Helfró - Helfró
Chronique
Helfró Helfró
Quand on a quitté sa formation historique ou que celle-ci ne semble pas spécialement pressée de reprendre ses activités il vaut mieux parfois créer un nouveau projet, histoire de garder la main techniquement et de continuer à faire vivre son inspiration actuelle. C’est ce qui s’est passé pour HELFRÓ qui a vu le jour en 2017 suite au silence d’OPHIDIAN I pour Halldor Simon Thorolfsson, et de la fin de son aventure chez BENEATH pour Ragnar Sverrisson, les deux acolytes ayant décidé de s’associer pour mettre au jour un penchant Black-Metal qui ne demandait qu’à se faire entendre à la face du monde. Cependant ici le duo a visiblement souhaité s’éloigner du Metal noir proposé par nombre des musiciens de son pays, car ici nulle trace d’ambiances locales ou de passages tempétueux, au contraire celui-ci a opté pour une musique plus frontale et directe dans la droite ligne de celle proposée par ses voisins Scandinaves (principalement Suédois). Inspiré et motivé celui-ci sortait à peine un an après ses débuts ce premier opus éponyme des plus intéressants mais malheureusement demeuré dans l’anonymat le plus complet, vu qu’il n’était disponible que sur son bandcamp au format digital. Après avoir laissé le temps faire son œuvre voilà que le binôme a été repéré par les Marseillais de Season Of Mist qui vont lui offrir une visibilité bienvenue (ainsi qu’un artwork retravaillé et plus professionnel), comme cela a été le cas auparavant pour ses compatriotes de ZHRINE et AUÐN.
En un peu plus d'une demi-heure les deux acolytes vont déverser un torrent de haine porté par une rythmique particulièrement déchaînée, vu que le tempo va rester majoritairement basé sur la vitesse et le blast en continu, ne voyant celui-ci s'effacer qu'en de rares occasions afin d'y ajouter une touche ésotérique étonnante et bien foutue, portée par la voix claire de l'invité Gísli Sigmundsson (ex BENEATH, SORORICIDE). D'entrée la facette la plus radicale du combo va être mise en avant sur le glacial « Afeitrun » qui ne va quasiment pas débander un instant, voyant sa vitesse hallucinante être seulement ralentie par une courte partie lente, histoire de reprendre un souffle pour mieux repartir derrière. Porté par une écriture très sobre et primaire ce titre d'ouverture va donner le ton général de la suite, chose qui transparaît dans la foulée via « Ávöxtur Af Rotnu Tré » tout aussi vindicatif mais où apparaît un côté tribal et religieux, qui semble appeler les dieux anciens. Jouant donc sur les deux tableaux cette compo qui ose l'alternance des rythmes est prenante de bout en bout de par sa variété et sa construction générale, schéma que l'on va retrouver plus loin sur le tout aussi réussi « Hin Forboðna Alsæla », certes relativement semblable mais avec des passages lourds plus présents afin d'amener une sensation écrasante bienvenue. Si les bons points entrevus jusque-là vont continuer avec le dense et puissant « Eldhjarta » (où le grand-écart est de sortie et permet d'accentuer la rudesse sonore présente depuis le début), le disque va ensuite tomber dans une certaine redondance et faire preuve de pilotage automatique. S'ils sont loin d'être ratés « Þrátt Fyrir Brennandi Vilja » et « Þegn Hinna Stundlegu Harma » donnent la désagréable sensation d'un certain relâchement artistique, tant on ressent parfois la sensation que ça joue dans le vide, malgré des qualités évidentes. Malheureusement l'intérêt faiblit ici légèrement malgré la tentative de ralentir légèrement l'allure, car le tout finit par se répéter assez vite et voit de fait l'accroche décliner progressivement, mais heureusement la doublette de fin va finir par remettre les nordiques sur de bons rails. En effet « Katrín » et « Musteri Agans » bien qu'étant sans surprises vont renouer avec l'inspiration, pour la première via un mélange total des tempos où toute la palette de jeu est présente, et pour la seconde c'est un mur sonore de brutalité totale qui est proposé, sans compromis et joué de façon intense et débridée, sans pratiquement lever le pied.
Sans être l'album de l'année il aurait été quand même dommage de ne pas découvrir la bande qui est visiblement fan du Black des années 90, de par son écriture simple et son énergie contagieuse qui ne laissera pas indifférente. Si quelques baisses de régime sont effectivement présentes (ainsi qu'un côté interchangeable) le résultat est néanmoins suffisamment bien foutu pour qu'on prenne plaisir à le réécouter de temps en temps, surtout qu'il a la bonne idée de ne pas s'éterniser sur la longueur. S'il est difficile de faire ressortir une plage plus qu'une autre les choses sont malgré tout plus qu'agréables, même si rien de mémorable ne se dessine et font que du coup ses créateurs restent pour l'instant en dessous des autres entités de Metal noir que comptent leur île. A eux désormais de gommer ses erreurs pour revenir plus forts dans le futur, car on sent que le potentiel est là, il ne demande juste qu'à être mieux exploité et qu'il fasse preuve d'un peu plus de maturité.
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