Kaotoxin Records continue sa moisson de groupes de death metal français prometteurs. C'est cette fois au tour de Nephren-Ka de rejoindre le label nordiste pour un premier full-length sorti début septembre.
The Fall Of Omnius fait suite au très sympathique EP
Revenge And Supremacy dont le potentiel m'avait convaincu de suivre l'évolution du combo auvergnat. Bonne pioche puisque l'ancien quintette devenu quatuor suite au départ du guitariste Florian confirme avec un album solide qui fait honneur à la sublime pochette.
On retrouve sur
The Fall Of Omnius un Nephren-Ka assez proche de
Revenge And Supremacy. Soit du brutal death plutôt moderne, intense et relativement technique, aux thématiques inspirées de l'univers de Dune (Omnius est une sorte de Skynet). À la différence que la formation se fait ici moins démonstrative et propose plus d'influences old-school. Les morceaux sont plus variés, tout comme les rythmiques qui temporisent davantage que sur l'EP. La preuve dès la deuxième piste "Mastering The Voice" et son intro pesante à la mélodie menaçante ou encore sur "The Rise Of Omnius" et "To The Golden Path". Au début seulement du moins. Parce qu'après, ça bourre! Les deux principales influences de Nephren-Ka ne sont pas Nile (du sable de Dune à celui de l'Égypte antique il n'y a qu'un pas plus visible qu'auparavant!) et Origin pour rien. Oui, il y a désormais plus de breaks mais les Français se placent toujours dans la catégorie des bourrins qui s'éclatent sur les tempos rapides. Et à mon avis, le batteur Thibaud doit avoir bien mal aux bras et aux jambes après un concert tant le bonhomme est sollicité. Blast-beats mitraillette à la Krisiun, gravity-blasts à rendre jaloux Internal Suffering et Origin réunis, double à fond, il ne fait pas semblant! Les autres membres ne sont pas en reste pour autant. La plupart des riffs de Sébastien, désormais unique guitariste, sont de qualité et jonglent entre simplicité et schéma plus tordu (l'ouverture originesque de "Legend Of Selim (Pt.2: The Return Of The Worm-Rider)" me vient tout de suite à l'esprit), les plus réussis étant les riffs blastés et les riffs rapides assombris sur des accélérations de double ("Butlerian Djihad" à 0'51, "Mastering The Voice" à 1'41, "The Cymek Revolution" à 0'25, "Legend Of Selim (Pt.2: The Return Of The Worm-Rider)"...). Ça joue vite et c'est brutal mais jamais les musiciens ne perdent de vue la mélodie. Les parties saccadées de
Revenge And Supremacy, pas franchement sa qualité principale, sont en plus ici quasi absentes. La plus notable se trouve au début de "Feydakins Storm" mais celle-ci passe bien et colle à l'aspect salves destructrices dans ta face attendu par le titre du morceau. On a aussi le droit à pas mal de solos, un par morceau en général. Pas mal de bonnes idées de mélodies, on sent le musicien à l'aise techniquement avec un peu de sweep mais les leads manquent de développement et s'avèrent du coup frustrantes. Seul le long solo de "To The Golden Path" fait le boulot jusqu'au bout. Rien à redire par contre sur la basse qui gigote entre les lignes comme j'aime. Quant au chant, l'ex-Dislocation Laurent a lui aussi essayé de varier le jeu en proposant du growl classique, des intonations plus gutturales et des shrieks, aidé en cela par le bassiste et le guitariste qui se partagent les backing vocals, toujours un bon point. La prestation au micro est convaincante mais manque un peu de profondeur et de puissance.
Il n'est toutefois pas le seul. Si
The Fall Of Omnius se veut clairement brutal, rapide et intense, quelque chose cloche, empêchant l'album d'être cette tornade dévastatrice, ce chaos musical contrôlé qu'il devrait être, comme des groupes tels Hate Eternal, Chaos Inception ou Origin le proposent. Ce quelque chose, c'est déjà le son. Les Français ont eu la chance d'enregistrer au célèbre Hertz Studio en Pologne mais la production n'a pas l'impact habituel que tu aimes te prendre en pleine tronche quand tu écoutes du polak. Je trouve en effet le son bien faiblard et la couche de guitares trop mince. Mais il n'y a pas que le son. Parfois, le groupe semble jouer au ralenti, même sur les tempos rapides. On a ainsi l'impression d'entendre un groupe qui essaye très fort de se montrer à la hauteur de ses modèles mais qui n'en a pas encore les moyens techniques. Le fait d'avoir quelque peu ralenti le tempo moyen n'arrange rien, d'autant que comme sur
Revenge And Supremacy, Nephren-Ka se fait moins intéressant sur les passages modérés, par chance toujours minoritaires (pas fan du break mollasson de "The Cymek Revolution" vers 3'25 ou de celui trop simpliste de "Feydakins Storm" à 3'55 notamment). Le dernier morceau "To The Golden Path", mon préféré de l'opus, est le seul à nous coller vraiment au mur en nous faisant ressentir une vraie intensité. Et pour ça, il a fallu que les Auvergnats introduisent des influences black metal, un comble! Écoutez moi ce riff à partir de 1'25 sur des bons gros blasts, là ça t'emporte vraiment! Dommage qu'il n'y ait pas plus de moments de la sorte. Dommage aussi que ce passage soit gâché par un break saccadé très moche qui vient casser le rythme.
C'est pour ça que la note ne monte pas plus haut quand
Revenge And Supremacy atteignait un demi-point en plus. Difficile de garder un niveau d'excellence sur un full-length de trois quarts d'heure où les petits défauts peuvent devenir plus gênants. Je garde donc une légère préférence pour l'EP, l'effet de surprise ayant joué aussi à l'époque. Mais malgré le manque d'intensité continue et aussi de passages vraiment mémorables, ce
The Fall Of Omnius, comme dévoilé dès l'introduction, reste une réussite pour un premier album. D'où un bon 7/10 encourageant (je ne mets pas 7/10 à tout le monde, surtout ces derniers temps!). Certes, Nephren-Ka n'a pas l'impact physique et technique de ses deux principales influences Origin et Nile mais peu de groupes l'ont. Rares sont, en particulier, les formations françaises a s'y essayer et rien que pour ça, Nephren-Ka mérite qu'on s'attarde sur son cas. Saluons aussi le travail sur les compositions qui permet d'avoir un album à la fois homogène dans sa qualité et suffisamment diversifié pour que la longueur conséquente n'ennuie pas, qualité rare sur une œuvre de death metal. La thématique sur Dune, originale et bien pensée, devrait aussi attirer les curieux (même si hormis les paroles et les titres, rien n'évoque cet univers et nous y plonge si ce n'est un sample d'outro sur "Feydakins Storm"). Et puis, ça blaste quand même déjà pas mal! Pas de raisons donc que les amateurs de brutal death à tendance moderne et technique n'apprécient pas. Même ceux préférant l'ancienne école pourraient y trouver leur compte grâce à certaines touches old-school comme des bouts de Morbid Angel, des shrieks à la Deicide, l'intro de "Legend Of Selim (Pt.1: The Seeds Of Discord)" un peu à la Suffocation, etc. Retenons donc que
The Fall Of Omnius confirme le potentiel de Nephren-Ka tout en laissant au groupe une marge de progression importante.
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