Revoilà mes chouchous d'Exmortus, de retour tous les deux ans pour un nouvel album que j'attends toujours avec impatience tant le groupe a pris une autre dimension depuis
Slave To The Sword. Et comme d'habitude, le line-up a bougé. Il a même complètement explosé pour le coup puisque seul le chanteur/guitariste Jadran "Conan" Gonzalez reste en place. Tous les autres ont quitté le navire, remplacés par des musiciens toujours d'origine hispanique (on est en Californie du Sud!), sauf le deuxième guitariste emprunté à leurs potes thrashos de Warbringer, tout comme le batteur de session Carlos Cruz, également ex-Hexen (RIP).
Mais c'est à peu près tout ce qui a changé chez Exmortus. Le style power/thrash/death mélodique (à peu près) aux saveurs néo-classiques est toujours d'actualité, le label Prosthetic Records toujours apposé au dos du disque, la pochette manowarienne "épées et muscles saillants" toujours signée Philip Lawvere, le titre de l'album
The Sound Of Steel toujours ultrametal, la production toujours moderne, claire et puissante, la reprise classique métallisée de Beethoven toujours placée là où il faut ("Tempest"). Et la qualité? Toujours là aussi et c'est bien l'essentiel! Malgré les remaniements de personnel, Exmortus continue de tracer sa voie, mené par le brillant Jadran "Conan" Gonzalez. Le mix entre thrash pur sur du tchouka-tchouka bien enlevé ou du mid-tempo headbangant et orgie de solos et autres leads très mélodiques fait à nouveau mouche. L'efficacité, l'énergie du thrash et du metal extrême par le biais de la voix râpeuse du frontman (et ça blastouille même un poil à un moment sur "Make Haste" et "Riders Of Doom"), mêlées aux envolées lyriques des guitares, miam miam! Si Exmortus réussit déjà à convaincre par ses rythmiques dynamiques, c'est bien sûr son travail mélodique qui fait la différence et force le respect. Le feeling se fait encore des plus savoureux sur ce
The Sound Of Steel. Ça shredde à mort sur les nombreux solos, ça gazouille magnifiquement de mélodies assez simples mais qui marquent et qui demandent tout de même une technique et un toucher exemplaires. C'est qu'ils maîtrisent leurs gammes les Américains, souvent du néo-classique qui ferait plaisir à ce cher Yngwie Malmsteen. On sent que les mecs ont été bercés au classique comme sur "A Minor Instrumental", trois minutes de démonstration jouissive ou bien sûr "Tempest", une revisite de la "Sonate pour Piano n°17" de Beethoven qui n'a jamais aussi bien portée son surnom de "Tempête" (d'où le titre). Les autres morceaux en sont aussi plus ou moins remplis de ces gourmandises auditives, pour qui aime ce genre de sonorités du moins, ce qui ne sera pas le cas de tout le monde.
Et tout ça, ça nous donne dix titres sacrément costauds plein de fougue et de moments de bravoure. "Into The Maw Of Hell" est peut-être un peu en-dessous avec ce riff mid-tempo générique et ce refrain pas inoubliable, rehaussé heureusement d'accélérations thrash et de mélodies envoûtantes qui font qu'il est difficile de parler de mauvais morceau. Il s'agit plutôt du "moins bon mais bon quand même". On aurait alors pu craindre qu'en troisième position,
The Sound Of Steel commence déjà à s'essouffler un peu alors que le titre d'ouverture "Make Haste" donnait pourtant bien le ton dans le pur style Exmortus et que le suivant, "Feast Of Flesh", plus simple et moins fouillé mélodiquement, faisait le plein d'efficacité en tant que tube du disque. Évidemment pas du tout car les Californiens balance à la suite un génial "To The Ends Of The Earth" pour ne plus jamais redescendre en inspiration jusqu'à la fin. La meilleure piste de l'œuvre avec l'incroyable "Turn The Tide" et la plus épique "Riders Of Doom" et ses "hey hey hey" au démarrage taillés pour le live (sans oublier la folle "Tempest"). On fera "hey hey hey" aussi sur le glorieux "Stength And Honor" qui introduit du chant clair heavy metal, contrastant avec les vocaux rugueux blackisants. C'est très léger, simplement utilisé en chœur sur le refrain, mais voilà une des rares fautes de goût de l'opus. Les montées ultra aiguës sonnent en effet plutôt comme une parodie qu'un vrai chant heavy. On appréciera le clin d'œil à un style que les membres chérissent mais on ne s'improvise pas chanteur de heavy, tout le monde n'est pas Rob Halford! Le combo remet ça sur le dernier titre "Victory Or Death!" avec toujours aussi peu de réussite. N'enlevant toutefois rien à la qualité de ce morceau qui remplit parfaitement son rôle.
