Wormhole - The Weakest Among Us
Chronique
Wormhole The Weakest Among Us
S'engager dans un album de Brutal Slam, ce n'est pas chose aisée. Le genre ne date pas d'aujourd'hui car l'utilisation compulsive de breaks bien casse-dents et l'absence de finesse, Devourment le faisait déjà en 1999. Mais la bulle a explosé durant la décennie 2010, notamment grâce à l'ère Internet, la facilité d'accès aux technologies du son ainsi que la multiplicité des studios qui ont permis un bond dans la recherche du grain dégueulasse et de la cassure nette et précise.
Durant ces dernières années, le Brutal est allé vers plus de blasts, plus de breaks basé sur le down tempo, jusqu'à atteindre des sommets absurdes où on arrive à plus de breaks que de musique voire des breaks en cascade – sauf que ce n'est pas le nec plus ultra – le tout ponctué de pig squeals toujours plus incompréhensibles, en mode "le growler fait un son continu, il a chanté un paragraphe entier".
Ajouté à ça le fait que ce genre a fait énormément d'émules jouant sur des gimmicks répétés ad nauseam, que la chaîne youtube SLAM WORLDWIDE déverse à la tonne, autant dire que s'engager dans un genre aussi codifié et stagnant, c'est tout sauf une sinécure.
Et pourtant, alors que je n'y croyais pas, une exception est parvenue, tel un rayon de soleil en pleine nuit. Provenant d'un groupe dont les précédentes sorties ne m'avaient pas convaincu, la faute à ces cris trop présents, ce son trop percutant et un sentiment de “blend violent” généralisé qui fait que je ne retenais rien.
WORMHOLE arrive en 2020 avec son “The Weakest Among Us”, et il est là pour mettre tout le monde d'accord.
Ce qui frappe dès le premier morceau, ouverture parfaite pour appréhender le disque, c'est cette intro à la fois brutale dans le growl et le développement des riffs, le tout sur une base Tech Death avec une grosse assise de la basse et un traitement sonore clair. Puis c'est parti, les vocals passant du hurlement guttural au pig squeal qui fait les grandes heures du Slam, le batteur n'en finissant pas de suer sur ses fûts pour tricoter des rythmiques suffocantes, le tout avec une technicité à la guitare qui n'a rien à envier aux élans virtuose de la scène Tech. Vient le break, et ça repart comme en 40. La forte valence technique se fera ainsi présente à plusieurs reprises. Dans “Ultrafrigid”, le brutal est certes un peu en dessous, justement parce que la touche Tech prend son assise, et vient prouver la valeur exigeante du groupe dans son écriture et son exécution. Un tel titre te laisserait présager du violent neuneu, pas du tout.
Ceci me permettant d'évoquer un de mes titres favoris, “D-S3”, qui fait un parfait mélange des deux écoles, apportant l'exigence des parties jazzy qui n'ont rien à envier à du Death à partir de Human. Ceci permet au groupe de s'élever vers des sommets émouvants et sensibles, pour nous conduire en des cercles que je n'aurais jamais cru atteindre dans du Brutal Slam. Parce qu'on a une utilisation intelligente et réfléchie des codes : chaque élément slam sert un propos et n'est pas utilisé par automatisme ou mimétisme. C'est judicieux et pertinent.
Au fil des écoutes, tu vas sentir que l'ensemble est réellement solide. “Quad MB” saura par exemple bien faire la transition vers des éléments plus directs, par des blasts omniprésents et des changements sans fioritures, dégageant tout un ensemble de slam parts sans ménagement, lorgnant parfois du côté Breakdown par des articulations purement méchantes. Parce que si tu viens en tant que Slam head, tu seras servi : entre les blasts alternés sans broncher sur “rA9_myth” ou le brutal total de “Wave Quake Generator Plasma Artillery Cannon” menant à un solo qui t'élève le tout en douceur et te permet de respirer un peu, tu ne seras pas déçu du voyage.
Mais suis-je en train de sentir que tu en souhaites davantage ? “The Gas System” te donnera entière satisfaction, puisqu'on tient la piste plus intéressante de l'album dans sa manière de créer une ambiance oppressante et urgente, via ces sons des guitares qui ont clairement un truc en plus par ce côté “alarme” très présent.
Avant de finir sur un “Ingswarm” qui te laisse là, à contempler le désastre que tu t'es pris dans la tronche. Mais un magnifique désastre, une écriture du chaos en mélangeant les genres comme rarement il a été fait ces derniers temps.
Sur une durée de 28 minutes, le dernier méfait de WORMHOLE est une valeur sûre : t'as pas le temps de t'ennuyer, et tu enchaînes les breaks velus tout en voyageant dans des pistes Tech. C'est simple, cet album n'aura qu'un seul défaut : à jouer sur plusieurs tableaux, pas sûr qu'il satisfasse ceux qui cherchent du Tech Death entier ou du Brutal Slam pur jus. Ceci dit, il me semble que les américains ont comme renoué avec une manière old school d'envisager le Death Metal. Dans les 90's, la frontière Brutal-Tech pouvait être ténue, notamment avec des formations telles que SUFFOCATION. J'ai ainsi cette agréable sensation qu'ils font du vieux avec du neuf : ils ont utilisé les éléments du Slam moderne pour proposer une réécriture du Tech de l'époque. Ceci apporte l'immense valeur forte de ce disque, à savoir un son net et original, conférant une véritable identité à cette musique.
Et signaler ça en 2020 dans le genre du Brutal Slam, c'est signe d'une grande réussite.
| MoM 20 Février 2020 - 1971 lectures |
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