Sacroscum - Stillbirth

Les cassettes, ça m’emmerde. Déjà qu’il m’arrive d’acheter quelques vinyles alors que je n’ai rien pour pouvoir les écouter, si en plus je dois me coltiner l’achat de tapes qui resteront prendre la poussière sur mes étagères... Tout ça parce que j’habite Paris et qu’à Paris, à moins de claquer 2000 balles par mois dans un loyer, on a pas forcément tous la place pour avoir chez soit 2500 CDs, une platine vinyle, un lecteur CD, un lecteur cassette, un ampli et des enceintes dignes de ce nom (en plus du nécessaire à la vie de tous les jours). Argh !
Bref, Sacroscum est un jeune groupe allemand originaire de Bavière qui a sorti en début d’année sa toute première démo intitulée Stillbirth (au format cassette, vous l’aurez compris). Composé sur la base d’un duo, le groupe compte dans ses rangs des membres de Blind Allegiance, Motörcult, Vomiting Goat ou encore Massive Demolition. Vous n’en connaissez aucun bande de noobs ? Et bien moi non plus. Heureusement, le label Unholy Prophecies (Insulters, Morbid Flesh...) a eu la bonne idée de publier il y a quelques jours une vidéo de Sacroscum enregistrée lors de leur prestation au Chaos Descends Festival. Quelques écoutes sur YouTube, un petit mail à Walter pour tenter de gratter une version MP3 de cette fameuse démo, un petit WeTransfer ni vu ni connu tavu et me voilà le plus heureux des hommes. Niquez vos mères les cassettes !

Alors pourquoi autant d’enthousiasme me direz-vous ? Et bien tout simplement parce que Sacroscum vient de pondre le genre de démo qui me rend complètement dingue. Avec leurs jeans noirs troués, leurs cheveux longs et leurs t-shirts GG Alin (bon, ok, l'autre est un t-shirt Watain), les deux allemands viennent nous rappeler que Punk et Black Metal ont toujours fait très bon ménage. Bien sûr, ça fait déjà quelques années qu’on le sait. Depuis Hellhammer, Bathory et les premiers albums de Darkthrone pour être exact. Il n’empêche que Stillbirth vient mettre les points sur les "i" à tous ceux qui pensaient que Crust et Black Metal ne se conjuguaient qu’à la sauce Southern Lord (et pourtant, loin de moi l’idée de cracher dans la soupe). La rage au ventre, la bave aux lèvres et le couteau entre les dents, Sacroscum donne l’image d’un groupe qui ne souhaite qu’une seule chose, foncer dans le tas tête la première sans se soucier des coups de matraque qu’il va prendre. Car après tout, il se fout pertinemment d’avoir mal puisqu’il sait d’ors et déjà qu’il a gagné et que vous finirez étalé sur le sol à ramasser vos dents à la petite cuillère en bon gros loser que vous êtes.

Les potards à blinde, Sacroscum balance ainsi son mélange de Black Metal, de Crust et de Death Metal dans une atmosphère ultra DIY. Le groupe n’en a tellement rien a branler qu’il réussit à bâcler les quelques fade out qui ponctuent cette première démo. Jouer comme si sa vie en dépendait, insuffler à ses compositions ce sentiment d’urgence capable de faire cavaler n’importe quel clampin, dérouler des riffs de Punk à chien aussi simples que destructeurs dans une espèce de chaos sans nom, ponctuer ses assauts par quelques breaks à vous dévisser la cafetière, le tout servit par une voix nihiliste et complètement arrachée... Voilà en résumé le programme proposé ici par Sacroscum tout au long de ces vingt huit minutes périlleuses, excessives, sans demi-mesures mais surtout particulièrement bandantes. Et si l’influence des quelques anciens cités plus haut semble tout à fait pertinente, je rapprocherais pour ma part la musique de Sacroscum à celle des Irlandais de Zom. Les deux partagent en effet cette même énergie Punk destructrice qui rend leur mixture incroyablement puissante mais aussi terriblement addictive (le combo "riffs sinistres" et "tchouka-tchouka" n’a jamais aussi bien fonctionné).

Véritable défouloir de près de trente minutes, Stillbirth s’impose comme l’une des meilleures démos sorties cette année. Unholy Prophecies ne s’y est certainement pas trompé et à en juger par les retours du Chaos Descends, il semblerait que je ne sois pas le seul à avoir été convaincu par le duo allemand. Il n’y a plus qu’à espérer que Sacroscum continue sur sa lancée et sorte ainsi dans les mois à venir quelque chose d’aussi jouissif que ces huit putains de titres. Bon, où est-ce qu’on l’achète cette fichue cassette au fait ?

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