Abigor - Höllenzwang (Chronicles Of Perdition)
Chronique
Abigor Höllenzwang (Chronicles Of Perdition)
Abigor, pionniers parmi les pionniers, n’a jamais véritablement soulevé, chez moi, l’enthousiasme que ses homologues, autrichiens ou non, ont pu déclencher. Si, dès 1994/1995, j’avais pu apprécier Verwüstung et Nachthymnen pour leur approche dissonante, chaotique et franchement sombre du BM, j’ai ensuite assez rapidement décroché, tournant mon regard vers des groupes proposant une musique que je jugeais plus inspirée, jusqu’à Channeling the Quintessence of Satan, dont j’avais largement apprécié le propos. Höllenzwang, le 10ème album de la horde allait-il me réconcilier avec le groupe, me donner l’envie d’y revenir et de parcourir le chemin de 1995 à nos jours, de recomposer la toile en me rapprochant auditivement des chaînons manquants ? Hélas non. Je m’explique.
Höllenzwang, pour ma part, est juste banal. All Hail Darkness and Evil, qui ouvre l’album, part bille en tête, plongé dans un chaos que le son, rachitique, ni sale, ni clean, juste médiocre, n’aide guère. Ce son étouffé, amateur au possible, dont on peut penser qu’il n’a pas été travaillé, déroute d’entrée. La batterie est inoffensive. Les mélodies, que l’on perçoit d’emblée, sont noyées dans le mix, étouffées sous un son qui crachote ses glaires avec peine. Si la voix, par exemple sur la reprise, après la coupure sur All Hail Darkness and Evil, plus profonde, fait parfois mouche, elle reste elle aussi déroutante, passant de la haine pure aux intonations heavy, sans transition (Sword of Silence aussi). Sword of silence pourrait présenter une certaine pertinence avec ses lead mélodiques mêlées aux dissonances, sa progression mid-tempo et ses vocaux habités, mais là encore le son gâche la sensation. Le mix écrase littéralement la structure et ses évolutions de sorte que n’en ressort qu’une bouillie informe, sans aspérité nette, sans ligne directrice, sans cohérence. Ainsi, les chœurs sont intéressants, surtout lorsqu’ils sont mêlés aux vocaux haineux, mais l’ambiance « boite à chaussures » éteint toutes velléités de progression (Olden Days).
Black Death Sathanas et Olden Days, avec leur départ lourd, profond, dissonant, donnaient de suite envie. Les cassures successives et les reprises brutales aussi. Mais sur à peine 3 ou 4 minutes, et alors que la batterie proposait déjà d’autres tricotages en arrière plan, la lecture des titre a explosé en vol. Là encore, le manque de cohérence, le son complètement étouffé et le passage d’un plan à un autre déboussolent l’auditeur (None Before Him ou Christ's Descent Into Hell encore). On peine à dégager une ligne claire, à savoir où le groupe veut nous emmener, entre expérimentations sonores ratées et BM bas du front à l’occasion (The Cold Breath of Satan et Olden Days également, le cul assis entre ces deux mêmes chaises).
Abigor a toujours été un groupe dans lequel l’expérimentation était un dogme. Pas aussi poussée que chez certains de ses confrères, comme Manès par exemple, mais tout de même très présente. Le fait est que lorsque le son et le mix sont aussi médiocres, comment prétendre en saisir quoi que ce soit (None Before Him) ? Quand la ligne directrice de l’album est aussi flou, comment en percevoir la pertinence ? Sur The Cold Breath of Satan, on passe encore allégrement de la dissonance à des passages plus lourds, puis heavy, puis plus atmosphériques… Les idées, en elles-mêmes, ne sont pas forcément désagréables mais la voix occupe presque tout l’espace sonore et couvre souvent ces expérimentations (None Before Him, Christ's Descent Into Hell).
C’est finalement lorsqu’il revient à ses vieilles marottes qu’Abigor est le meilleur, comme sur Hymn to the Flaming Void où les accélérations sont nettes, la violence débridée et les cassures appropriées, comme pour relancer le titre, accompagnées de lead aériens et d’un mid-tempo très enlevé qui porte littéralement le titre. Comme si, par magie, l’inspiration faisait son grand retour… à 2 titres de la fin… Ancient Fog of Evil démarre également par de jolis lead, presque médiévaux dans l’esprit, comme aux débuts du groupe et qui rendent parfaitement dès lors que la voix et le mid-tempo trainant enchaînent « naturellement ».
Tu l’auras compris, j’ai eu beaucoup de mal avec ce nouveau Abigor. Le son comme le mix sont indignes ; les compos sont confuses et l’inspiration fait défaut, en dépit de quelques éclaircies en fin d’album. Heureusement, la pochette sauve le tout.
| Raziel 25 Novembre 2018 - 2418 lectures |
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