Gribberiket - Knefall
Chronique
Gribberiket Knefall
Malgré une demo parue en 2008 – qui est introuvable – ainsi qu'une première édition de Knefall réalisée en 2013 par un label indépendant norvégien recordsofthefleshgod, en version cassette et édition limitée, il aura fallu l'année 2015 pour entendre parler de Gribberiket. Une découverte effectuée via une annonce passée par Dead Seed Productions, dans la partie « Demos et annonces » sur le forum privé. Le petit texte de présentation accompagné d'un titre plutôt accrocheur et fleurant bon Urfaust, aura suffi à attiser la curiosité. La tentation était d'ailleurs grande d'introduire cette nébuleuse formation par cette simple question : « Belge ou Néerlandaise ? » tant le rendu musical renvoie à cette scène. Pourtant il n'en est rien ! Il faut plutôt se pencher du côté de l'artwork mais aussi du logo afin de trouver l'origine de l'entité. Car ces travaux, facilement reconnaissables, sont bien l’œuvre du Norvégien Sindre Foss Skancke (cf. Diskord, Dødsengel, etc.), également à la tête du projet Utarm et qui tient le poste de guitariste/vocaliste sous le pseudo de SFS au sein de...Gribberiket.
Délivrant un doom expérimental dépravé – fleurtant allègrement avec le black –, les Norvégiens ont donc réussi à me titiller avec « De Bleke » et ses riffs tant lourds qu'entêtants, des passages noisy donnant plus d'ampleur, un chant maladif prenant ou encore la dualité entre vocaux criés et possédés – façon IX – venant en échos. Un mimétisme avec Urfaust un peu trop poussé que ce soit sur la seconde partie de « De Bleke » mais encore le morceau titre (à partir de 11:45). Mais malgré ce détail, le groupe creuse profondément le fossé par des sonorités plus rachitiques, froides et embrumées d'alcool. Car outre l'aspect occulte omniprésent, dans l'imagerie ainsi que de nombreux passages très ritualistes – la fin de « Knefall » notamment – mis en relief par des chœurs, du spoken world mais aussi des touches noises éthérées, Gribberiket ne cherche qu'à abraser et perturber l'auditeur. D'ailleurs la première écoute de l'album ne s'est pas faite sans mal, ce dernier dévoilant sa véritable personnalité : obscure et totalement aliénée.
Un ensemble difficile à appréhender tant cela semble manquer de cohérence. Je pense particulièrement à « Steinene », interlude semi acoustique sortie de nulle part et dérangeante au possible avec ces cris suintant la dépression. Un petit break qui n'a rien de salvateur et renforce le malaise déjà palpable dès les premières minutes par des riffs sonnant faux ou ce chant arraché particulier – qui n'aurait pas dépareillé sur Dictius Te Necare ou Death - Pierce Me. Mais aussi repoussante soit-elle, la musique des Norvégiens tient néanmoins en haleine, déviants et masochistes que nous sommes ! Une vision cauchemardesque accentuée par une production tant raw que rugueuse qui vous broie davantage. Pourtant au fil du temps vous vous habituez à la crasse ainsi qu'à la pénombre, relevant doucement la tête et décelant quelques connecteurs logiques ainsi que des subtilités ici ou là – en particulier dans la seconde partie de Knefall. En effet, les derniers morceaux sont plus variés, noisy mais aussi expérimentaux, apportant un second souffle et arrivant à vous tirer quelque peu de votre torpeur.
« Steinene » paraît donc comme une passerelle entre deux univers ; l'un simpliste, tordu et aviné, l'autre plus complexe, aérien et fataliste. Une montée crescendo dans la folie durant laquelle la formation vous embarque pour un « Voyage au bout de la nuit » long et douloureux. Un premier album viscéral, extrémiste et – forcément – difficile à cerner, jouant surtout sur votre ressenti. Personnellement je suis assez partagée concernant ce dernier. Certes, certains titres sortent clairement du lot tels que « Reisen Till Nattens Ende » ou « De Bleke », mais il manque un petit quelque chose pour véritablement me transcender. Peut-être que Gribberiket gagnerait davantage à lâcher les brides et développer ses nombreuses idées (les incursions acoustiques par exemple). Toutefois Knefall n'en reste pas moins un bon premier album, à conseiller aux fans de musiques lentes et barrées.
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