Prezir - Contempt
Chronique
Prezir Contempt (EP)
Un nom à fort potentiel de jeux de mots pourris. Un logo cool et une pochette classe qui sentent bon l'amitié entre les peuples. Une photo des membres qui tiennent des épées et des haches dans la forêt. Il ne m'en fallait pas plus pour que je jette une oreille sur le premier EP de cette formation américaine.
Et bien m'en a pris car ce Contempt, sorti en autoproduction début juin, s'avère une très bonne surprise. Prezir, qui signifie "mépris" en serbo-croate, frappe ainsi très fort avec sa toute première sortie. Un EP de près d'une demi-heure pour six morceaux dont une introduction intitulée "How God Loves" reprenant le témoignage de Richard Sipe, ancien prêtre devenu sociologue et psychothérapeute connu pour ses dénonciations d'abus sexuels d'enfants au sein de l'église catholique, témoignage tiré du documentaire de 2013 Silence in the House of God: Mea Maxima Culpa. Le disque s'ouvre ainsi sur ces paroles qui font froid dans le dos: A priest who had an affair with this 12/13 year old girl brought to one of their encounters what he said was a consecrated host and he touched it to her vagina and he said "this is how god loves you." And then he raped her.. S'ensuivent quelques notes douces de guitare acoustique, puis à nouveau "and then he raped her". L'ambiance est posée! Il faut dire que le trio de Milwaukee n'y va pas avec le dos de la cuillère concernant la religion. Et le christianisme n'est pas le seul à être pointé du doigt puisque l'islam ("Dar al-Harb" et son intro orientalisante sur laquelle se mêlent chant d'imam et grognements de cochons à l'abattoir) ainsi que le judaïsme ("Serpents In The House Of Ra") ont le droit au même traitement. Un texte sur les Aghori ("Holy Men Of Putridity"), adeptes d'un courant subversif de l'hindouisme au mode de vie impliquant cannibalisme et nécrophagie, ainsi qu'un mythe destructeur aztèque ("The Legend of the Five Suns") viennent s'ajouter à ce sombre tableau.
Et musicalement, ça donne quoi? Oui parce que ce n'est pas le tout de tirer à boulets rouges sur la religion, une tradition métallique depuis longtemps implantée quand bien même les textes historiques s'avèrent bien écrits et tapent sur tout le monde au lieu du seul christianisme. Encore faut-il assurer derrière avec ses instruments. C'est bien sûr là que Prezir m'a convaincu de son talent. Difficile toutefois d'enfermer le combo du Wisconsin dans une seule case puisqu'il a tendance à piocher un peu dans les styles metal extrême principaux. Disons que la base reste black metal et que la formation injecte des influences thrash et death pour un rendu sombre et belliqueux qui fait néanmoins la part belle aux riffs et aux mélodies. Le feeling mélodique se positionne d'ailleurs comme l'atout principal du groupe d'outre-Atlantique grâce à de très bons riffs en tremolo dont les mélodies inspirées restent en tête. Les solos plutôt bien vus ne sont pas non plus à jeter. On rajoute aussi des riffs thrash et quelques petites dissonances discrètes histoire de varier un peu le jeu (sans oublier l'acoustique en intro et outro), utilisées avec parcimonie pour éviter l'indigestion comme c'est parfois le cas dans d'autres styles de black à la mode. Sur ces lignes de guitare intéressantes, le chant alterne entre growl death profond et shrieks arrachés plus typés black ce qui amène à la fois de la variété et de la puissance. Les rythmiques viennent elles apporter leur soutien en insufflant une bonne grosse dose d'efficacité par le biais de tchouka-tchouka thrashy ou de blastouilles, sur une production très satisfaisante qui a su trouver le juste milieu entre puissance, clarté et agressivité. Ça ne joue par contre jamais très vite, ce n'est jamais ultra brutal mais ça envoie suffisamment la sauce pour ne pas passer non plus pour des petits bras. Là n'est de toute façon pas l'intérêt de Prezir qui préfère proposer un bon riffing que se lancer dans un concours de bite. Le résultat leur donne raison. On pense à leurs collègues américains d'Arghoslent et Grand Belial's Key ainsi qu'à certains groupes australiens ou pas loin aimant bien naviguer entre les trois genres comme Exordium Mors, The Furor et Mhorgl quoique Prezir se fait tout de même moins radical que ces deux derniers. Les Américains ne proposent ainsi rien de véritablement innovant mais évoluent tout de même dans des contrées bien moins peuplées que certaines très prisées ces derniers temps.
Bon finalement j'ai réussi à ne faire aucun jeu de mots sur le nom du groupe. C'est que ça passe trop bien pour se moquer! En même pas trente minutes, Prezir nous prouve que c'est un nouvel arrivant sur lequel il va falloir compter si le projet perdure. Du black, du thrash, du death, de l'efficacité, de la violence, du blasphème, des riffs inspirés, du feeling mélodique, des solos coolos, ce Contempt fait vraiment figure de bonne découverte. Aucun gros défaut, juste quelques broutilles négligeables comme sur un "The Legend Of The Five Suns" un peu trop répétitif à cause de son motif mélodique, même bon, tenu trop longtemps. Nul doute que cet EP devrait plaire à pas mal de monde, en espérant que le trio américain réussisse à se faire connaître. Et pourquoi pas récupérer une signature sur un bon petit label underground. C'est tout ce qu'on leur souhaite parce que Prezir, ça fait plaisir! Désolé, il fallait que ça sorte...
| Keyser 2 Septembre 2017 - 1080 lectures |
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Pas mal du tout effectivement, c'est musicalement très basique mais ça envoie comme il faut et sans fioritures ! Une bonne découverte ! |
citer | Une très, très bonne demie-heure qui gratte là ou ça démange. La filiation avec GBK et Arghoslent est évidente, pour notre plus grand plaisir. Une sortie qui aurait mérité un son un poil plus massif et chargé en basse pour sortir une véritable tuerie. A suivre, en tout cas ! |
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2 COMMENTAIRE(S)
04/09/2017 09:12
03/09/2017 15:13