Nephren-Ka - From Agony To Transcendance
Chronique
Nephren-Ka From Agony To Transcendance
Sans faire de bruit et tout en restant relativement discrète au sein de la scène hexagonale la formation menée par Sébastien Briat et Thibaud Pialoux est devenue avec le temps (ainsi qu’à force de travail et disques de qualité), une valeur sûre en matière de Brutal Death à la française. Car entre « The Fall Of Omnious » et « La Grande Guerre de l’Epice » on avait pu constater les progrès fournis par le quatuor qui avait densifié son écriture tout en la complexifiant, mais sans y perdre en accroche malgré une thématique ardue pour les non-initiés à « Dune » et ses dérivés. Pourtant avec le départ inattendu de son chanteur Laurent Chambe (et dans une moindre mesure du bassiste Thibault Gosselin) on pouvait logiquement se demander si le binôme historique allait s’en relever, surtout en ayant vu un quasi-inconnu reprendre le flambeau au micro, mais heureusement celui-ci s’en sort à merveille tant son timbre vocal quoi que différent de son prédécesseur se mêle parfaitement à la musique toujours aussi tapageuse et énergique. Cependant là où la précédente livraison pouvait par moments donner la sensation de n’être qu’une longue série de frappes débridées en continu, ici le combo bien que jouant toujours majoritairement sur la vitesse a densifié plus fort son propos, lui donnant de fait une noirceur supplémentaire où le sentiment d’étouffement et suffocation n’est jamais bien loin.
Pourtant au départ ce ressenti était loin d’être acquis car « L’abomination » est probablement un des morceaux les plus violents et radicaux jamais écrits par les auvergnats, vu qu’on est ici en présence d’un tabassage intensif et joué en permanence ou presque. Blastant à tout va tout y en ajoutant de nombreuses cassures et des roulements intempestifs le batteur se montre une fois encore impressionnant de vitesse et de précision (ce qui sera là-encore une constante), ne levant le pied que très peu de temps avant de repartir à l’assaut. Particulièrement primitif et frontal l’ensemble d’une violence inouïe est cependant l’arbre qui cache la forêt, vu que la suite bien qu’étant encore furibarde et sans complexes va se densifier progressivement tout en voyant la technique globale monter en complexité. Car dans la foulée de ce démontage de cervicales en règle « Corioli Storm » continue dans la même veine tout en proposant plus de place aux parties lourdes et rampantes, aidées par un tapis de double prédominant qui amène ainsi un supplément d’écrasement et d’oppression au milieu de ce déchaînement sonore. Jouant le grand-écart rythmique et misant sur un équilibre des forces plus prononcé on retrouve le style si spécifique du groupe qui s’épaissit au fur et à mesure, continuant à gagner en accroche même s’il faut bien reconnaître que les gars ont un peu tendance à étirer inutilement leurs compositions, qui y auraient gagné en étant un peu plus raccourcies. Cependant cela n’est pas rédhibitoire loin de là même si cela casse parfois la dynamique à l’instar du sympathique « L’Agonie De L’Epice » tout en variations mais dont la fin symphonique façon bande originale de film n’a aucun intérêt, et aurait été plus judicieuse en étant placée comme interlude.
Mais heureusement cette plage sera la seule relative déception de cet album car ça repart fort tout de suite avec le redoutable « Sédition », aux nombreuses variations qui amènent un côté hypnotique supplémentaire au milieu des longs passages autant blastés que rampants (annihilant de fait toute tentative de résistance), constat partagé sur long et tentaculaire « Vision Of The Secher Nbiw ». Ici la fureur est présente à chacune de ses extrémités avant qu’en son centre de longues ambiances presque Doom n’apparaissent et écrasent un peu la tête de l’auditeur. Portées par un riffing plus occulte et une basse particulièrement bien audible l’ensemble y est ici logiquement inquiétant, et offre un rendu hyper abouti addictif au possible. Ce moment sera d’ailleurs l’apogée de ce long-format vu que la suite va être plus classique et rentre-dedans, que ce soit via le très bon « Levenbrech Sardaukar » (au solo légèrement mélodique), le varié et radical « Conspiracy For The Fall Of The Atreides », ou encore « Sea Of Sand » qui clôt les hostilités en misant sur l’alternance entre lenteur et vitesse prépondérante.
Variant un peu plus son propos que précédemment et osant légèrement sortir de sa zone de confort l’entité conserve néanmoins sa radicalité et son explosivité impitoyable, où l’on s’aperçoit du boulot fourni par le guitariste sur les leads très travaillés et fluides, comme par son comparse cordiste au jeu puissant et massif. Si on peut saluer le fait que celui-ci est mis sur le devant de la scène dans le mixage final en revanche on regrettera que la batterie sur les passages les plus enlevés bouffe un peu trop l’espace disponible, principalement via la caisse claire qui peut devenir horripilante à la longue (tout comme le côté synthétique des différents éléments du kit qui ne rendent pas toujours grâce à l’écriture). Poursuivant son petit bonhomme de chemin NEPHREN-KA a réussi sa transition en gardant intacte son identité musicale, aidé par des membres à l’énergie débordante et au niveau technique impressionnant mais qui n’en font jamais trop, privilégiant le collectif à l’individuel et c’est tant mieux tant ce nouveau chapitre est au niveau des précédents, un peu différent certes mais qui n’a rien à leur envier.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène