Slidhr - White Hart!
Chronique
Slidhr White Hart!
Après un début de carrière ponctué de sorties régulières sous tous les formats possibles, le projet porté par Joseph Deegan avait sacrément levé le pied depuis la sortie du magnifique et magnétique
« The Futile Fires Of Man » il y’a maintenant cinq ans de cela, et qui avait sacrément marqué les esprits à l’époque. Depuis tout ce temps pas grand-chose ou presque du côté de l’activité du groupe, vu que seul un titre inédit publié en mars 2020 était venu nous rappeler qu’il était toujours en vie et qu’il avait toujours cette force de frappe et son attractivité sans bornes. Epaulé désormais par le bassiste Stefan Dietz le duo restant s’est ici surpassé en offrant un troisième album incroyablement prenant et qui trouve le moyen d’être encore plus aguicheur que son prédécesseur, un véritable tour de force en soi mais finalement assez logique tant on connaît la qualité intrinsèque des deux acolytes qui s’améliorent musicalement au fil des différentes réalisations. Ceux-ci toujours aussi inspirés offrent ici un disque incroyablement tentaculaire et violent qui a toutes les chances de figurer dans les bilans de fin d’année, et ça ne sera absolument pas volé.
Pourtant il ne faut pas s’attendre à une révolution de palais vu qu’au sein de l’écriture ça reste totalement dans l’esprit de ce que propose le chanteur-guitariste depuis 2005, même si progressivement celui-ci a vu sa musique se densifier et se faire de plus en plus travaillée sans y perdre en accroche comme en pénétration auditive. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’on ne va pas être déçu du voyage, tant l’ouverture intitulée « The Temple Armoury » va placer immédiatement la barre très haut en termes d’attractivité comme de virulence. Car il faut reconnaître que derrière sa batterie Bjarni Einarsson livre une prestation démente où après une grosse montée en puissance progressive il va blaster pratiquement en continu sans jamais ralentir l’allure ni faiblir en précision, comme pour nous emporter dans une longue tempête où le vent et le froid se mêlent aux différents éléments. Tabassant sur la majeure partie du temps cette première plage va cependant ralentir l’allure pour proposer deux parties distinctes, et ainsi éviter la redondance en jouant sur l’autre extrémité où ça lorgne vers le Doom... toujours avec ce sens du riff simple et hypnotique qui permet à l’auditeur de passer par tous les états. D’ailleurs toute cette palette d’émotions va s’accentuer dans la foulée sur le magnétique « White Hart! » où toute la variété rythmique et d’inspirations sont ici dévoilées avec le plus grand soin, proposant une alternance constante et accroche implacable sans qu’on n’aperçoive de l’espoir au milieu de ce déferlement nocturne et haineux, où les éléments de Dame Nature prennent toute leur ampleur. Portée par une dynamique de tueur et des envies d’en découdre permanente cette composition implacable place le curseur encore un peu plus haut, avant que le côté religieux et occulte ne s’accentue tout de suite après via les excellents « Sacred Defiance » et « Trench Offering » où les ambiances mystiques vont se faire entendre sur un tempo où les ralentissements vont être plus nombreux, comme pour laisser tout cela pénétrer l’esprit plus en profondeur. Si la diversité est évidemment de mise on constate que le combo nous scotche encore plus fort quand il lève le pied, et cela va aller crescendo sur cette seconde partie de long-format où l’étonnant « What The Gauntlet Bestows » offre des passages acoustiques du plus bel effet, et qui se mêlent à merveille à ceux électriques et débridés faisant ainsi côtoyer la douceur avec les déflagrations sur un pied d’égalité.
Si l’équilibre des forces était relativement visible jusqu’à présent, avec la doublette « The Bloodied Tongue » / « Wall Of The reptile » les accents tribaux vont se mettre très en avant et ainsi offrir un rendu différent et écrasant, vu que des ambiances envoûtantes et planantes se créent sur fond de guitare monolithique et répétitive, sans que cela n’en affecte sa qualité bien au contraire puisque cela permet de s’immerger complètement dans cette création sonore et ainsi de mieux appréhender ce voyage crépusculaire et tourmenté, où les quelques accélérations présentes permettent de montrer que les éléments loin d’être maîtrisés conservent toute leur imprévisibilité. Et comme pour clore les hostilités de la plus belle des façons « Hate's Noose Tightens » va servir de parfait résumé en balançant une dernière fois l’intégralité de ce qu’on a pu entendre tout du long pour un résultat redoutablement virulent et sans fautes de goût, clôturant ainsi un enregistrement de très haut-niveau et beaucoup plus fouillé qu’il n’y paraît au départ.
Car pour déchiffrer chacune des couches musicales prises dans ce brouillard il va falloir être patient et attentif tout en se mettant dans des conditions optimales d’écoute pour totalement apprécier ce chaos maîtrisé où la pluie, les orages et le vent ne cessent de passer l’un sur l’autre... faisant ainsi de cette réalisation la plus variée et profonde de la formation. Raffiné et propre tout en gardant un certain mystère (conjugué à une maîtrise absolue de son art) ce nouveau cru fait de fureur et de mélancolie a tout ce qu’il faut pour enfin mettre à l’honneur ses créateurs, qui n’ont jusque-là curieusement pas eu droit à la visibilité qu’ils étaient en droit d’obtenir. Heureusement cela risque sans doute de changer et c’est tant mieux tant ils méritent mieux que le relatif anonymat dans lequel ils évoluent depuis leurs débuts, prouvant qu’ils sont parmi les meilleurs noms du Metal noir à l’heure actuelle tout en affinant leur jeu et leur écriture avec finesse et raffinement, preuve de leur maîtrise et expérience commune. Humide et froid sans être trop atmosphérique cet opus marque en tout cas une nouvelle étape sans doute décisive pour ses géniteurs qui signent un résultat incroyablement homogène dans la droite ligne de ce que les Islandais savent faire de meilleur, et ça n’est sûrement pas pour rien que Joseph Deegan y réside et qu’il s’est acoquiné du frappeur local... tant visiblement la météo de son pays natal comme d’adoption l’ont inspiré en profondeur, un signe qui ne trompe pas sur son contenu.
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