« Faire du crust en 2021, c’est ça » : taper dans ce que le genre a de plus sale et déviant, assumer une marginalité radicale, tout en prenant sa part de travail de convergence des luttes par un mélange aussi original qu’évident. C’est ce que propose ce premier EP de Salò et oui, il s’agit d’un bien beau tour de force.
En même temps, attendre quelque chose de commun de la part d’un groupe contenant en ses rangs le gérant du label Cold Dark Matter serait mal connaître le personnage, adepte d’industriel infectant chaque composition où il prend part. On se souvient de HKY, cette formation défunte qui avait derrière ses airs de tout-venant post-metal des allures d’usines, de nuits de cheminée. C’est d’autant plus probant sur
Sortez vos Morts et ses courtes vingt-sept minutes rattrapant en générosité ce qu’elles n’ont pas en durée. Au programme : samples cradingues et franchouillards – dont on notera, au-delà de Pasolini et du Gaspard Noé de rigueur, une belle place laissée au film
Le prix du danger de Yves Boisset, classique des cinéphiles à moustache et regard acide –, guitares brouillonnes aux humeurs souillonnes, ainsi qu’une voix prolétarienne comme rarement, titillant derrière sa rudesse ouvrière des envies d’ailleurs dans une pointe légèrement sensible comme celles exprimées après le verre de trop, cf. le final de « Sans toit ni loi » et ses accents à la Amanda Woodward syndiqué chez Sud.
Car oui, Salò est bien une formation prometteuse dans son ensemble, et non pas uniquement en raison des industrieuses tartines qu’elle nous insère dans le gosier (jusqu’à plus soif parfois, avouons-le). Blackened bien mérité et exécuté, la morsure du froid que
Sortez vos Morts laisse est tenace, évoquant celle indomptable et forte en Pelforth d’un
Nuisible période Inter Feces et Urinam Nascimur. Les moments de lâcher-prise sont légion, la folie black / punk habitant « Sonnez la curée » en étant un parfait exemple. Mais plus que dans une énième sensation crust s’appropriant d’autres codes, plus que dans un nouveau roman sur la terne existence d’une France invisible (ce que je goûte avec plaisir, notez), là où la bande tient en elle des promesses la rendant à surveiller de près – cela en dépit d’une impression globale étrangement plus convenue qu’escomptée – est dans ces ponts qu’elle tresse entre l’âpreté d’un Amebix et l’âcreté d’un Proton Burst, cette esquisse d’une terre crue et irréelle qu’il y a dans cette batterie hystérique, ces tremolos coupants, ces sons mécaniques et presque grandioses.
Presque. C’est cette ligne floue qui fait le charme particulier de Salò, misère sociale frôlant le surréalisme, devant encore s’affranchir de quelques codes pour marquer au fer. Pour le moment,
Sortez vos Morts rêve d’atrocités et le fait savoir par l’expression de « sa morale à lui ». J’ai personnellement hâte d’écouter sa totale mise en pratique.
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