Frangar - Trincerocrazia
Chronique
Frangar Trincerocrazia
Frangar fait partie de ces groupes italien qu’on a l’impression de connaître depuis toujours, un peu comme Spite Extreme Wing ou Janvs. Et pourtant, Trincerocrazia n’est que leur troisième album longue durée, signé chez Darker than black, pour les plus regardants sur l’éthique. Forgé au cœur d’un black fortement dilué, où le crust a également son mot à dire, ce nouvel effort ne manque pas de corps.
Le départ d’Italia Suprema Assoluta ne trompe pas : chant guerrier (sur Rivolta également), son minimaliste, batterie rêche et mid-tempo agressif sont clairement mis en avant. Le chant, plus véritablement craché à la face que déclamé, offre au combo, par instants, des atours proches de Ratos de Porao ! C’est que, dans le BM proposé par Frangar, le black sert un peu de prétexte au profit d’aspects punk très marqués. L’agressivité du chant participe beaucoup – et de loin – à la densité de la musique proposée par le groupe. Car, de fait, les structures ne s’embarrassent pas d’arabesques inutiles. Les titres empruntent presque tous la même architecture basique, là encore largement hérité du punk (Italia Suprema Assoluta, Fare quadrato).
La batterie participe également de ces aspects sales, punk et crust ; son martèlement relativement binaire (tchac poum, tchac poum…) ôte toute velléité de technique à proprement parler, ce qui, en soi, n’est pas un défaut dès lors que cette directive est assumée par le groupe. Les chœurs quasi hardcore (Fare quadrato) renforce encore cette impression.
Les (bonnes) idées ne sont pas légion mais elles existent néanmoins, comme ces passages samplés de discours guerriers, de cabaret ou de chanson populaire italienne au milieu d’un titre (le final d’Al Cielo par exemple, Trucidata). Ces passages confèrent une dimension surannée, une teinte sépia très agréable à la musique. Et lorsque le groupe délaisse un peu les rivages du crust pour aller rejoindre ceux du BM plus classique, il ne perd pas en crédibilité (le long Al Cielo, près de 9 minutes, l’un des meilleurs titres, Martello, Trucidata), ses structures s’enrichissant d’emphase et prenant de la sorte une épaisseur très appréciable (Artigliere Alpino). Certains passages peuvent même évoquer – grâce en partie à l’agressivité du chant – la scène slave (Hate Forest en tête).
Le problème essentiel vient, d’une part, d’une certaine répétition des titres à partir de Martello (Alba, Bombe sopra a Gorla, sans grand intérêt) et, d’autre part, d’une prise de risque finalement assez marginale. Le mélange BM/crust peut donner de bonnes choses, surtout si le pari est pris d’ajouter à cela une certaine emphase. Or, trop souvent, les morceaux basculent d’un côté ou de l’autre, sans jamais réellement tenter le pari du mélange parfait. C’est dommage et cela réduit, à mon sens, la portée et l’efficacité de cet album. Puis, le passage presque incessant de morceaux purement punk à des titres plus nettement BM déroute un peu et fait perdre le fil à l’auditeur. Là encore, une certaine cohérence eut été, à mon sens, davantage profitable pour souligner le propos du combo.
Si Trincerocrazia présente ainsi de belles qualités et devrait plaire aux amateurs de sensations immédiates, il aurait mérité davantage d’attention dans les détails et dans la recherche d’un équilibre de ses éléments.
| Raziel 8 Octobre 2016 - 1036 lectures |
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