Bhleg - Fäghring
Chronique
Bhleg Fäghring
Parfois le hasard fait bien les choses et en 2022, pour le premier avril, le label suédois Nordvis Produktion propose un nouvel album de BHLEG ! Ah, la bonne BHLEG ! Mais non ! En fait c’est un mot qui signifie « Briller » et qui tire son origine du proto-indo-européen ! Du coup, c’est plutôt sérieux ! Et en plus je le savais. Si, si, je le savais parce que c’est déjà le quatrième album du groupe suédois, et que je le suis depuis le premier, de 2014. C’était déjà sur ce label d’ailleurs… Je suis ravi de pouvoir enfin aborder ses compositions parce que sa musique a toujours été d’un grand intérêt, et si je n’en avais pas parlé, c’était juste à cause de mauvaises circonstances et d’occasions manquées. Mais mieux vaut tard que jamais et voilà donc BHLEG dans nos pages, avec en plus un album encore meilleur que les précédents… et qui bénéficie enfin d’une pochette qui fait envie !
Deux personnes sont à l’origine du groupe, L., qui s’occupe de la majorité du chant, et S. qui est maître des instruments et fait quelques apparitions vocales (cris, chuchotements…). Ils se sont vite trouvés des points communs musicaux puis existentiels, et c’est ainsi qu’après leur premier album de 2014, ils ont eu l’envie de créer une œuvre spirituelle, conceptuelle, et étalée sur quatre opus : une tétralogie organisée autour des saisons, et plus largement autour de la nature et des forces cosmiques. Solarmegin (2018) était consacré à l’été, Äril (2019) à l’automne, Ödhin à l’hiver. Et nous voici donc arrivés à la fin du voyage, à la saison restante : le printemps. Fäghring et ses 7 pistes. Fäghring et ses 55 minutes. Fäghring et un accomplissement synonyme de renaissance, de nouveau départ. Le groupe le dit lui-même : « la plus radieuse des aurores vient après la nuit la plus noire, et l’étincelle de vie illumine tout ce qui a été englouti par les ténèbres. ». Très belle et très juste description, qui montre bien l’étendue du concept et pourrait même suffire pour décrire l’album.
Le printemps apporte la lumière, le réveil de la faune et de la flore, et à travers tout cela la renaissance et l’espoir. C’est alors une nouvelle fusion entre l’âme et le corps, mais aussi entre l’homme et son environnement qui semblent alors réalisables. Et la magie de cet album est de réussir à retranscrire toutes ces impressions en musique. Le fond et la forme se mêlent parfaitement et dessinent une magnifique fresque qui résonne dans la tête et dans le cœur de l’auditeur. Des images se forment à l’esprit, mais l’air aussi semble se réchauffer légèrement, comme si les premiers rayons de soleil du printemps étaient apparus pour caresser notre visage. Le black metal pur se pare alors sur chaque piste d’éléments pagan ou folks. Mais aussi et surtout d’influences shamaniques qui rendent cet album si unique, si pertinent. Ce sont des chœurs masculins ou féminins, des percussions, des instruments à vent et d’autres éléments encore qui se glissent dans les compositions, parfois superposés à des sons de la nature, et qui transcendent les ambiances.
Et alors que les albums précédents de BHLEG étaient bons, celui-ci est excellent. Il les surpasse tous, et surpasse également ce que font la plupart des groupes officiant dans ce style. Il propose une véritable évasion, mais une évasion qui réveille nos sens et nous guide vers nos racines, que l’on redécouvre même sans les connaître, parce que ces musiques parlent à ce qui est enfoui au fond de nous, au fond des Hommes.
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