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Stortregn - Impermanence

Chronique

Stortregn Impermanence
Mine de rien cela fait déjà quinze ans que le combo mené par les inamovibles (et derniers membres d’origine) Romain Negro et Johan Smith a vu le jour à Genève, et qu’il a trouvé depuis 2016 et « Singularity » la stabilité qui lui a manqué à ses débuts. Simple ersatz de DISSECTION et SACRAMENTUM au démarrage de sa carrière c’est à partir de ce troisième album qu’il a opéré un virage décisif vers une musique plus technique et élaborée, où la violence et la mélodie se mélangent sans jamais tomber à côté, et nul doute qu’avec ce cinquième long-format il va pousser plus loin encore son écriture. Cela n’est sans doute pas anodin si celui-ci débarque auprès du label The Artisan Era, spécialiste des groupes alambiqués et progressifs - tant ce nouveau bébé va trouver facilement sa place au sein de son catalogue. Reprenant les éléments entendus il y’a presque trois années sur « Emptiness Fills The Void » le quintet va pousser plus loin la technique sans y perdre en fluidité comme en accroche, car si l’on pourrait croire qu’il est parfois à la limite du trop-plein celui-ci sait parfaitement comment ne pas y tomber en y intégrant des solos plus longs et toujours aussi mélodiques, qui amènent comme d’habitude de la lumière au milieu du chaos ambiant.

Car musicalement la patte des Helvètes est facilement reconnaissable et dès les premières notes acoustiques d’obédience latines de « Ghosts Of The Past » on sait où l’on met les pieds et où ils vont nous embarquer, vu que l’électrique va nous gratifier de toute la palette de jeu de chacun des membres. Entre leads plaintifs, batterie furibarde (ponctuée de blasts déchaînés et passages rapides tentaculaires), et moments légèrement épiques et guerriers joués de façon plus lente, ce premier titre est un vrai condensé du savoir-faire des gars exécuté de façon très classique mais toujours impeccable, à l’instar de « Nénie » qui clôturera les hostilités au bout de trois-quart d’heure d’un voyage pénétrant mais pas de tout repos. Au milieu de tout cela on va retrouver aussi bien le versant actuel des Suisses que celui d’un passé pas si lointain et des deux premières galettes, point qui apparait d’abord sur le court, direct et frontal « Moon, Sun, Stars » (qui tabasse la majeure partie du temps), et surtout via l’excellent « Timeless Splendor » porté par du mid-tempo combattif et entraînant où la brutalité y est plus frappante, mais où l’expérience des mecs est aussi totalement visible. Nul doute en effet que s’il était resté dans sa veine plus expéditive et radicale le binôme originel aurait eu nettement plus de mal à être sur le devant de la scène comme il l’est aujourd’hui, vu qu’il serait encore actuellement un honnête artisan de deuxième division qui n’aurait parlé qu’à quelques forcenés de l’underground.

Ayant désormais gagné ses galons à la force du poignet comme par une ambition assumée l’entité va continuer dans cette version moderne une fois ce léger retour en arrière passé, car que ce soit avec l’équilibré et redoutable « Cosmos Eater » ou via le fracassant « Multilareyed Chaos » (qui monte d’un cran en matière de technicité), l’ensemble conserve son homogénéité implacable et dense. Si « Grand Nexion Abyss » offre un visage plus lumineux et éthéré, de par une vitesse en retrait et de passages au ralenti plus présents, la violence et l’énergie n’en sont pas moins absentes mais offrent une relative pause bienvenue, prouvant qu’après la pluie et la tempête le beau temps finit toujours par revenir… point qui se montre aussi sur « Impermanence » qui peut faire office d’interlude (mais qui n’amène au final pas grand-chose en supplément).

Cependant nulle crainte à avoir, ce court moment légèrement en retrait du reste est bel et bien l’unique et relatif faux-pas de cette livraison absolument nickel de bout en bout, même si comme d’habitude on pourra chipoter sur quelques longueurs évitables et plans que l’on retrouve ici et là de façon éparse. Si l’écriture peut sembler toujours hermétique de prime abord elle n’en est pas moins humaine et ne sonne jamais synthétique ou bourrative, de par les nombreuses cassures et breaks divers qui permettent de densifier une musique qui demandera comme à chaque fois du temps et de la patience pour être totalement assimilée. S’améliorant à chacune de leurs réalisations les Genevois confirment qu’ils font désormais partie du gotha local, prouvant que l’année va être riche en matière de nouveautés venues des différents cantons régionaux (NEAR DEATH CONDITION, LVX HAERESIS…). Solidement installée parmi les têtes de gondole de son pays la bande livre donc un disque sans fausses notes dans la lignée de ce qu’elle sait faire de mieux, preuve que les changements incessants de maison de disque n’ont en rien altéré sa créativité et sa motivation, et l’on ne va pas s’en plaindre tant la richesse musicale qu’elle nous propose n’a rien à envier à certains piliers nordiques ou d’outre-Atlantique, le côté pompeux et indigeste en moins… et on ne peut qu’apprécier cela.

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Stortregn
Black/Death Mélodique
2021 - The Artisan Era
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (3)  8/10
Webzines : (4)  9.5/10

plus d'infos sur
Stortregn
Stortregn
Black/Death Technique - 2006 - Suisse
  

tracklist
01.   Ghosts Of The Past
02.   Moon, Sun, Stars
03.   Cosmos Eater
04.   Impermanence
05.   Grand Nexion Abyss
06.   Multilayered Chaos
07.   Timeless Splendor
08.   Nénie

Durée : 44 minutes

line up
parution
12 Mars 2021

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