Ranger - Ylös Raunioista / Risen From The Ruins
Chronique
Ranger Ylös Raunioista / Risen From The Ruins
Faisant partie des fers de lance de la scène burnée de son pays RANGER avait démarré sa carrière en trombe en enchaînant à toute berzingue les sorties de qualité entre 2012 et 2016, avec comme point d’orgue le rutilant
« Speed & Violence » qui était sa dernière réalisation en date jusqu’à cette fin d’année 2022. Car il a fallu six ans aux Finlandais pour refaire parler d’eux (hormis une courte Démo publiée l’an dernier), une longue période de silence liée notamment au départ des deux guitaristes qui n’ont toujours pas été remplacés à l’heure actuelle. Du coup le binôme restant a décidé de s’acoquiner de membres de session afin de retrouver le chemin des studios, et surtout mettre en boîte un troisième opus que plus personne n’attendait et qui est sorti brutalement sans que grand-monde ne l’ait vu arriver. Si la musique du combo n’a jamais été moderne elle se fait ici plus primitive et dépouillée qu’auparavant, tant on a l’impression d’entendre une vieille démo enregistrée live qui risque de surprendre de prime abord… à l’instar du reste d’ailleurs ! Car outre cette pochette qui semble provenir d’un guide de survivalistes planqués dans un bunker en attendant la guerre nucléaire, c’est aussi sa durée de plus d’une heure et dix minutes qui va interroger… sauf qu’en fait les mecs ont cherché à brouiller les pistes vu qu’il s’agit d’un disque en deux parties avec les mêmes morceaux, la première chantée en finnois et la seconde en anglais. Hé oui ce sont huit compos jouées une fois chacune dans les deux langues, ce qui est finalement raccord avec le titre de ce long-format qui musicalement va heureusement rester dans la lignée de ces excellents prédécesseurs.
Pourtant au départ on va s’apercevoir que le duo a ajouté quelques éléments dans sa musique que l’on n’avait jamais entendu auparavant, et notamment des nappes de claviers angoissantes et des voix féminines douces sur « Ylös Raunioista / Risen From The Ruins », mais qui ne vont pas dépareiller au final. Car malgré ses accents mélodiques discrets mais efficaces le reste de ce titre va retrouver un rythme endiablé mené sur les chapeaux de roue et à l’écriture impeccable, même si ce début d’album va avoir vraiment du mal à totalement démarrer. En effet difficile de s’enflammer entre les chœurs un peu aléatoires de « Vallankumous / Revolution », l’interlude apaisant mais inutile (« Madot / Worms »), et un « Palvelija / Servant » qui joue nettement moins sur la vitesse (en voyant l’ajout de passages carrément calmes) mais qui au final traîne trop en longueur. Rien de mauvais ni de rédhibitoire mais loin ce que les nordiques ont pu nous proposer jusqu’à présent, fort heureusement cela va ensuite être largement oublié vu que la deuxième moitié de ce disque va être bien plus accrocheuse et revenir aux fondamentaux où explosivité et simplicité sont de mises, confirmant que c’est de registre plus direct et sobre qu’ils sont le plus intéressant.
En effet dès que retentissent les premières notes de « Putka / Pigs » on retrouve cette spontanéité et l’entrain boosté aux amphétamines est continu et sans chichis, aidé en cela par quelques plans en mid-tempo hyper remuants et des chœurs hypnotiques particulièrement saillants et agréables. On entend même à partir de ce moment-là des accents Punk typiques à l’entité et quelques riffs et solos d’obédience Heavy qui ajoutent un supplément de puissance à toute cette ambiance rétro ô combien agréable ! Car que ce soit sur « Supervalta / Abuse Of Power » ou « Kaupunkisissi / Guerrilla » le rendu est identique, à savoir qu’il est totalement jouissif et explosif vu que ces deux compositions ne lâchent que rarement le pied de l’accélérateur et dévoilent une facette plus sombre et rampante quand ça appuie un peu sur le frein et que ça s’alourdit juste comme il faut, aidant ainsi l’ensemble à gagner en densité et force de frappe. Tout cela mettant ainsi en avant toutes les variétés rythmiques de la bande qui s’en sert ainsi sur la clôture intitulée « Kansannousu / Insurgency » qui sent le JUDAS PRIEST à plein nez sur certains riffs bien massifs, et où l’on retrouve aussi bien les tempos explosifs que plus lourds afin de terminer dignement une réalisation aux deux visages.
Car si elle a eu du mal à prendre véritablement son envol du fait de ses expérimentations hasardeuses (mais qui ont au moins le mérite d’exister) elle rattrape largement le coup grâce à sa seconde partie impeccable et qui décoiffe en permanence. Si tout cela est un peu inégal et sera au final en dessous des précédents enregistrements réalisés jusque-là il n’en reste pas moins que cette galette a de belles choses à offrir et ne demanderont juste qu’un peu plus de patience et de persévérance pour totalement s’en imprégner. Etonnant de prime abord sans pour autant trop sortir de son chemin balisé ce nouveau chapitre comblera donc sans peine les fans des deux compères comme ceux qui ne les connaissent pas ou peu, tant ça pue l’authenticité et la sincérité et c’est bien le plus appréciable. Attention cependant à ce côté pilotage-automatique qui ressort parfois trop fortement et est plus prononcé qu’auparavant, il faudra donc à l’avenir surveiller cela au risque de tomber dans la routine et la redite et perdre ainsi ce qui fait son attractivité depuis ses débuts.
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