Lurid Panacea - The Insidious Poisons
Chronique
Lurid Panacea The Insidious Poisons
47 titres pour 24 minutes. Alléchant, n'est-ce-pas ? Je sais que l'amateur de Grindcore que tu es salive déjà devant tant de promesses... Ben tiens, je vais en rajouter une petite couche. Sais-tu qui sont les deux maniaques qui se planquent derrière Lurid Panacea, "The Insidious Poisons" et cette pochette qui n'aurait jamais dû passer le contrôle technique ? Le bloke Adrian Cappelletti (Incinerated, Disentomb) en charge des cordes et du chant, et le Canadien Isaac Horne (Sulfuric Cautery) derrière les fûts, pour faire ce qu'il sait faire le mieux : convulser. Tu es excité ? C'est normal, et tu as bien raison de l'être, tant ce premier full-length, qui succède à deux démos, se révèle savoureux au fil des écoutes.
J'avais eu le plaisir d'évoquer Sulfuric Cautery dans nos colonnes, leur album "Chainsaws Clogged With The Underdeveloped Brain Matter Of Xenophobes " m'ayant proprement scié. Pourtant, c'est un album compliqué à aborder, comme l'est d'ailleurs son père spirituel, "Putrefaction in Progress", qui a contribué, je pense, à définir les limites de ce que l'on peut considérer de "musical". "The Insidious Poisons" est, à mon sens, un versant un peu plus tranquille, plus audible... Ce qui ne signifie pas que son ascension sera une partie de plaisir. Bien au contraire.
Quand on voit l'étiquette "Technical" apposée à un disque de Metal, on s'attend systématiquement à une débauche de performances masturbatoires, purement dans la démonstration, rien dans l'émotion. Les compositions sont volontairement longues, très complexes, pour que même le péquin moyen sans notion de solfège (comme votre serviteur) puisse se rendre compte du travail abattu. Et c'est là que nos deux compères sont malins - ou plutôt, qu'ils s'en branlent royalement. Ils savent jouer, bien mieux que les trois quarts des groupes de Grindcore, c'est une certitude. Mais ils mettent tout ce talent et cette maîtrise au service d'un disque à l'image de sa pochette : un foutoir sans nom dans lequel on a bien du mal à retrouver ses petits. Mais auquel on adhère sans réserve, pour peu que l'on goûte au style proposé.
Si "The Insidious Poisons" me séduit autant, c'est qu'il conjugue ce qui me plaît le plus dans chacun des univers dont il se revendique. La férocité du Grindcore ? Pas de problèmes, c'est du blast, du blast, et encore du blast, sur un lit de chant glaireux à souhait, pour un feeling straight in your face qui a fait, et continue de faire, les plus belles heures d'Insect Warfare. Les guitares contondantes, au scalpel, qu'on pourrait croire sorties d' "Onset of Putrefaction" ? On t'en met double-dose, Adrian Cappelletti prouvant, durant 24 minutes, qu'il en a sous le pied. Heureusement, le disque est court, car on cherche à reprendre pied en quasi-permanence, tant le tempo, toujours extrêmement soutenu, change régulièrement, tant il est compliqué de suivre les délires saugrenus des lignes de guitare et de basse, ou de se raccrocher aux poignets d'un Isaac Horne, plus que jamais machine de guerre, entre roulements en cascades et avalanches de gravity blasts.
"The Insidious Poisons" fait son trou, et en met partout. Lurid Panacea distille, dans des titres aussi courts qu'explosifs, un concentré de violence à l'état pur. Forcément, comment voulez-vous ne pas prendre votre pied quand les deux chefs en cuisine sont aussi talentueux, et généreux ? Oui, "The Insidious Poisons" pourra paraître vain, gratuit dans ses envolées de manches et de frappes, et pourtant, il a été concocté avec tellement d'envie, de passion et de maîtrise qu'on se tait, puis savoure, ce beau morceau conditionné en petites bouchées, relevées à souhait. Un plaisir coupable ? Oui, mais un plaisir avant tout.
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