Aucune surprise à attendre de ce
The Sound Of Steel pour qui connait déjà Exmortus. La recette reste la même et pourquoi changer après tout puisqu'elle fonctionne. Les gimmicks de la formation aurait pu commencer à lasser en nous sortant trois fois le même album. Que nenni! On mettra certes
The Sound Of Steel un petit rang derrière
Slave To The Sword et
Ride Forth parce que le groupe fait désormais partie des valeurs sûres et que l'on note deux-trois bricoles mais on ne peut pas dire qu'Exmortus se soit planté. Je reste assez époustouflé par le talent de ces mecs, leur technicité, leur feeling mélodique, leurs influences classiques/néo-classiques et leur efficacité toujours à un niveau canon. Une symbiose fort bien maîtrisée entre rudesse thrash et grande classe malmsteenienne pour du shredding power/thrash/death mélodique que l'on n'arrêtera pas de recommander.
4 COMMENTAIRE(S)
15/10/2018 21:45
En fait pour moi cet album souffre de la même pathologie que tous les autres: d'un côté t'as les morceaux style thrash néoclassique qui sont des coups de coeurs instantanés comme "Make Haste", "To the Ends of Earth" ou "Turn the Tide"... Et de l'autre les interludes sans intérêts qui font heavy/thrash mou (parce qu'Exmortus sans leur côté tech ça redevient une sorte de thrash revival très fade) et qui sont sans grands intérêts comme "Feast of Flesh" ou "Strength and Honor".
Donc au final j'aime bien mais bon. Voilà quoi. Je sais pas si ils auront un jour suffisament de matériel pour composer un vrai album complet, et pas deux trois tubes avec beaucoup de remplissage.
27/07/2018 09:13
Pour en revenir à l'album, i lm'a rassuré : Feast of Flesh est pour moi un gros plantage, on ne reconnaît juste pas du tout l'ADN du groupe. Ils ont voulu faire un tube, passons.
"C'est très léger, simplement utilisé en chœur sur le refrain, mais voilà une des rares fautes de goût de l'opus. Les montées ultra aiguës sonnent en effet plutôt comme une parodie qu'un vrai chant heavy"
J'aurais été moins avec des pincettes pour parler de Strenght & Honor : ce morceau - et c'est véridique - m'a filé la migraine. QUEL BORDEL SANS NOM !
Sérieusement, je trouve que c'est raté, le chant heavy est juste à la limite du supportable, je l'ai supprimé direct après deux écoutes
Hormis ces deux erreurs, l'album reste hyper solide, et je suis content de retrouver le style Exmortus qu'ils ont mis du temps à mettre en place aller dans des endroits qui mettent autant la misère. C'est assez fou la manière qu'ils ont d'assembler chaque élément de leur musique pour faire un tout aussi redoutable et efficace ; sacré tour de force !
Et étant donné qu'ils sont les seuls à proposer une musique comme celle-ci, avec ce type de son si particulier au groupe, eh bien la lassitude se fait moins sentir, car ça n'a pas été entendu mille fois ailleurs.
Au passage, je ne savais pas que Carlos Cruz a été dans Hexen. State of Insurgency est un putain d'album !
26/07/2018 21:01
C'est clair que les pochettes d'albums ne sont pas la qualité première du groupe !
26/07/2018 14:44