Purulency - Transcendent Unveiling Of Dimensions
Chronique
Purulency Transcendent Unveiling Of Dimensions (Démo)
Nouveau venu sur le devant de la scène Death Metal, Purulency n’est pourtant pas né de la dernière pluie. Formé en décembre 2018 à Kingsport dans le Tennessee, le groupe compte dans ses rangs des garçons officiant au mieux en seconde division dans d’autres formations telles que Manic Scum, Blighted, Ghost Gore, Appalachian Leprosy et j’en passe... Des groupes dont personne n’a probablement jamais entendu parler (en tout cas de ce côté-ci de l’Atlantique) mais dans lesquels les Américains ont néanmoins pu faire leurs premières armes.
Décidés à se sortir les doigts du fondement, les cinq gaillards (quatre au moment des faits) ont sorti fin janvier leur toute première démo intitulée Transcendent Unveiling Of Dimensions. Une modeste contribution qui n’est toutefois pas passée inaperçue puisqu’en plus de Caligari Records qui a en effet contribué au projet en soutenant une première une édition cassette, on vient d’apprendre que le label indonésien Pulverised Records venait lui aussi de se joindre à la fête en annonçant il y a quelques jours la sortie prochaine de versions CD et vinyle pour le plus grand bonheur de tous ceux incapables de se satisfaire de ce format assez peu pratique.
Alors j’imagine qu’on ne vous la fait plus depuis déjà belle lurette mais de toute façon entre ce patronyme baveux et plein de promesses et cette illustration aussi délicieuse que chargée signée du Finlandais Luukas Lahtinen (Demilich, Grave, Incantation, Purtenance, Sentenced...), on ne peut pas dire que Purulency ait cherché à brouiller les pistes... Sans grande originalité mais avec suffisamment de panache pour permettre de bien vite reléguer aux oubliettes ce manque flagrant de personnalité, le groupe américain va en l’espace de quatre titres seulement (dont une introduction instrumentale) se charger de marquer les esprits et ainsi faire de cette première démo l’une des meilleures sorties de ce premier trimestre dans sa catégorie.
Aussi ce ne sera probablement pas une surprise mais le Death Metal des Américains emprunte comme son illustration le sous-entend largement à la scène finlandaise du début des années 90. Abhorrence, Demilich, Funebre, Amorphis ou Demigod sont autant de noms qui viennent effectivement à l’esprit à l’écoute de ces quelques compositions certes pas très originales mais sacrément bien ficelées. Pour être certain de parvenir à ses fins, Purulency a opté pour une production particulièrement épaisse et baveuse signée des mains de Mike Stephenson et Harrison Hunt (enregistrement), Ethan Camp (mixage) et Dan Lowndes (mastering). Un son gras et rugueux dénué de tout artifice moderne et qui, il faut bien le reconnaître, nous (re)plonge en effet dans les meilleures heures de la scène Death Metal de la fin des années 80 et du début des années 90 (guitares ultra abrasives, batterie dépouillée et au naturel, basse saturée...).
Cette production d’un autre âge va servir des compositions qui n’ont donc absolument rien de neuf à offrir mais qui heureusement ont pour elles un caractère à la fois immédiat et efficace qui va très vite permettre de rendre toute cette tambouille particulièrement convaincante. En effet, si la formule a été mainte fois employée par d’autres groupes qu’ils soient d’aujourd’hui ou d’hier, il n’en reste pas moins que Purulency connait parfaitement son sujet. Calquée sur ces quelques aînés dont j’ai parlé brièvement un petit peu plus haut, la musique des Américains va réunir tout ce qui a fait à l’époque la singularité de la scène finlandaise. De ce growl monocorde et caverneux à ces séquences lourdingues pour ne pas dire pataudes (les premiers instants d'"Adrift In Festering Perpetuity" puis plus loin à 2:55, la première minute de "Xenolith Of Ruination" ainsi qu’à compter de 1:35, "Devoured By The Sentient Nihility" à 0:59) en passant à l’inverse par ces accélérations plus ou moins franches mais toujours aussi bien senties ("Adrift In Festering Perpetuity" à 1:20 et 3:33, "Xenolith Of Ruination" à 1:02 et 4:04, l’entame en fanfare de "Devoured By The Sentient Nihility" puis plus loin à 2:41), Purulency fait donc effectivement très bonne figure. À cette liste il convient également d’ajouter un bonne dose de groove qui va donner lieu à quelques instants chaloupés particulièrement sympathiques ("Adrift In Festering Perpetuity" à 0:06, "Xenolith Of Ruination" à 1:35, "Devoured By The Sentient Nihility" à 3:45) ainsi que quelques leads et autres petites touches mélodiques nécessaires pour assurer cette filiation finlandaise ("Adrift In Festering Perpetuity" à 0:52, 2:56 et 4:31, "Xenolith Of Ruination" à 0:37 et 2:50 ou bien encore ces petits leads très courts à la sauce Cerebral Rot, "Devoured By The Sentient Nihility" à 0:59). Bref, comme je vous le disais, rien de bien nouveau à constater ici mais comme souvent cela n’a que peu d’importance…
En effet, on préférera retenir de cette première démo le constat de ces débuts particulièrement prometteurs plutôt que celui d’un manque flagrant de personnalité. Un point d’ailleurs largement compensé grâce à des compositions efficaces et variées qui n’ont absolument aucun mal à convaincre. Amateurs de Death Metal finlandais, la musique des Américains de Purulency a tout pour vous plaire. De cette illustration en noir et blanc particulièrement chargée à ce patronyme imagé en passant par ces compositions à l’héritage habilement restitué, Transcendent Unveiling Of Dimensions concentre en effet à travers une relecture des plus scolaires tout ce que l’on est en droit d’attendre de la part d’un groupe puisant l’essentiel de son inspiration au pays des milles lacs. Et comme d’habitude dans ce genre de cas, on attend désormais la suite avec impatience.
| AxGxB 11 Mars 2024 - 454 lectures |
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