Nephren-Ka - Revenge And Supremacy
Chronique
Nephren-Ka Revenge And Supremacy (EP)
Ah, Nephren-Ka, ça ne vous rappelle rien? C'était en 1998 quand le premier album de Nile, le meilleur, nous embarquait parmi les catacombes du Pharaon Noir, le sorcier maléfique. Il s'agit cette fois d'un groupe français formé en 2006 qui a sorti le mois dernier son premier EP après une démo en 2008 qui n'a jamais croisé mes oreilles. Un groupe composé notamment de l'ancien chanteur de Dislocation, chroniqué en ces pages par le vénérable Evil_Nick. Le nom de l'EP? Revenge And Supremacy, tout un programme!
Bizarrement, malgré un nom bien emprunté à la bande de Karl Sanders, pas de traces ici de sonorités orientales ni même d'influence musicale. On reste toutefois dans un univers sablonneux faisant référence, non à l'Egypte antique ici, mais à Dune de Frank Herbert (le Baron Vladimir Harkonnen en personne sur la pochette). Non, les Auvergnats s'inspirent bien d'un groupe américain mais très différent, Origin. Un modèle qui n'est pas donné à tout le monde de suivre mais Nephren-Ka y arrive non sans talent, bien aidé par des musiciens à la technique qui m'a pas mal impressionné. Que ce soit le batteur très à l'aise, féru de blast-beats et de fills mais pas seulement, le guitariste qui nous sort des riffs véloces tout droit sortis de Topeka (écoutez les riffs d'intro de "Lord Of Treason", "The Dazzling Revenge" et "Revenge And Supremacy"), des sweeps que n'aurait pas renié Paul Ryan ("Final Stage To Godhood" à 1'08) et des solos mélodiques bien branlés ("The Dazzling Revenge", "Centerpiece Of The Universe", "Revenge And Supremacy"...), ou le bassiste à l'instrument agile et frétillant (ce ne serait pas une basse presque funky là à 1'40 sur "Gom Jabber's Trial"?!) qui apporte beaucoup, le niveau technique se fait top niveau à tous les étages. En plus, un mix parfait est là pour mettre tout le monde en valeur, que demander de plus? Même le chanteur s'est lancé un défi en essayant de suivre le débit vocal fulgurant de James Lee. Une performance très honorable avec, comme l'ancien frontman, du shriek histoire de varier (épaulé quand même par l'un des guitaristes et le bassiste). On pourrait juste reprocher un manque de puissance et de profondeur dans les growls qui s'avèrent un peu secs mais difficile de tenir quand le flow est aussi généreux (putain le début de "Lord Of Treason" ou "Centerpiece Of The Universe" à 0'40!). Et avec tout ça, on se trouve avec six compos burnées, techniques mais très efficaces et qui n'oublient pas la mélodie, l'accroche et la variété rythmique. Nephren-Ka ne fait pas que blaster en effet et nous offre parfois des tempos plus modérés et lourds. Mais n'ayez crainte, le combo ne freine qu'à moitié (ça, c'est fait!).
Après le concert de louanges, le temps des reproches. Malgré toutes ces qualités, Nephren-Ka n'a pas tout à fait sorti l'album ultime. Principal souci: le manque de personnalité. Pas que ça me gâche le plaisir d'écoute mais il faut bien avouer que l'influence d'Origin ressort par tous les pores, même si le quintette s'inspire également d'autres formations (un petit côté Hate Eternal aussi j'ai trouvé). Le groupe n'a pas encore trouvé sa patte et se repose un peu trop sur les autres. Le morceau "Final Stage To Godhood", très bon au demeurant, est symptomatique: la ligne mélodique en tremolo est pompée sur Embryonic Devourment et le solo sweepé qui suit aurait pu se trouver sur un album d'Origin. L'autre défaut majeur, celui-là plus subjectif, le côté un peu trop "moderne" (comprendre saccadé) de certains passages qui font un peu tâche ("Lord Of Treason" à 0'53 ou 2'12 ou encore "The Dazzling Revenge" à 0'51). Le début de "Centerpiece Of The Universe" fait même penser à du Fear Factory! J'aime bien les vieux Fear Factory mais ce n'est pas vraiment ce que j'attends sur ce genre d'opus. Bref, si les Français excellent sur les tempos enlevés, ils se font parfois moins inspirés quand ils lèvent le pied. Dernière petite chose, certains enchaînements manquent de fluidité.
Tout ça ne doit néanmoins pas éclipser le principal: Revenge And Supremacy est un très bon premier EP et Nephren-Ka un groupe prometteur dont il faudra surveiller l'évolution. Production claire et puissante, morceaux brutaux, mélodiques et efficaces, excellent niveau technique, il y a tout ce qu'il faut ici pour plaire à l'amateur de brutal death moderne. Avec près d'une demie-heure de musique (quand d'autres refourguent un full-length pour la même durée) et 7€, pourquoi se priver? Les Auvergnats n'ont plus qu'à se détacher de leurs influences pour pouvoir viser plus haut. Ils en ont les moyens.
| Keyser 21 Septembre 2010 - 4905 lectures |
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