Ce n’est pas forcément un cadeau que de devoir parler du nouvel album des Français de
TOMMYKNOCKERS, ou alors il est empoisonné. En effet, au-delà du simple chauvinisme, il ne faut pas perdre de vue que les mecs sont là depuis 1995 avec leur «
Masses in the Rythm » et que si la cadence de publication est pour le moins aléatoire (rien depuis «
Necessary Evil » en 2011), la formation demeure une figure emblématique de la scène
metal hexagonale.
Par conséquent, c’est avec beaucoup de précautions que j’ai entamé l’écoute de «
Mean Things », tout de même un peu emballé par cette pochette certes plutôt moche mais me semblant bien correspondre à l’état d’esprit
thrash du groupe et ayant de plus le mérite de trancher avec les esthétiques précédentes. Premier constat : ces dix titres auraient pu paraître au milieu des années 90 tant le style ne me semble pas avoir bougé d’un iota. Un
thrash metal légèrement
power, teinté d’éléments
hardcore ou
crossover, le tout joué à une vitesse moyenne, voire qui se traîne le cul dans les embouteillages, par exemple sur « The Last Parade », clairement pas la meilleure composition du LP à mon goût.
En effet, on préfèrera nettement le trio lorsqu’il appuie sur la pédale car, s’il ne dépasse jamais la limite autorisée, c’est clairement là que son charme ancien opère le mieux, avec ses riffs basiques, ses solos approximatifs et son chant de vieux briscard. Cela étant, la nostalgie seule suffit-elle à faire un bon album ? Je ne saurais dire. Me concernant, j’avoue que je trouve l’ensemble un peu trop long. D’abord, les morceaux eux-mêmes qui, pour beaucoup, gagneraient à être amputés d’une grosse minute chacun, ensuite sur le nombre car l’inspiration paraît assez inégale et pour un très bon « Silent Combustion » il faudra endurer le trop étiré « Scarecrow » (huit minutes) ou encore un « Uranus » un brin poussif en dépit du jeu de batterie parfaitement efficace à la double.
Un ressenti mitigé donc car, une fois passée l’efficacité d’« On Your Knees », une ouverture convaincante qui montre le trio en pleine possession de ses moyens, suivie du solide « Peace is War » dont certains riffs me font penser au titre « Old » de
MACHINE HEAD, on s’enfonce ensuite peu à peu dans des éléments trop convenus (pas mal de références à
PANTERA dans les lignes de chant ou les gimmicks rythmiques, quelques riffs façon
SLAYER). En soi, ce n’est pas mauvais mais le disque atteint rapidement ses limites.
Il ne faudrait pas pour autant passer à côté car le genre pratiqué se fait de plus en plus rare, il est empreint d’une certaine noblesse et, surtout, le groupe appartient clairement à notre patrimoine génétique. Il y a des ancêtres dont on peut être plus ou moins fier, certains cherchent à cacher un papi gardien de camp ou une mamie qu’on ne comprend pas pourquoi elle a appelé l’un de ses fils Hantz, d’autres craignent qu’après l’apéro le tonton vicelard raconte des blagues de cul et foutent une main aux fesses de ses petites nièces, cela est bien légitime.
TOMMYKNOCKERS, c’est ce grand cousin qui ne sera jamais adulte et dont le seul effort vestimentaire consiste à foutre son t-shirt dans son jean pour les enterrements mais qui sera toujours là pour te filer un coup de main quand tu déménages.
On a connu de meilleurs retours, on en a surtout entendu de bien pires, mais rien n’enlèvera la sincérité et le plaisir de jouer dégagés par «
Mean Things », un album qui fait du bien en dépit de ses faiblesses.
1 COMMENTAIRE(S)
31/05/2024 18:36
Et de voir que les commentaires ont été désactivés sur les releases youtube... Je pense qu'ils se doutaient que des gens (comme moi) viendraient en parler, car c'est un réel souci - surtout quand, à côté de ça, des groupes tent poles qui ont des thunes usent de l'IA pour ne même pas payer 1000 dollars un.e artiste compétent.e.
Est-ce ça qu'on veut, des covers toutes insipides et des artistes davantage précarisés ?
Pour du Thrash, en plus, l'utilisation de l'IA, ça la fout mal.
Et si c'est pas de l'IA, alors l'artiste engagé a utilisé l'IA pour à peine modifier. Désolé mais les détails sur les mains et les pieds, l'avant-bras gauche du squelette tout à droite, c'est cramé