S’il revient à peine plus d’un an après l’Ep
« La Grande Mascarade », il a fallu trois années à Sven et ses acolytes pour donner une suite au décevant
« Terrorvision » qui marquait un net essoufflement après plusieurs disques de qualité. Si le résultat était loin d’être raté l’ensemble donnait néanmoins une impression de pilotage automatique un peu trop exacerbée, conjuguée à un manque flagrant de morceaux mémorables qui passeront l’épreuve du temps. Cependant on avait quand même hâte d’entendre ce nouveau volet vu que ce court-format sorti récemment montrait de bonnes choses et notamment le retour à une certaine forme de classicisme, loin des excès modernes et Deathcore que l’on a pu entendre sur les précédentes livraisons du groupe. Du coup fort d’un line-up toujours identique et motivé comme jamais du fait de l’absence de concerts le quatuor se présente sur le papier en grande forme, et se sait attendu au tournant et sans droit à l’erreur s’il veut conserver son prestige et son statut.
Et une fois l’introduction (« Verderf ») terminée force est de reconnaître que ce nouvel album démarre franchement sous les meilleurs auspices avec tout d’abord le très agréable « ManiaCult », qui bien qu’étant sans surprises propose un bon équilibre entre lourdeur massive et tabassage intensif tout en étant relativement sans excès sonores. Si ça sonne ultra-classique et presque prévisible ça n’en reste pas moins très efficace et cela va aller crescendo avec l’excellent « Impetus Odi » direct et sans compromis, où l’alternance est encore de rigueur mais avec un certain retour au style de
« The Archaic Abattoir », particulièrement plaisant et aguicheur. D’ailleurs sur cette première partie d’opus ce ressenti va encore s’entendre et tout d’abord sur le monstrueux « Dementophobia » qui a tout ce qu’il faut pour cartonner sur scène, et on ne va pas s’en plaindre. Se montrant hyper entraînant et propice au headbanging sur les passages rapides comme sur ceux plus lents et écrasants cette plage confirme la bonne dynamique entendue jusqu’à présent, et montre un groove implacable et bien remuant comme on ne l’avait plus entendu chez la formation depuis un bail, et cela fait plaisir à entendre. D’ailleurs ce ressenti positif va perdurer sur le tout aussi réussi « A Vulgar Ouagmire » qui est probablement la composition la plus violente et extrême proposée ici, tant la vitesse y est ultra-majoritaire (seulement interrompue par de courts moments au ralenti portés par un tapis de double suffocant) et propose ainsi un démontage de cervicales en règle cohérent et frontal, qui renvoie vers « Goremageddon : The Saw And The Carnage Done ».
Après cette première moitié hyper agréable et sans fautes de goût notable (hormis le mitigé et redondant « Portal To Vacuity »), la seconde va quant à elle continuer sur les mêmes bases d’abord avec le très bon et intense « Ceremonial Ineptitude » où la densité est de rigueur, et surtout via l’étouffant et rampant « Drag Me To Hell ». Si les riffs froids et futuristes peuvent au départ faire penser à un retour du son clinique et électronique cela ne dure pas heureusement, et la suite va montrer un visage plus oppressant et écrasant, même si évidemment les explosions de vitesse et les accélérations ne sont pas oubliées. Tout cela offre ainsi un rendu dense où l’alternance est de mise pour une accroche immédiate, à l’instar du tout aussi bon « Grotesque » qui là-encore lève le pied sur un temps plus important, mais toujours sans oublier le headbanging de rigueur. Si l’ensemble se termine de façon un peu décevante avec « I Prediletti : The Folly Of The Gods » qui fait surtout office de remplissage (malgré ses arpèges d’introduction agréables et ses parties tribales sympatoches), car ça reste trop lambda et quelconque pour captiver sur la longueur, mais vu le résultat global proposé durant 40 minutes cela n’est finalement pas si grave.
Car même si ça reste calibré à outrance et que ça n’est finalement qu’une livraison de plus dans une désormais longue discographie ce cru 2021 est le meilleur depuis le très bon
« Retrogore », et confirme le retour en forme du chanteur belge et de ses camarades de jeu. Un peu de passe-partout, du léger remplissage et pas mal de bon voire très bon (aidé en cela par une certaine sobriété sonore), voilà comment on peut résumer cette galette de très bonne tenue qui ne changera pas le statut de ses créateurs ni attirera de nouveaux fans, mais conservera ceux déjà présents qui se satisferont sans problème de ce onzième volume qui se place facilement dans le haut du panier de sa deuxième (et actuelle) partie de carrière.
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