The Spirit - Of Clarity And Galactic Structures
Chronique
The Spirit Of Clarity And Galactic Structures
Fidèle à son habitude de ne jamais trop faire parler de lui c’est en toute discrétion que le groupe a profité de l’incertitude actuelle pour retourner en studio et y mettre en boîte un nouveau méfait particulièrement attendu, tant le combo a en quelques années seulement gravi les échelons difficiles du Black/Death mélodique pour en devenir un des leaders incontestables. Car après avoir déboulé de nulle part avec le superbe
« Sounds From The Vortex » c’est surtout avec le magnifique
« Cosmic Terror » que les choses se sont accélérées pour lui, prouvant ainsi qu’on n’était pas en présence d’un feu de paille mais bel et bien d’un des noms les plus intéressant venu d’outre-Rhin durant cette décennie. Si depuis ses débuts la musique de l’entité est remplie de violence et de haine celle-ci n’a jamais oublié d’y insérer d’une grande dose d’espoir, de luminosité et de mélancolie… sans tomber dans le kitchouille ou le plaintif, contrairement à nombre de musiciens anciens ou actuels. En effet le désormais duo (le bassiste ayant mis les voiles) a toujours su mélanger habilement les genres et les influences sans en faire des caisses dans un sens comme dans l’autre, aidé en cela par nombre d’harmonies stellaires et spatiales dont les titres de leurs deux premiers albums reflètent à merveille cela. Du coup en découvrant comment se nommait ce troisième chapitre il semblait de fait évident que la formule allait rester la même… et nulle surprise de ce côté tant celle-ci ne change pas des masses, même si on va s’apercevoir d’une évolution plus marquée au fur et à mesure que l’on va découvrir ce nouveau cru des Allemands.
Mais pour l’instant au début de celui-ci c’est à du classicisme en règle auquel on a droit, et comme d’habitude tout cela est fait avec brio avec l’excellent « Of Clarity And Galactic Structures » qui malgré sa durée à rallonge passe comme une lettre à la poste, en proposant l’ensemble du panel de jeu du binôme qui n’a jamais été aussi en forme. En effet celui-ci est particulièrement inspiré que ce soit au niveau de la guitare comme de la batterie, où les cassures nombreuses se mêlent à des parties plus élaborées sans que la fluidité ne soit remise en cause, et ici après un démarrage basé sur la vitesse et la violence le reste de cette plage va peu à peu ralentir pour dévoiler ainsi toute sa panoplie d’ambiances éthérées, et celles propice au secouage de nuque. Brutale et planante à la fois elle donne de fait le ton de cette première moitié d’opus qui va gagner en force et accroche, tout d’abord avec l’épique « The Climax Of Dejection » (aux accents guerriers redoutables quand le tempo s’emballe et se montre remuant de manière constante), le rampant et étouffant « Repression » (qui voit l’amoncellement de nuages noirs à l’horizon sur un rythme majoritairement ralenti – mais qui cependant n’oublie pas la vitesse), et le hargneux « Celestial Fire » qui bien qu’étant assez court a le temps de placer toute sa palette technique et d’harmonies diverses.
Proposant un court interlude (« Transition ») au nom là-encore en total raccord avec le contenu dévoilé, il montre surtout que la seconde partie va être plus dense encore et grimper vers des sommets d’écriture aux accents alambiqués surprenants, mais qui ne vont pas dépareiller dans le contenu classique qui n’est jamais très loin. Ce point reste d’ailleurs très présent encore sur le très bon « Timbre Of Infinity » au groove contagieux et au mid-tempo généreux et implacable, dont le rendu reste dans une relative simplicité et c’est tant mieux, tant la doublette de clôture qui arrive va clairement détonner sans pour autant tomber à côté. En effet avec « Arcane Wanderer » on a la sensation qu’une nouvelle ère et orientation musicale sont en train de voir le jour, car ici outre ces plans tribaux inquiétants et hypnotiques à l’obscurité intégrale ce sont surtout ces passages apaisés et cotonneux d’obédiences Prog’ et Jazz qui surprennent de prime abord (où s’ajoutent des riffs typiquement Heavy), tout en restant en total adéquation avec le reste où rythmiquement ça joue les montagnes russes en intensité comme en ambiance. D’ailleurs ce côté synthétique et froid va trouver son apogée sur l’instrumentale conclusion intitulée « Laniakea » tout aussi barrée que ce qu’on a entendu juste avant en y reprenant les mêmes éléments dont on peut se demander s’ils n’ont pas été inspirés par les PINK FLOYD des débuts, et dont les claviers synthétiques ne font absolument pas tâche.
Sans jamais être bourrative et indigeste cette orientation trouve facilement sa voie au milieu des grandes envolées des deux acolytes qui se sont clairement surpassés ici pour offrir leur meilleur disque à ce jour, et réussissant une fois de plus à encore repousser leurs limites. Dévoilant une facette prometteuse pour l’avenir sans renier leur passé proche (où les solos sont d’ailleurs plus nombreux que d’habitude) les Teutons signent ici une œuvre crépusculaire et ambitieuse sans y perdre leur âme musicale, gardant de façon continue ce feeling imparable et cet entrain généreux au soleil proéminent et à la nuit inquiétante. A voir désormais ce qu’ils vont nous réserver dans le futur… soit en continuant à évoluer de la sorte ou si ce léger statu quo sera maintenu (dans tous les cas on soupçonne que la qualité sera au rendez-vous comme ici), mais nul doute que là ces trois quart-d’heure se délecteront avec un plaisir non-dissimulé. Bien que cette galette soit relativement accessible et que chaque seconde et notes recèlent nombre de sensations et de découvertes auditives permanentes, il faudra du temps pour l’appréhender totalement vu qu’elle se dévoile au fur et à mesure. S’éloignant de sa base d’origine sans pour autant l’abandonner THE SPIRIT prouve en tout cas que malgré son manque relatif de visibilité il reste bel et bien un des meilleurs rejetons (actuel et passé) engendré par le regretté et éternel DISSECTION, et qu’il mérite clairement qu’on s’intéresse à lui si ça n’est pas déjà fait.
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