Fosa - Demo MMXVI (Reedicion 2021)
Chronique
Fosa Demo MMXVI (Reedicion 2021) (Compil.)
Un jour, il va bien falloir lancer une enquête internationale approfondie pour comprendre ce qu'il se passe au Chili. Ça en devient vexant et suspect: quoiqu'ils touchent, ça brûle ! Avouez, on serait dans une compétition sportive, il y a belle lurette que l'on aurait crié au dopage, même à l'insu de leur plein gré. Vous l'avez déjà compris, usant de toute votre sagacité, Fosa est un groupe chilien. Formé en 2014, ayant sorti sa première demo en 2016, ces individus ont publié en 2020 un promo deux titres, et la compilation assez récente que voici a la bonne idée de regrouper les deux enregistrements susnommés, me permettant ainsi de vous entretenir de ce groupe en ayant l'air à la page, alors que j'ai découvert l'affaire qu'il n'y a fort peu de temps.
Évacuons d'ores et déjà la question de l'originalité. Un groupe qui balance pêle-mêle Black Metal, Crust, et quelques relents épars de Sludge et de Noise, je sais bien que vous en avez écouté quelques uns. Effectivement, de ce côté-ci, ne vous attendez pas à être franchement ébouriffé. Mais pour ce qui est d'assurer bien plus que le minimum syndical de la dérouillée, canal stupeur et tremblements, pardon ! Ces quidams des Andes se posent là.
Pas de surprises donc, c'est entendu. On trouve les lignes de guitares et autres arpèges joués avec une tension quasiment permanente, à fleur de peau; les hurlements de colère, douleur et désespoir, l'alternance régulière de ces plages de calme avant la tempête, et les lames de fond successives, le raz-de-marée inarrêtable qui dégage le paysage vite et bien, occasionnellement suivi par des séquences plombées ornées de leurs larsens stridents de bon aloi. Il y a des bons riffs chez ces gens-là, tantôt mélodiques, tantôt plus chaotiques et sournois. Du matériel solide destiné à muer le désespoir en colère cathartique. Rien de plus classique en somme. Mais l'interprétation de Fosa, ce n'est pas que ça. C'est aussi des allures de cérémonie sous ayahuasca devenue complètement hors de contrôle. Et après moult tumultes, tergiversations, la rencontre avec l'Ego labyrinthique et hypertrophié d'une humanité pourtant insignifiante, pataugeant dans son jus angoissant... Qu'ouïe-je ? ça ne vous fait pas rêver ? ah mais évitons les mésententes: là n'est pas le but. Malgré les apparences, on est bel et bien dans le réel, confronté au réel, le dur, l'implacable. Celui qui cogne.
Soutenu par une production sérieuse, puissante, mais assez naturelle, cette compilation permet de découvrir un groupe qui connait et maitrise plutôt bien ses gammes. Une douce voix m'a soufflé à l'oreille les noms de Svartidauði et de Martyrdöd. N'ayant jamais franchement aimé le premier, je reconnais tout de même le goût pour quelques tarabiscotages assumés sur certains riffs. Concernant le deuxième que je n'ai que très peu pratiqué, on retrouvera assurément le côté abrasif, mais dénué des aspects les plus rock n' roll et entrainants qui font que je n'ai jamais réellement accroché à la musique des Suédois. Autre façon de voir les choses, j'ai de mon côté pensé à A Sanity's Deranged de Nightfell, qui, comme l'avait exprimé notre Ikea à la moustache fétiche dans ces même colonnes, peut être pris comme une interprétation Death Metal powered by Bolt Thrower d'un His Hero Is Gone. Ici on en aurait l'ébauche de la face Black Metal. Car gardons en tête qu'il s'agit ici de débuts, une entrée en matière sérieuse pour un groupe que j'espère voir, pourquoi pas, franchir un palier lors de leurs -je l'espère bis- futures réalisations.
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