Dödsrit - Spirit Crusher
Chronique
Dödsrit Spirit Crusher
Manque de temps (boulot et familia), amas de mails promos (mais peu finalement pour sustenter mes envies) et forcément il peut arriver que des albums de qualité restent sur le carreau. Ce deuxième opus du « one-man-band » Dödsrit (littéralement « rite funéraire » en suédois) en a fait les frais, mis de côté l’année dernière puis oublié dans un dossier planqué de l’ordinateur. Fondé en 2017 par l’ex-guitariste de
Totem Skin (encensé sur notre site), Christoffer Öster, Dödsrit signe chez l’éclectique et découvreur de talents Prosthetic Records après un premier album chez Alerta Antifascista Records. Place à
Spirit Crusher à l’artwork (case black metal cochée) signé de Jonas A. Holmberg (frontman de This Gift Is A Curse).
Quatre morceaux pour 44 minutes, pas tellement le black/crust bas du front que l’on pourrait imaginer. Inévitablement les racines punk/hardcore de Christoffer subsistent pour une musique toujours autant directe et bourrée d’énergie. Ici le bonhomme s’essaye à un crust côtoyant une musique black metal à forte tendance norvégienne (la base Darkthrone ou plus récemment Kvelertak) mais saupoudré d’influences modernes post-hardcore (This Gift Is A Curse) et post-black (Deafheaven, Oathbreaker) pour une touche émotive ambiancée dans le but de caresser nos oreilles et nous procurer une kératose pilaire. Résultat plus que concluant. Les 11 minutes du morceau d’ouverture « Aura » comme vitrine parfaite de ce mélange des genres et de contrastes. Du blast-beat (B.A.R ? Si oui le rendu est probant) à du d-beat cradingue vindicatif en passant à des tremoli avec effet delay qui vous prennent les tripes, du doom ou des mélodies suraiguës enivrantes et annihilatrices (Cult Of Fire)…. Qu’importe vos préférences de style, sur le cul certainement vous serez.
La barre est ainsi mise très haute d’entrée, Dödsrit arrivera malgré tout à égaler cette richesse et cette efficience, notamment sur le break crucificateur de « Ändlösa ådror » (à la quatrième minute) exponentiellement catapulté par des hurlements déchirés de son créateur (à la limite du screamo aux airs d’Envy) ou l’accroche punk/hardcore mélo « A Drowning Voice ». Patchwork de styles dans un format étiré mais le schéma de composition reste au final assez formaté, une alternance d’agressivité et de passages aériens qui auraient peut-être mérités de breaks impromptus ou de riffs un peu plus « exotiques », trop de passages ayant un gros air de « déjà entendu ». Des longueurs viendront aussi un peu casser la dynamique et l’enchantement de la galette, tout particulièrement sur le morceau éponyme moins prenant que le reste (15 minutes qui auraient pu être largement raccourcies). Le goût de « reviens-y » semble néanmoins persister pour ma part, plutôt bon signe pour sa durée de vie.
Patchwork réussi,
Spririt Crusher n’est pourtant pas la musique la plus originale et osée qui soit à la vue de tous ces noms cités comme influences. Reste que l’efficacité dégagée demeure plutôt redoutable pour ce black/crust (étiquette finalement réductrice) à la fois riche, « catchy » et touchant de ce jeune Suédois surdoué. « One-man-band » qui n’est plus puisque Christoffer a recruté un guitariste, un bassiste et un batteur. Du sang neuf qui pourrait faire passer un cap à cette belle découverte qu’est Dödsrit.
| Mitch 21 Juin 2019 - 1855 lectures |
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