Autant vous le dire tout de suite, ce quatrième album des Suédois de Mörk Gryning m’avait laissé de marbre lors des premières écoutes : la faute à un changement vraiment trop significatif de style du groupe… Le cd prit donc inévitablement la poussière au profit des trois monuments qu’était le reste de leur discographie…Mais quelle erreur ! Je pris donc mon courage à deux mains et me plongeai dans les entrailles sonores de ce
Pieces Of Primal Expressionism un certain nombre de fois…Et la lumière fut. Oubliez l’excellent dark metal de l’époque, pensez à une sorte de black/death progressif et moderne qui vous ferait planer dans l’espace ! La line up quant à elle change un peu, les deux piliers que sont Goth et Kimera répondent encore une fois à l’appel, le guitariste Avatar (présent sur
Maeltsrom Chaos) laisse sa place à un clavieriste dénommé Aeon.
Finies les escapades dans les montagnes enneigées de la Scandinavie, Mörk Gryning voyage dans un futur lointain ou les forêts sont remplacées par des constellations. La nouvelle ambiance du groupe est assez difficile à décrire, pour faire plus simple en gros ce
Pieces Of Primal Expressionism est la BO parfaite pour un film de science-fiction assez chaotique. Oubliez les vagues de leads bien aigus (marque de fabrique du groupe) complètement hallucinants des anciens albums ou du style qui se rapprochait d’un certain Dissection, les quelques expérimentations déjà présentes sur
Maelstrom Chaos deviennent le nouveau noyau du groupe. Et la surprise sera de taille pour les initiés lors du premier titre « The Sleeping Star » : une musique lente et oppressante, un chant black sous différents effets qui tend vers le death, quelques riffs parsemés ici et là, un clavier assez présent… Le choc…Le fan type aura la fâcheuse tendance à zapper ces titres ayant un début aussi mollasson sauf que le bonhomme se trompe royalement. L’effet ressenti par l’album une fois ce changement accepté est assez jouissif, vous vous imaginez dans une sorte de montagnes russes : çà débute lentement mais sûrement pour une descente vertigineuse dans un champs d’astéroïdes (et inversement). La chute se traduit par des vagues de blasts et de riffs porté par des leads discrets (et oui quand même c’est Mörk Gryning !) noyés dans cette déferlante dévastatrice. Le plus bel exemple reste à mon sens le titre « An Old Man's Lament » qui fini par exploser par un break absolument magnifique embelli d’une production puissante et claire digne de ce nom de Daniel Bergstrand !
Les deux entités que sont Goth et Kimera n’ont clairement pas choisi la facilité, et l’auditeur le ressentira inévitablement tout au long de ces 8 titres car il faudra un certain nombre d’écoutes pour assimiler plus ou moins ce
Pieces Of Primal Expressionism. Goth qui a composé quasiment tout l’album, n’a pas lésiner sur les arrangements et ce n’est qu’avec un grand plaisir qu’on découvre un nouveau riff ou un nouveau son à chaque nouvelle écoute : proprement bluffant ! Bien évidemment même si rebutant aux premiers abords, cet album conserve le fort penchant mélodique du groupe avec son lot de passages bien accrocheurs ou de soli (moins présent qu’avant certes) à vous donner des frissons. Le titre « Perpetual Dissolution» reste excellent dans le genre rappellant fortement les albums typés dark metal d'en-temps avec un refrain ulltra accrocheur chanté par les deux protagonistes. Rassurez vous tout de même (car je sens des cheveux s’hérissés face au chant clair assez étonnant de « The Worm »), c’est comme à la bonne époque çà reste toujours aussi brutal et sombre (l’écoute du titre de clôture « On The Verge Of Prime Divinity » en laissera pas mal sur le cul), cette dernière particularité prenant encore plus d’ampleur avec l’arrivée du nouveau claviériste. Le gaillard se veut discret mais rajoute cette touche qui rend la chose encore plus impressionnante que ce soit dans les passages planants, sombres, mélodiques ou brutaux…Bref la cerise sur le gâteau quoi !
Au final que dire si ce n’est cette richesse assez immense que
Pieces Of Primal Expressionism comporte. Mörk Gryning a vu grand et a fait grand ! Difficile de décrire la nouvelle œuvre de Goth et Kimera car dans le même style je ne vois pas beaucoup de groupe pour la comparaison, un album assurément novateur. On regrettera une ambiance indescriptible bien trouvée mais pas encore assez fouillée, des baisses de régimes assez conséquentes ou des passages qui ne sont pas de la même trempe que le reste je pense notamment à « Our Urn » (avec Goth et Kimera se renvoyant les paroles) ou « Fragments And Pieces » par exemple, rageant en cours d’écoute.... Un très bon album qui possède son lot de défauts, mais sa richesse et son originalité confirme le talent indéniable du groupe et fera patienter pour sûr avant la sortie de l’album final de Mörk Gryning.
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