Vipère - Sombre marche
Chronique
Vipère Sombre marche (Démo)
Vipère. Nom féminin (du latin vipera) : Serpent venimeux solénoglyphe, vivipare (vipéridé) des régions chaudes et tempérées froides de l'Ancien Monde. Autre définition, personne malfaisante ou médisante. Un mot qui sied terriblement bien à un groupe de Black Metal, non ? En cherchant sur Metallum, j’ai été surpris qu’aucun autre groupe ne se soit approprié ce nom ; traduit en anglais, 22 entrées, avec noms composés, mais aucun groupe de Black Metal. Étrange, tout de même...
Nul besoin de parler la langue des serpents pour apprécier cet album. Nos Vipères, car elles sont deux, sont françaises et font partie du roaster d’un tout petit label basé à Nantes, portant le nom de Vetus Capra. Au sein du label, seulement deux groupes, dont Vipère. Ce dernier est porté par Saros (Chant, Guitare, Mixage, Flûte, Synthé) et Sans-Visage (Guitare, Basse, Batterie, Illustration) ; à noter que Saros est seul derrière le second groupe du label, Vieille Chèvre (Sans-Visage fait une apparition sur un seul titre). Ce dernier a inauguré le label en 2020 avec son« Black Beauty Of Disturbed Minds » et cette année, c’est au tour de Vipère de faire son apparition, avec sa première démo intitulée « Sombre marche ».
En guise d’échauffement, on débute notre cheminement avec «Multiface», morceau de Black Metal pur et dur, avec un son raw et rustique, qui nous pousse dans une sorte de cavalcade fougueuse balayant tout sur son passage. La voix de Saros, sous des effets grésillants et stridents, se fait notre guide, un guide complètement dément et véhément. Mais ne vous arrêtez pas en chemin, Vipère en a encore sous le coude et plutôt que de continuer sur cette voie toute tracée, se jette hors du chemin, pour vous proposer un EP singulier. Car «Sombre Marche» est un EP tout en crescendo, où l’intensité grimpe avec les minutes qui défilent. Le monde dans lequel nous accueille le combo se dévoile petit à petit, ce côté angoissant et fou prend de plus en plus de place. Prenez «Octobre Noir», avec au milieu de tout cette violence, cette parenthèse en apparence plus calme, qui se mue en complète folie hallucinée et malaisante, basculant sur un Saros hurlant comme un dément lorsque la batterie refait son apparition ; sur le troisième titre, ce chant halluciné fait son retour à la fin du titre, fragile, maladif, presque enfantin, se posant sur des claviers apportant une touche féerique, magique au morceau. En conservant une approche plus basique d’un Black Metal raw et guerrier, Vipère implante sa vision malsaine et psychologiquement instable à travers les quelques accalmies qu’il nous propose, grâce aux vocaux de Saros et aux notes de guitares énigmatiques et presque rêveuses, à la limite du cauchemar insoupçonné.
Et parlons-en de ce troisième titre. J’évoquais un crescendo tout au long de l’album, mais il en est de même pour les «Inégalités de Bell». Oh, ne vous inquiétez pas, vous la sentirez cette intensité grimpante, partant de riffs assassins et arrivant à son sommet, sur un «refrain» entraînant avec ses notes aigus qui vous donneront envie de balancer du poing, de secouer votre crâne ou même de taper un petit pas de danse du village. Terminus, on quitte ledit village et on s’enfonce dans la forêt pour clôturer cette première sortie, avec «Sombre Marche», titre intimiste, et amenant cette dimension médiévale chère au groupe. Pas de vocaux pour terminer, la flûte, le synthé et la guitare suffisent pour nous emporter loin de toute cette violence et cette frayeur pour nous faire rêver et nous réconforter quelques minutes. Ou serait-ce une illusion ?
Tremblez, manants ! Une forêt hantée par d’horribles entités indéfinissables, une taverne crasseuse et malfaisante ou encore un village où règne une sorte de démence occulte, choisissez ce qui vous sied le mieux, vous êtes dedans. Nos deux comparses vous emportent dans une époque médiévale bien loin des clichés clinquants où, des gueux aux rois, du fier destrier au démon, chaque être vivant est resplendissant et sent la rose ; ici, l’atmosphère est nauséabonde et chaque individu, peu importe son rang, a le derrière aussi sombre qu’une nuit sans lune. Bienvenue dans le monde de la folie fiévreuse encore inexpliquée, des bubons purulents et des éclopés.
| Anken 5 Mai 2021 - 1032 lectures |
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