Quel bonheur les endorphines! Tous les amateurs de footing vous le diront, cette sensation de plénitude et de bien être immense qui vous envahit après cet intense effort. Et si l'écoute d'un album de métal relève effectivement parfois de l'effort intense (comme écouter un album de Cynic par exemple), le pur bonheur ressenti après l'écoute d'un chef d'oeuvre ne diffère finalement pas énormément de l'état du sportif béat après la rude mise à l'épreuve de ses petits muscles. En cela Benighted a toujours été pour ma petite personne comme une sorte de distributeur automatique à endorphines, et ce depuis ma découverte du groupe il y a huit ans déjà lors de la sortie de l'album qui restera à ce jour mon préféré et une référence ultime en la matière « Insane Cephalic Production ». Depuis tout ce temps les stéphanois n'ont eu de cesse de recharger leur distributeur automatique avec toujours autant de ferveur et d'intensité
(« Identisick ») même si la dernière livraison n'avait pas réussi à combler totalement mes neurorécepteurs devenus aujourd'hui de plus en plus gourmands
(« Icon »). Alors après presque quatre ans d'attente depuis le dernier shoot en date autant dire que ces derniers étaient dans un état de préexcitation maximale et que toute nouvelle diminution qualitative aurait probablement eu des effets désastreux sur mon équilibre mental déjà précaire. Heureusement pour mes fragiles synapses, « Asylum Cave » relève bel et bien le niveau par rapport à
« Icon », histoire de satisfaire même les plus récalcitrants et bien qu'il n'atteigne pas les sommets d' « I.C.P. » ou
« Identisick » il se posera comme une valeur addictive sûre en ce début d'année 2011.
Il est vrai que j'avais été un peu dur à la sortie d'
« Icon » (d'ailleurs la note a reçu un petit coup de pouce d'un demi point après de nouvelles écoutes en vue de cette chronique) mais comme le dit le proverbe
qui aime bien châtie bien. Et finalement, en dépit du fait que je trouve « Asylum Cave » sensiblement supérieur à son prédécesseur qui avait quand même une fâcheuse tendance à s'essouffler sur la fin, c'est probablement de celui-ci qu'il se rapproche le plus. En effet comme sur
« Icon » Benighted nous livre avec leur dernier bébé un album mélangeant allègrement leur base brutal death méchamment groovy avec une rasade de grind voire même d'incursions plus punk/hardcore. Et comme sur la plupart de ses albums (notamment « I.C.P. » et
« Identisick »), le groupe démarre sa dernière livraison à cent à l'heure avec une entame imparable en guise de réveil matin: les trois premières injections resteront une fois de plus comme le moment fort d'un album qui malgré quelques légères baisses de régime se révèle bien plus équilibré que son aîné. « Asylum Cave », « Let The Blood Spill Between My Broken Teeth », « Prey » nous montrent effectivement presque tout ce que Benighted a de meilleur: une vélocité et une brutalité proprement hallucinantes (si le début du titre éponyme ne vous réveille pas c'est que vous êtes mort
[ou sourd]), un Julien survolté qui se lâche comme jamais sur les cochonnailles en tout genre («
Let the blood spill between my broken teeeeeeeeeeeeeth eeeeee reeeeee reeeeeee »), et bien évidemment une bonne dose de groove pour faire se dandiner tous les popotins dans un rayon de plusieurs kilomètres (les variations de rythme sur ce riff à 0'50 sur « LTBSBMBT », la reprise du riff à 3'14 sur « Prey »). Les ''nombreux'' soli et mélodies présents sur ces trois chansons sauteront également d'emblée aux oreilles des habitués et on en aura confirmation par la suite, cette galette contient en effet plus de leads qu'à l'accoutumée (quasiment un sur chaque piste), qui participent souvent magnifiquement à l'ambiance du titre (« Asylum Cave » à partir de 2'24 par exemple). Alors, trois titres et la messe est dite? Heureusement non. Même si l'album accuse un peu le coup après cette introduction fracassante avec deux titres légèrement en dessous et par trop classiques (« Hostile » et « Fritzl », ) les Stéphanois parviennent à maintenir l'auditeur captivé grâce à des titres efficaces avec quelques surprises notamment les deux featurings de Svencho (a qui l'on doit également la pochette) sur la très bonne « Unborn Infected Children » et de Majewski dont les gargouillis viennent engraisser le mid-tempo bien accrocheur d'une « A Quiet Day » qui sait parfaitement allier mélodie et lourdeur. Le début de « Swallow » laissera timidement la place à quelques velléités plus hardcore-punky redonnant à l'album un brin de folie s'il en était besoin (et ce riff groovy à 1'18!) quand « Lethal Merycism » posera une ambiance plus sombre avant une fin mélodique et dansante. Même les scratchs un peu incongrus de « Drowning » (et ses voix à la Dimmu Borgir(!) en intro) ne viendront pas ternir une fin d'album impeccable qui fait parfaitement écho au début tonitruant. On retrouve aussi naturellement sur ces 45 minutes les riffs thrashy headbanguants aux petits oignons dont le groupe a le secret (« Unborn Infected Children » à 58'').
Si la production est sensiblement calquable sur celle d'
« Icon », à la fois chaude et puissante, on remarquera toutefois une grosse caisse plus en avant au son malheureusement trop synthétique. On sent par contre que Kevin Foley a pleinement trouvé sa place au sein de Benighted, son jeu se faisant plus personnel et intéressant. Niveau lyrics c'est sans surprise vers un esprit psychologiquement tordu que s'est une fois de plus tourné Julien en évoquant un personnage tourmenté et obsédé par ce bon père de famille qu'est Josef Fritzl, tout un programme!
Avec « Asylum Cave » Benighted nous démontre qu'ils sont bel et bien décidés à réaliser une discographie sans l'ombre d'un point noir. Continuité direct de ses aînés, ce petit dernier contentera sans aucun problème tous les drogués des émotions musicales extrêmes. Même si à force de nous pondre des albums d'une telle trempe je peux en paraître presque blasé (les quelques titres que je considère comme en-dessous du reste (« Hostile », « Fritzl », The Cold Remains » et « Shadows Descend ») feraient très certainement office de classiques chez le groupe lambda), ne vous y trompez pas: « Asylum Cave » reste de la came de première qualité. Chapeau bas messieurs! Un album à ne pas écouter en rentrant d'un footing sous peine d'overdose.
PS: à noter que l'édition limitée contient en bonus track une reprise de Nasum.
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