Normalement, je ne devrais pas avoir à vous présenter Obskuritatem puisque si vous suivez mes chroniques avec assiduité, vous devez normalement savoir ce qu’il en est et donc de quoi il retourne exactement. Cependant, pour les petits nouveaux qui n’auraient pas encore eu l’occasion d’être confrontés au sujet et pour les quelques-uns d’entre vous qui ne suivent pas, voici à toutes fins utiles un bref rappel des faits.
Mené par Osman Ramadanović (Niteris, Pissmoon, Solipsism, Sulphuric Night, Vrač...), Obskuritatem est un projet solo originaire de Bosnie Herzégovine (et plus précisément de Sarajevo) qui officie dans l’ombre au sein du Black Plague Circle (Nigrum Ignis Circuli, Suša, Void Prayer...) depuis au moins une dizaine d’années maintenant. Sa discographie d’ores et déjà conséquente est notamment composée de deux albums (
U Kraljevstvu Mrtvih... et
Hronika Iz Mraka), deux EPs (dont le dernier en date intitulé
U Mrak Iz Mraka fera l’objet d’une chronique dans les semaines (ou mois) à venir) et de nombreuses autres sorties allant du split à la collaboration en passant bien entendu par tout un tas de démos.
L’objet de ma bafouille de ce jour est justement l’une d’elle. Intitulée
Pro Officio Mortuorum, cette dernière a vu le jour pour la première fois en août 2018 au seul format cassette et cela sous la bannière du label portugais Black Gangrene Productions. Deux ans et demi plus tard, la structure lusitanienne nous offrait une version LP nettement plus sexy qui sans surprise n’a pas manqué de trouver acquéreurs parmi les fins connaisseurs de ce one-man band relativement prolifique. Au programme de cette démo, deux titres intitulés l’un et l’autre "Pro Officio Mortuorum" qui, s’ils peuvent effectivement sembler en tout point identiques, ne le sont pourtant pas tout à fait (premier indice, leur durée respective). En effet, sur la face B la version originale de ce morceau enregistré en 2011 mais qui jusque-là n’avait encore jamais été publiée alors que la face A est quant à elle constituée d’une itération revue, corrigée et rallongée qu’Osman Ramadanović a cette fois-ci souhaité nous partager sans attendre.
Si vous êtes plutôt familier avec la musique d’Obskuritatem, vous n’êtes probablement pas sans savoir que le Bosniaque ici aux commandes aime s’autoriser de temps à autres quelques digressions et autres escapades en terres nouvelles, qu’elles soient hautement bruitistes et/ou expérimentales (si ce n’est pas le cas, un petit tour d’horizon de la compilation
Na Tronu Smrti devrait vous aider à y voir plus clair). Évidemment, c’est ce que va faire ici Osman Ramadanović avec
Pro Officio Mortuorum en s’éloignant quelque peu du Black Metal famélique et décharné dont il nous régale généralement sur album pour aller explorer d’autres horizons, en l’occurence ceux d’une musique davantage portée sur les ambiances.
Pour parvenir à ses fins, le Bosniaque a fait le choix ici d’une production beaucoup plus lourde et épaisse qu’à l’accoutumée. Celle-ci va apporter à sa musique une couleur Doom / Drone pouvant quelque peu surprendre quand on connait le travail du monsieur mais collant finalement à merveille à cet exercice de style qu’est
Pro Officio Mortuorum. En effet, ces deux titres (dont, je vous l’avoue, j’ai bien du mal à saisir les nuances), voient Obskuritatem s’engouffrer dans une musique presque ritualiste, faite de longues séquences répétitives mais également de légères variations (de rythmes ou de thèmes). Aussi, ces riffs saturés qui semblent peser des tonnes s’étirent ici en longueur de manière presque absurde afin de créer une atmosphère à la fois suffocante et terriblement menaçante. Cependant, le groupe ne se repose pas sur ces seuls riffs pour espérer convaincre et va ainsi amener d’autres éléments à sa musique afin de l’étoffer. Outre quelques samples de cloche qui concourent à renforcer l’aspect ritualiste évoqué un petit peu plus haut, notons également l’usage de riffs lancinants qui amènent avec eux quelques mélodies tordues et diffuses planant en arrière-plan ainsi qu’une batterie généralement en suspension mais néanmoins capable de légers soubresauts particulièrement savoureux (roulements de toms, séquences légèrement plus dynamiques, etc). Une formule relativement classique mais qui néanmoins a déjà fait ses preuves. Et s’il faut bien avouer que je suis habituellement assez peu client de ce genre de musique portée uniquement sur les ambiances par un travail plus ou moins subtile de répétitions, je dois bien reconnaître que le résultat est ici tout à fait concluant. Certes,
Pro Officio Mortuorum n’est pas le genre d’album que l’on peut aborder à la légère ou dans n’importe quel cadre mais dans son genre je trouve que celui-ci se défend particulièrement bien et invite malgré son caractère quelque peu hors-norme (au moins dans le cadre de la discographie d’Obskuritatem) à la réécoute et cela de manière régulière.
Alors oui, il est un petit peu dommage que je ne puisse pas mettre le doigt sur les quelques différences qui doivent effectivement exister entre ces deux versions de "Pro Officio Mortuorum" (si ce n’est l’introduction reprise en guise de conclusion sur la version de 2018) mais à vrai dire l’essentiel n’est pas là puisque l’une ou l’autre de ces versions s’avèrent tout aussi concluantes à mes oreilles. Certes, il vous faudra sûrement avoir quelques prédispositions pour ce genre d’exercice mais même si celles-ci s’avèrent minimes (comme cela est mon cas), vous devriez normalement trouver convaincantes ces quarante minutes quelque part entre Drone, Doom et Black Metal ritualiste. En tout cas une chose est sûre, il aurait été dommage de laisser un tel titre (revisité ou non) pourrir dans les limbes et ne jamais l’exposer à la face de nous autres auditeurs.
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