Un vampire aussi effrayant que Sylvain Mirouf et Garcimore réunis. Un loup garou bedonnant ayant échoué aux auditions de Teenwolf. Un squelette rigolard échappé du cours de biologie. Frankenstein, sapé comme un présentateur de JT, à moins que ce ne soit l'indéboulonnable PPDA. Et une ménagère de moins de cinquante ans, agrippée à son bol de pop-corn, devant ce que l'on devine être un chef d'œuvre du septième art. L'artwork du premier album de TANKARD annonce la couleur : avec son casting de série B voire Z, on sait tout de suite qu'on joue en deuxième division. Et quoi de plus logique qu'un psycho killer débile armé d'une hache pour illustrer un album d'apprentis bûcherons ?
Groupe sous estimé s'il en est, TANKARD est bien plus qu'une bande de pochetrons qui se seraient perdus dans un local de répétition. Derrière le délire de gentils hooligans chargés comme des mules se cachent d'excellents zicos et une poignée d'albums cultes qui n'ont rien à envier aux meilleures productions thrash, qu'elles soient actuelles ou vintage.
Si ce "Zombie Attack" n'est pas à proprement parler un chef d'œuvre, il n'en reste pas moins un bon premier sang, une parfaite transition entre le heavy basique des débuts et l'éthylo-thrash à venir.
Cette première biture a donc une saveur un peu différente des irrésistibles speederies type
"The Morning After" ou
"The Meaning of Life". Sans doute effrayés à l'idée de perdre d'entrée leur permis de riffer, nos jeunes thrashers balancent dix titres au tempo rapide mais raisonnable, en prenant bien garde de pas dépasser la vitesse autorisée. Ça reste du bon vieux patator millésime 86, mais expurgé de toute idée de breaks ou de changement de rapports, le batteur Oliver étant un fervent adepte du mode binaire. Sur une trame basique mais déjà bien efficace, Gerre, Katzmann et consorts déroulent un thrash mâtiné de punk à l'énergie communicative, agrémenté de quelques solos rock'n roll et d'une bonne dose d'incitation à la débauche. Tout ici est à l'état embryonnaire ; les paroles, traditionnellement une grosse plus value chez TANKARD, privilégient le fun et la violence gratuite mais on sent que les allemands n'ont pas encore dépassé le niveau 5ème dans la langue de Shakespeare. En cherchant bien, on trouve quand même une critique de la guerre froide renvoyant dos à dos russes et américains (Maniac Forces), intercalée entre deux delirium tremens (Mercenary, Alcohol).
Les riffs enjoués de "Poison" et "Empty Tankard" (joué au ralenti par rapport au remake présent sur l'E.P. Alien) distinguent déjà le groupe des beaucoup plus agressifs SODOM et KREATOR. L'autre différence notable est le type de chant employé par Gerre, le gueulard de service, qui n'a rien de death mais dont la voix est aussi claire qu'une bande supporters un soir de match. Gerre ne s'adonne pas encore aux hurlements et à l'hystérie qui le caractérisent mais fait preuve de conviction et braille sans sourciller les âneries de ses collègues (We were born to sacrifice our souls to bloody metal, yeah !), à moins que ce ne soit lui le coupable.
De nombreux classiques souvent joués live sont ici présents, de "Maniac Forces" à "Mercenary", en passant par les fédérateurs "Poison" et "Empty Tankard".
Bien carré et jouissif, l'album a en plus le bon goût de ne pas tirer en longueur et passe aussi vite qu'une première mousse le vendredi soir. L'apéro parfait en somme, avant de s'envoyer un beaucoup plus corsé
"Chemical Invasion" !
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09/12/2014 21:09
25/02/2007 13:23
25/02/2007 09:51
24/02/2007 16:38
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