Balance Of Terror - World Laboratory
Chronique
Balance Of Terror World Laboratory
La région des Hauts-de-France (anciennement Nord-Pas de Calais) a depuis toujours été un terreau fertile au sein de la scène hexagonale, si LOUDBLAST a ouvert la voie et fait encore aujourd’hui partie des parrains locaux, une foule de formations a pris le relais notamment ce quartet de Saint-Omer qui va sans doute faire parler de lui dans un avenir proche. Jouissant déjà localement d’une petite réputation après des prestations scéniques enflammées, le combo formé en 2014 n’avait jusqu’à présent sorti que deux titres (uniquement disponibles sur le net) et s’est appliqué avec soin à l’écriture de ce premier album, qui sort directement sans passer par la case Démo ou EP. Évoluant dans un registre Death brutal aux sonorités Grindcore il revendique comme influences notamment ENTOMBED, CANNIBAL CORPSE, SUFFOCATION, BRUTAL TRUTH et NAPALM DEATH, dont d’ailleurs l’ombre de ces deux derniers revient de manière régulière tout au long de cette demi-heure où rien ne résistera à leurs assauts répétés, et qui passera à une vitesse folle (à l’instar du tempo global du disque).
Reprenant des thèmes déjà utilisés dans le genre par le passé, le groupe développe une critique virulente et acerbe de l’humanité et de ses nombreux travers, notamment via son nom qui provient d’une expression concernant la course à l’armement nucléaire pendant la guerre froide. Tout cela se retrouve dans leur musique dès les premières notes de l’intro à la fois lourde et écrasante qui sert de rampe de lancement parfaite pour la suite à venir. Tout d’abord avec « Gap » où les blasts apparaissent d’entrée au milieu d’une série de growls et de cris en alternance, avant que la double fasse son apparition via un enchaînement entre parties rapides et d’autres plus massives, qui suit le rythme imposé qui est d’une grosse densité et variété. En effet plutôt que de rester dans le bourrinage intempestif et en continu la bande a l’excellente idée de proposer énormément de variations et cassures, n’hésitant jamais à s’alourdir ou accélérer quand le besoin s’en fait sentir, du coup dès ce premier titre on est totalement conquis, tant celui-ci se révèle d’une grande maîtrise et d’une puissance imparable où l’on sent que Mark "Barney" Greenway et ses acolytes sont passés par là. Même constat pour « Erase » plus direct et brut qui enchaîne sans coup férir les passages les plus brutaux avec d’autres plus remuants et massifs, le tout avec des riffs bien gras à la ENTOMBED et des pig-squeals distillés avec parcimonie (afin d’éviter d’être caricatural et ennuyeux), pour là encore une boucherie riche en goût. Avec « Intelligence Failure » c’est SUFFOCATION qui est mis à l’honneur, tant les passages plus lents et écrasants ne sont pas sans rappeler ceux joués par Terence Hobbs, et là encore ça joue avec brio et ça passe absolument tout seul, tout comme l’ultra-radical « Rest In Beast » qui en moins de deux minutes nous propose une montée progressive dans sa furie, avant une explosion furibarde qui ne laisse pas de place au calcul et au doute sur les intentions de la bande, qui se lâchent encore plus qu’auparavant.
Bien qu’ayant atteint son apogée énergique et bruyante, la suite un peu plus posée et différente du reste va également capter l’auditeur sans aucun problème, car ici il y’a plus de place laissée aux ambiances, notamment grâce à des morceaux qui s’allongent mais qui ne perdent pas de leur intérêt et homogénéité. En effet « Wave Of Panic » se fait d’une lourdeur presque indécente, où se joignent des parties remuantes bien troussées, sans oublier l’essentiel pour briser les nuques et faire headbanguer les foules, pour un titre bien plus massif que les autres mais tout aussi tortueux. Avec celui du nom de l’opus place à plusieurs parties différentes où se mêle l’intégralité de la palette des nordistes, et des moments plus lents et angoissants qui vont créer un côté presque religieux pour servir de base à l’ultime plage intitulée « Ecclesiastical Putridity ». Avec ce nom qui colle parfaitement au sujet proposé pour clôturer les débats, on retrouve à la fois l’énervement général de la bande et des chœurs à la fois monacaux et grégoriens, posés sur un tempo au ralenti qui s’agglomèrent parfaitement au reste, avant que l’ensemble n’en termine par une ultime dose de brutalité éphémère.
Avec une dynamique qui ne faiblit jamais, un batteur dont le jeu tout en variations fait des merveilles et une qualité de chant et d’écriture constante, c’est une excellente surprise à laquelle on ne s’attendait pas, tant le genre pratiqué a tendance à un peu tourner en rond ces dernières années (et où peu de nouveaux venus émergent convenablement). Les différents éléments sont assimilés et joués avec une fluidité impressionnante, tout en ayant droit à une production de qualité et homogène qui sonne relativement naturelle. On savait la scène Française au top en ce début 2017 qui offre une multitude de nouveautés incroyables, nul doute en tout cas que les géniteurs de ce laboratoire mondial vont faire parler d’eux prochainement (et sans doute plus loin dans l’avenir), bien au-delà de leur région natale qui s’est déjà aperçue de leur talent depuis quelques temps.
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