Oui, notre musique de prédilection peut encore surprendre, dérouter, déstabiliser. Ainsi «
Pinacles austères », premier album de
IANTHIN, a choisi de ne rien faire comme les autres. Et si nous connaissons déjà le compositeur et principal instrumentiste
Jérôme Bouquet pour son rôle au sein de
KYZYL KUM, il a cette fois explosé un paquet de
Skittles pour peindre cette toile acrylique sur bois intitulée « En avant ! ». Colorée, enfantine, mystérieusement onirique pourtant, je ne peux que vous inviter à parcourir sa
galerie, je n’y connais rien en peinture mais j’adore son œuvre picturale.
Cependant, c’est de musique qu’il est ici question, comment s’y prendre pour la décrire alors qu’elle-même ne cesse de tourbillonner, de changer de direction, d’emprunter des chemins tantôt sombres et angoissants (« Caverne »), tantôt explorant le territoire de la comptine (« Vœu de mystère », une partie de « Il pleut »), jamais là où on l’attendrait, cherchant toujours à rompre avec les codes et notamment ceux du
metal. Car le fond du propos, s’il s’inscrit dans une trame élimée
doom black fort originale (« Caverne » que j’ai déjà cité mais également « Ô géant »), ce n’est pas ça qui a principalement retenu mon attention. C’est avant tout « Il pleut », chanson qui m’évoque
DRONTE pour cette approche narrative du chant, une forme de poésie orale, mais qui dans son dernier tiers explose sur une mélodie jouée à la trompette par
Maxime Jeune (il y a plein d’invités sur ce disque) qui claque une ambiance grandiose à la Ennio Morricone, l’auditeur est totalement embarqué, quelle composition incroyable !
« Roche », un instrumental de basse, pourra évoquer
GHOST:WHALE aux férus d’expérimentations, alors que le final « Parvenu » réinscrit
IANTHIN dans sa dimension
doom bizarre qui, étrangement, cette remarque valant d’ailleurs pour l’ensemble du disque, me donne l’impression d’être une illustration sonore d’un conte pour enfant… Un conte tordu et effrayant.
Reprenons, parce qu’une fois arrivé à la fin de l’album, je ne sais toujours pas exactement ce qu’il vient de se passer. En effet, ce musicien a écrit quelque chose qui parle directement à l’âme sans forcément passer par la case oreille. Étrange constat que je ne sais pas vraiment expliquer : « Vœu de mystère », c’est la ritournelle qui te berce, « Caverne » c’est un désespoir mêlé de folie qui te pousse à te frapper la tête contre les murs, « Il pleut » c’est le voyage, l’excitation de la découverte, l’illumination profonde face à des paysages sublimes, « Roche », c’est la torpeur moite du demi-sommeil anxieux, « Ô géant » c’est le cauchemar, la terreur nocturne, une paralysie du sommeil peut-être… « Parvenu » c’est le renoncement à tout système logique, l’abdication de la raison.
Il faudrait encore noter la richesse des textes, leur recherche, pour commencer à comprendre que derrière cette sortie, aussi confidentielle que probablement anodine, se cache une œuvre artistique complète, graphique, musicale et textuelle qui pourrait sembler parfois trop absconse (« Parvenu » en fait des tonnes dans la déstructuration à outrance) mais dont l’aboutissement fera peut-être écho dans votre petit cœur saoulé du monde des adultes et qui aspire parfois au
regressus.
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