendant plus de quarante minutes la bande avec son nouveau bébé à la bonne idée d’aller à l’essentiel et de ne pas le rallonger inutilement, tout en surpassant allégrement son prédécesseur, et en signant une des meilleures œuvres hexagonales de l’année en matière d’efficacité et de radicalité. Avec en prime une reprise osée et réussie du « Mirror Mirror » de CANDLEMASS, dans une version boostée aux amphétamines, NEPHREN-KA signe un disque majeur de 2017 particulièrement bien écrit (les textes sont hyper recherchés) où tout est véloce de la première à la dernière seconde, et mis en avant par l’artwork magnifique de Stan W. Decker. Autant dire qu’il n’y a aucune excuse pour passer à côté et ne pas connaître la bande, qui désormais a grimpé dans la hiérarchie et a quitté son statut de jeune espoir prometteur, pour passer dans celui des têtes d’affiche attendues, qui vient de réaliser un sans-faute et conclure ainsi une année remarquable de la part de nos groupes tricolores.
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