Dungeon - Into The Ruins
Chronique
Dungeon Into The Ruins (EP)
Si nos voisins Britanniques nous ont souvent prouvé toute leur qualité dans le domaine du bon vieux Heavy (notamment via la désormais mythique NWOBHM) ils ont également souvent brillé dans le Speed Metal le plus débridé et primitif, et si jusqu'à présent DUNGEON n'avait pas eu le droit d'être invité à cette table il fait ce qu'il faut pour s’imposer chez les grands. Car même s'il a presque une décennie au compteur son existence s'est écrite jusqu'à aujourd'hui en pointillé, n'offrant que deux Démos et un Ep jusqu'à maintenant où il revient avec du nouveau matériel particulièrement ravageur. S’il se présente toujours sous la forme du format court il voit cependant apparaître une écriture plus affûtée et une envie d'en découdre encore plus hargneuse, où il ne va pas faire de quartier et laisser les blessés et survivants au bord de la route pour mieux annihiler toute volonté de résistance. S'il a fallu cinq ans au quatuor pour pondre ces vingt-et-une minutes de musique on va tout de suite s'apercevoir qu'il a eu raison de prendre son temps, tant il fait un bond en avant par rapport à ses productions antérieures et prépare ainsi le terrain à un opus qui risque de faire très mal si ça se maintient à ce niveau. En effet les Londoniens ont mis dans leurs besaces respectives toute leur expérience passée sans pour autant en faire des tonnes en privilégiant un côté simple et rétro assumé, où la virulence et l'entrain vont passer avant tout le reste... comme va le prouver directement l'ouverture intitulée « Nagasaki Sunrise » qui va se faire délicieusement explosive et radioactive.
Car même si techniquement ça ne s'encombre pas de détails et où prévaut la simplicité sur tout le reste l'ensemble (à l'instar des autres morceaux) ne va jamais se montrer redondant et répétitif - et ce malgré sa primitivité de façade, vu qu'ici ça pue le Thrash à plein nez et balance la purée de façon pratiquement continue mais où quelques courts ralentissements surgissent afin de reprendre son souffle et d'éviter ce ressenti de recyclage permanent. Si évidemment tout ça est totalement minimaliste aussi bien du côté des riffs que de la batterie (qui exécutent le minimum syndical) ça réussit néanmoins par ces passages variés, comme ici avec un soupçon de mid-tempo idéal pour headbanguer et l'apport d'un solo délicieux à donner l'illusion de quelque chose de plus complexe et dense. Excellent dans tous les domaines et idéal pour fracasser les emmerdeurs et autres musiciens au déluge de notes dégueulasse, le combo pose ici les bases de ce que va être la suite proposée qui va être tout aussi excellent et réussie, notamment dans la foulée avec « Put Them In Their Graves » épique à mort et qui trouve le moyen de dévoiler une facette mélodique impeccable qui s'agglomère parfaitement dans la virulence déployée. Mention spéciale au lead joué ici qui offre des accents dignes des vieux IRON MAIDEN (dont l'influence générale va encore présente par la suite) ainsi que sur les parties jouées au ralenti comme plus rapidement où ça galope, et qui sent bon les grandes heures de la paire Dave Murray / Adrian Smith. Si le court et radical « No Light » va prouver que les Anglais ne perdent aucunement leur attractivité en se faisant encore plus primitifs (tant ici ça défouraille en jouant à fond en permanence) ils vont surtout exprimer tout leur gros potentiel sur le long et étonnant « Beneath The Church », où la rythmique va souvent s'effacer au profit d'ambiances plus apaisées mais qui ne s'éternisent jamais trop longtemps. Il aurait été dommage en effet de perdre ce qui fait le charme de cette galette et à ce petit jeu la bande y parvient facilement en se dévoilant de façon plus progressive, avant de jouer ensuite régulièrement sur l'alternance entre accélérations brutales et ralentissements apaisants où se mêle là-encore des accents guerriers de gala et des passages plus dramatiques et plaintifs, histoire de montrer que le combat est âpre et que les protagonistes ont besoin de reprendre des forces et de constater les dégâts de la bataille. Profitant de l'occasion pour montrer un rendu plus sombre et désespéré (où la lumière n'est cependant jamais très loin) l'entité montre ici un récital de tempos et d’ambiances qui est sans nul doute sa composition la plus aboutie de toute sa carrière, et offre ainsi de grandes perspectives pour son futur qui s'annonce glorieux si elle se maintient dans ce registre. Tout cela se concluant sur le varié et impeccable « Ruins » au nom parfaitement raccord, qui sort ainsi un résumé parfait en étant toujours aussi direct et inspiré que ce qui l’a précédé et n'a pas à rougir par rapport aux autres.
Du coup on aura compris qu’il n’y a rien à jeter sur cette galette qui file à toute allure et donne un sentiment de trop-peu une fois arrivé à son épilogue, vu qu’on a hâte d’entendre la suite sur une durée supérieure où logiquement tout le talent de ses créateurs finira par exploser littéralement à la face du monde. Remplies de solos de qualité et de moment explosifs implacables (aidés par la production naturelle au grain chaud et grésillant qui colle parfaitement au genre) ces plages se révèlent être taillées pour la scène, où il est certain qu’elles s’exprimeront là-bas de la meilleure façon possible et qui ont tout pour plaire au plus grand-nombre. En effet qu’il soit ou non amateur de simplicité et fan d’un côté old-school revendiqué et assumé il se délectera avec passion de chaque note proposée, avant d’en reprendre une rasade dans la foulée de la conclusion et de repartir pour un tour... preuve ainsi de la réussite intégrale et vivifiante signée par le groupe dont on n’a sûrement pas fini d’entendre parler.
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