Wesenwille - II: A Material God
Chronique
Wesenwille II: A Material God
Totalement inconnu ou presque par chez nous le binôme basé à Utrecht n’est pourtant pas né de la dernière pluie vu qu’il a déjà quasiment dix ans d’existence au compteur, ainsi qu’un premier opus sorti en 2018 mais passé quasiment inaperçu ou presque. Pourtant le duo a des arguments à faire valoir tant son Black Metal bien que très classique, montre une facette froide, mécanique et presque industrielle qui se mêle à merveille avec la pochette de ce nouveau long-format (signée Paul Strand et représentant Wall Street en 1915), qui n’est pas sans rappeler également les constructions modernes des années 30 à cheval entre celles du film « Metropolis » de Fritz Lang et d’Albert Speer, le grand architecte favori du IIIème Reich (et sa capitale rêvée Germania). Si une certaine rhétorique totalitaire peut émerger de l’imagerie voulue par les Bataves le discours n’en est pas forcément très éloigné vu que ça parle des ravages du modernisme, du capitalisme débridé, de l’ère-industrielle et ses excès en tous genres. Du coup oscillant entre nihilisme forcené, noirceur extrême et espoir en des jours meilleurs ce second chapitre du groupe ne va pas être un voyage de tout repos même s’il va se montrer relativement accessible de par une sobriété dans l’écriture particulièrement appréciable.
Car malgré ces cinquante minutes au compteur (qui auraient facilement pu être raccourcies ici et là) l’ensemble va passer comme une lettre à la poste de par une relative variété des tempos, point que l’on entend d’entrée sur le très bon « The Descent » qui alterne tout du long entre brutalité exacerbée (où les blasts déchaînés et parties jouées à cent à l’heure), et parties plus lentes et glaciales au riffing coupant comme des lames de rasoir. Voyant émerger au milieu de tout cela un soupçon de lumière parmi les nuages (via l’apport de leads légers et discrets) qui détonne mais s’agglomère à merveille au milieu de ce désespoir total, on se rend compte que l’alternance rythmique va être présente majoritairement mais pas que ! En effet régulièrement les acolytes vont proposer deux parties distinctes totalement en opposé où après la tempête un peu de retenue est de rigueur, à l’instar de l’orageux « Opulent Black Smog » (au titre parfaitement raccord avec le contenu) où les montagnes russes sont de sortie et proposent ainsi un sentiment oppressant où la mélodie déchirante s’agrège à l’orage avoisinant (un ressenti que l’on retrouve sur les tous aussi réussis « Inertia » et « Material God »). Jouant ici là-encore sur le grand-écart le tout montre une palette de jeu riche de la part de ses créateurs même s’il faut bien avouer que cela a tendance à se ressembler à la longue, le schéma créatif étant grosso-modo le même sur la longueur aussi bien du côté des riffs que des patterns de batterie.
Sans jamais faire d’excès techniques en tous genres les néerlandais se contentent en effet de privilégier l’efficacité aux surplus indigestes, et c’est tant mieux même si logiquement sur la durée un sentiment de redondance peut poindre le bout de son nez, même si cela n’est finalement pas si gênant tant on est happé par cette aventure au bout de la nuit et de l’obscurité, qui nous réserve encore de belles choses. Il n’y a qu’à se pencher vers le dissonant « Burial Ad Sanctos » pour voir que la folie n’est pas loin de prendre possession du corps et de l’esprit, vu qu’ici la musique se fait plus tentaculaire et rampante, portée par un tempo lourd et posé où la vitesse n’a que très peu le droit de cité, un constat partagé plus loin sur le monstrueux « Ruin ». Donnant l’impression d’être au bord de l’explosion à chaque instant cette plage monte progressivement et constamment en pression, sans jamais lâcher totalement les chevaux et lorgnant notamment du côté de l’Islande vu que les ambiances atmosphériques présentes ici ne sont pas sans rappeler celles créées par SINMARA, AUÐN et consorts. Particulièrement brumeux et ténébreux la noirceur n’y est là pas encore totalement suffocante de par l’apport d’un soupçon solaire qui balance quelques rayons au milieu du ciel encre, suite là-encore à l’apport de notes plaintives bien troussées au milieu d’un tempo général assez lent et inquiétant.
S’il sera difficile de faire émerger une composition plus qu’une autre et qu’on pourra reprocher à la batterie un son légèrement plastifié, il n’y a pour le reste pas grand-chose à jeter tant les gars livrent ici un disque certes totalement clinique sur le fond comme la forme, mais néanmoins impeccable et dense malgré son herméticité de façade. Authentique dans sa démarche autant que dans son contenu cette sortie ne marquera pas l’année de son empreinte vu que c’est relativement passe-partout et éculé, mais c’est néanmoins suffisamment bien fait et sans fautes de goût majeures pour qu’on se laisse attraper et embarquer vers ces contrées tortueuses et méconnues.
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