Les Suédois de Merciless diviseront complètement leurs fans en cette année 1994. Les « true raw » ne supporteront pas que la bande surfe sur le mouvement black/death mélodique de l'époque (comme en témoigne la signature sur le label No Fashion Records, leader incontesté), d'autres retrouveront le sourire après un
The Treasures Within extrêmement difficile d'accès. Quoiqu'il en soit, le groupe a compris que balancer une musique encore plus raw, rapide et basique ne redonnerait pas leur blason de « classique » fourni par
The Awakening. Virage obligatoire. Impressionné par les galettes sorties du studio Unisound, Merciless rejoint Dan Swanö pour une musique plus raffinée et surtout plus accrocheuse !
Impossible de reconnaître le speed/thrash d'un Kreator ou d'un Sodom lors des premiers instants du titre éponyme… Une intro acoustique splendide, un tempo modéré, un lead mélodique leitmotiv (avec le son irremplaçable de maître Swanö), un refrain méchamment entêtant, un solo magnifique de clôture… Bref difficile de sonner plus suédois que çà ! Merciless ne se contente donc pas d'ajouter quelques mélodies (manquement cruellement à leurs débuts) à leur « raw thrash » hybride pour épileptiques. Les Suédois fignolent les structures de leurs compos en variant intelligemment rythmique (merci à la nouvelle recrue Peter Starwind d'Entombed/Unanimated) et riffs. Le plus bel exemple reste l'headbanguante et très épique « Back To North » (plus de 8 minutes au compteur) qui démontre le talent de composition enfin révélé des musiciens (argh ces riffs et ces lignes de basse !) : assurément l'un des meilleurs du titre du groupe et du style (« Take me home, Back to north ! » ) ! Les adeptes de leur ancienne mixture retrouveront tout de même aisément leurs marques. La thématique black demeure (avec un chant encore plus démoniaque de Rogga) ainsi que leur musique Thrash avec un grand « t ».
Certains titres n'auraient d'ailleurs pas fait taches sur les opus précédents, comme les très énervés (et « hard-listening ») « FeebleMinded » et « Nuclear Attack » (un des premiers titres composé par le groupe). Le reste se mouille à des riffs beaucoup plus accrocheurs et « bouge-moumoutte », un peu à la manière de groupes thrash/death suédois qui font mal aux cervicales (« The Land I Used To Walk », « Silent Truth ») et qui possèdent les riffs ainsi que le refrain zombifiant (l'imparable « Lost Eternally » : « Welcome to my world, Everlasting Anguish, Com and watch me bleed, and Then finally perish »).
Unbound passe vraiment comme une lettre à la poste, reste qu'on regrettera le niveau ahurissant de titres comme « Unbound » ou « Back To North ». Titres qui font malheureusement passer le reste pour des compos à la qualité plus ou moins médiocre… C'est dommage car l'album aurait certainement écrasé tout sur son passage (d'où la reconnaissance quasi-inexistante) épaulé de cet excellente production de Swanö (et du remastering)…
Peu réceptifs au speed/thrash des premiers albums de Merciless, je ne saurais vous conseiller d'écouter cette sorte de black/death/thrash mélodique au grand mérite (à l'étiquette « Swanö inside », gage de qualité vous m'aurez compris). Fatigué du manque de reconnaissance de la part des labels et du public, le groupe perdra sa motivation et se séparera jusqu'en 2002 (malgré quelques live et tributes entre temps) pour sortir leur quatrième album
Merciless.
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