Benighted et moi, c’est une vraie belle histoire d’amour.
(Oui bon ça va hein, après de longs mois de rupture chroniquatoire je peux bien me permettre une phrase d’accroche un peu pompeuse, non ?)
Bon une histoire d’amour maculée de sang sur les murs et de morceaux de bidoche éparpillés, évidemment, mais une histoire d’amour quand même ! Depuis l’énorme claque que fut « I.C.P. » à l’époque (dix-huit ans déjà !) les Stéphanois n’ont jamais cessé, avec plus ou moins de plaisir, de squatter mes cages à miel. Avec plus ou moins de plaisir oui car, comme toute belle histoire d’amour, elle a eu ses hauts et ses bas, malmenée par les nombreux changements de line-up opérés sur les dernières années et deux dernières offrandes
(« Necrobreed» en 2017 puis l’EP
« Dogs Always Bite Harder Than Their Master ») qui n’avaient pas réussi a totalement m’embarquer, n’effaçant jamais en moi la nostalgie de l’époque bénie « I.C.P. » /
« Identisick ». C’est donc avec presqu’un peu de détachement, comme l’on regarde sa femme le matin au réveil après dix-huit ans de vie commune, que j’appréhendai ce nouvel effort de nos frenchies. Finalement après plusieurs écoutes, je fus ravi de constater que « Obscene Repressed » revenait quelque peu sur des terrains plus à même de me séduire, tout comme on se dit certains matins, même si tout n’est pas parfait,
«Allez, ne sois pas si dur, elle est quand même sacrément cool ta moitié… ».
Si je voulais avoir la dent un peu dure, je pourrais commencer par vous dire que finalement « Obscene Repressed » reprend peu ou prou la suite de
« Necrobreed » sans aucune surprise, mettant l’accent sur l’aspect grind et foncièrement frontal de la musique des Stéphanois, voire que l’on perdrait presque le fil de l’écoute passés huit ou neuf titres et une « Mom, I Love You The Wrong Way » un poil moins enthousiasmante que le reste… Que le son, toujours signé Kohlekeller Studios, est sec comme un coup de trique, que si la batterie et la basse s’en trouvent bien percutantes, on regrettera des guitares un poil perdues dans le mix et perdant de leur impact…
Oui mais voilà, force est de reconnaitre qu’à l’instar de sa magnifique pochette signée Grindesign, « Obscene Repressed » est d’une sauvagerie absolue qui fera rapidement oublier ces quelques scories. Emmené par un Kevin Paradis absolument monstrueux imprimant une dynamique de tous les instants durant tout l’album par ses changements de plans incessants (des blasts furieux par palettes, des rasades de double destructrices, des plans plus groovy… un vrai bonheur), ce dernier rejeton pourrait peut-être même revendiquer le titre d’album le plus violent de Benighted (c’est dire !). Il suffira d’ailleurs des premières secondes du titre éponyme pour s’en convaincre, et que dire de « Brutus » qui après une intro d’arpèges acoustiques envoie la purée avec une violence totalement débridée. Bref, inutile de citer tous les titres aucun ici ne lèvera le pied durant les trente-huit minutes de l’album. Il serait bien évidemment absurde de compter sur Julien pour adoucir l’ensemble, sa prestation encore une fois impressionnante n’est qu’un débordement de growls gargouillants, de reee-reee grinçants et d’éructations de psychopathe… Encore une fois du grand art de la part du frontman dont la gentillesse naturelle est inversement proportionnelle à la sauvagerie délirante dégagée sur cet opus.
Toutefois, si « Obscene Repressed » est un album foncièrement sans concession au riffing acéré et mené pied au plancher la plupart du temps, Benighted nous accorde quelques passages plus groovy, aspect qui me manquait le plus dernièrement en comparaison avec les albums du milieu des années 2000. Certes on n’est pas au niveau d’un « Collapse » ou « Nemesis » qui resteront la référence en matière de fête du popotin mais certains passages foutent quand même comme une sacrée envie de taper du pied (sur qui vous voulez) : « Obscene Repressed » à 1’24, « Nails » à 31’’, « Brutus » à 1’20, le début de « The Starving Beast » ou de « Implore The Negative », « Muzzle » à 45’’, « Scarecrow » à 21’’, « Undivided Dismemberment » à 24’’, le début de « Bound To Facial Plague »… d’autres mettront plus l’accent sur une rythmique saccadée comme sur « Implore The Negative », « Casual Piece Of Meat », « Undivided Dismemberment » ou sur le titre bonus « The Rope »… ou encore un côté écrasant comme ce break à 2’59 sur « Bound To Facial Plague » soutenu par ce grogrogrowl de Julien. On aurait presque aimé davantage de passages comme celui-ci mais visiblement le cahier des charges d’ « Obscene Repressed » ne mentionnait que le terme ‘’
boucherie’’.
In fine, si ce neuvième album de Benighted ne prendra personne par surprise et s’il ne perturbera pas la hiérarchie établie dans mon petit cœur de fan (en même temps allez-y, vous, chercher des albums comme « I.C.P. » ou « Idenisick » !!), il marquera quand même les esprits par sa brutalité et sa sauvagerie complètement outrancières tout en parvenant à ménager quelques passages bienvenus plus dansants, lourds voire même un brin de mélodie sur la fin de « Bound To Facial Plague ». Bref, même si la lune de miel est un lointain souvenir, le divorce est loin d’être à l’ordre du jour.
PS : comme à l’accoutumée les paroles d’ « Obscene Repressed » ne sont qu’amour et beauté des sentiments, relatant l’histoire de Michael, petit garçon souffrant d’un bec de lièvre, rejeté par les siens, se construisant un univers mental totalement sain bien évidemment et prêt à tout ou presque pour assouvir son complexe d’Oedipe, c’est que de l’amour qu’on vous dit !
PPS : certaines éditions contiennent deux titres bonus, « The Rope » totalement dans l’esprit de l’album ainsi qu’une reprise survitaminée de « Get This » du gang de Des Moines, autant vous dire que ça envoie du steak !
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