Si vous découvrez Witch Vomit à travers cette chronique, sachez qu’il s’agit là d’un groupe américain autour duquel gravite quelques illustres acteurs de la scène de Portland. On retrouve en effet Tony Thomas de Dagger Lust et Torture Rack, Casey Lynch d’Aldebaran, Jason G. de Torture Rack et enfin Vincent Van Dell d’Apraxic. Après deux albums et un EP parus pour l’essentiel sous la bannière du label 20 Buck Spin Records (à l’exception du long format
A Scream From The Tomb Below sorti en 2016 chez Memento Mori), c’est sans crier gare et donc à la surprise générale que la formation est revenue faire parler d’elle le temps d’un nouveau EP intitulé
Abhorrent Rapture.
Disponible dans un premier temps sous forme dématérialisée, celui-ci s’est vu offrir quelques jours plus tard un pressage aux seuls formats CD et cassette. De quoi contenter à peu près tout le monde à l’exception des amateurs de vinyle qui malheureusement auront dû faire preuve d’un peu plus de patience puisque la version LP n’est arrivée qu’il y a une dizaine de jours. La faute à un planning de livraison de plus en plus chargé qui empêche la bonne tenue des délais initialement prévus. Quoi qu’il en soit,
Abhorrent Rapture propose de se glisser dans les conduits auditifs quatre nouvelles compositions pour une durée mesurée de dix-huit minutes. Pas de quoi s’étouffer mais deux ans après l’excellent
Buried Deep In A Bottomless Grave, on saura apprécier le geste à sa juste valeur. Quant à l’artwork qui va permettre de planter le décor comme il se doit, il est l’oeuvre là encore de leur grand copain Matt Stikker (Nekro Drunkz, Outer Heaven, Power Trip, Stälker...).
Comme on ne change pas une équipe qui gagne, Witch Vomit a choisi de reprendre le chemin des Red Lantern Studios sous la direction une fois de plus du producteur Evan Mersky (Apraxic, Adzalaan, Dagger Lust, Mortiferum, Sempiternal Dusk, Triumvir Foul...). Une décision bien avisée au regard de cette production en béton-armé qui habille chacune de ces quatre nouvelles compositions. Dense, abrasive et parfaitement équilibrée, elle offre à l’auditeur le loisir de se prendre pavé sur pavé sur le coin de la tronche tout en étant parfaitement conscient de cette déferlante qui lui tombe inlassablement dessus. Propre et costaud à la fois, le Death Metal de Witch Vomit est ainsi servi comme il se doit c’est à dire avec puissance et caractère pour un résultat authentique et tout à fait dans l’ère du temps.
Dans la continuité de l’excellent
Buried Deep In A Bottomless Grave sur lequel on trouvait un groupe non pas métamorphosé mais quelque peu revigoré par l’arrivée de sang neuf après avoir évolué en duo puis en trio durant quelques années, Witch Vomit reprend ici les choses là où il les avait laissé deux ans auparavant. C’est à dire en renouant avec un Death Metal des cavernes toujours aussi largement influencé par un groupe comme Incantation à qui il vient d’ailleurs faire la nique les doigts dans le nez. En effet, malgré tout le respect dû éternellement à John McEntee, difficile de ne pas s’enthousiasmer à l’écoute de ces quelques compositions bien mieux ficelées que la plupart de celles proposées sur
Sect Of Vile Divinities. Ouais, la jeune garde à les crocs et cela s’entend à l’écoute de ce
Abhorrent Rapture sombre, implacable et surtout particulièrement réjouissant.
À l’instar de ce deuxième album qui le précède, ce nouveau EP est marqué lui aussi par ce rythme relativement soutenu (si on ne frise pas l’excès de vitesse, les Américains ne sont pas là non plus pour enfiler des coquillettes). Car si les séquences mid-tempo sont bien évidemment toujours de la partie ("Purulent Burial Mound" à 3:00, "Funeral Purgation" à 0:40, "Necrometamorphosis" à 2:05 et 3:11 et "Abhorrent Rapture" à 2:26), c’est bel et bien pied au plancher que Witch Vomit mène ses assauts. Salves de blasts plus ou moins soutenus ("Purulent Burial Mound" à 0:26, "Funeral Purgation" à 3:01, "Necrometamorphosis" à 0:27 et l’entame en fanfare de « Abhorrent Rapture ») et autres accélérations thrashisantes à base de tchouk-atchouka ("Funeral Purgation" à 2:52, "Necrometamorphosis" à 2:33) s’enchainent ainsi dans une déferlante infernale qui, à quelques exceptions près, laissent finalement bien peu de place aux digressions mélodiques ("Necrometamorphosis" à 3:38). À cela s’ajoute un riffing particulièrement sombre et bouillonnant ainsi que quelques solos et autres leads mélodiques toujours très bien sentis ("Purulent Burial Mound" à 4:00, "Funeral Purgation" à 1:59, "Necrometamorphosis" à 4:05) qui ne gâchent à rien à la fête et participent naturellement à l’élaboration de ces ambiances fuligineuses et horrifiques que le groupe entretient également comme à son habitude à l’aide de quelques samples bien choisis servants ici d’introduction à "Purulent Burial Mound" ou de conclusion à "Necrometamorphosis".
Dans la continuité d’un
Buried Deep In A Bottomless Grave qui montrait déjà des signes de progression encourageants,
Abhorrent Rapture continue sur la voie d’un Death Metal bien plus sombre et virulent que lors des débuts du groupe. Certes, le spectre d’Incantation flotte plus que jamais sur chacune de ces quatre nouvelles compositions mais l’efficacité et l’atmosphère sont telles que le manque d’originalité est une fois de plus bien vite relégué aux oubliettes. Bref,
Abhorrent Rapture confirme haut la main les très bonnes prédispositions dans lesquelles se trouvent actuellement Witch Vomit. Alors effectivement, dix huit minutes c’est toujours un peu trop court surtout lorsque le contenu est aussi convaincant mais en attendant d’en avoir plus à se caler sous la dent, ce petit EP fera très bien l’affaire.
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