Quoi? Déjà une nouvelle galette en provenance du gang de l'alléchante Metallic Kitty (
Alléchante oui. Alléchante drôlement bien d'ailleurs. Quel organe!)? Pourtant
"3rd Stage Of Decay" ne date que de l'année dernière non? Ma parole, Decadence serait-il l'un de ces groupes un brin trop prolifique qui sort des albums avec la même régularité que mon petit dernier tâche ses fringues à coups de rejets de couches trop pleines?
Mais non les loulous:
"3rd Stage Of Decay" n'a peut-être atteint le confortable intérieur de votre chambre de bonne avec WC sur le palier que l'année dernière, à l'occasion du repressage qu'en a effectué Massacre Records, mais ça faisait déjà un bail (
fin 2006 pour être précis) que l'album tournait sur les platines bien informées … Par contre de Massacre Records, plus question. Miss Kitty a signé avec les japonais de Spiritual Beast et semble avoir pris les choses bien en main (
pas de blague salace, pas de blague salace …) en s'occupant désormais elle-même du management et de la promo du groupe.
Alors, le Decadence 2009 est-il un bon cru? Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'il a de la cuisse (
Rhôôô …), mais sachez par ailleurs qu'il reste d'une très bonne tenue, les fondamentaux de l'album précédent ayant été repris et maintenus à un égal niveau de qualité. Decadence interprète ainsi encore et toujours ce thrash à la suédoise tout à la fois hyper léché, extrêmement mélodique, virulent et véloce. Ces caractéristiques, additionnées au grain acide typique des cordes vocales de Kitty, font de Decadence une sorte de version plus thrash de
Arch Enemy. Et le fait que le groupe encouillifit régulièrement sa musique pour flirter avec le mélodeath, tout comme sa propension à nous agiter sans cesse sous le nez une paire de grattes lead expertes et prolixes ne fait qu'accentuer cet état de fait. Sur certains titres (
"Silent Weapon", "Strength Of Mind"), le parallèle est franchement criant. Mais le groupe sait également nous montrer d'autres visages, parmi lesquels celui d'un thrash 80's from USA (
avec ces choeurs typiques … à 0:54 sur "Challenge" par exemple), celui d'un
Death à la mode "
Spiritual Healing" ou encore celui d'un métal boosté par une hargne aux relents légèrement hardcore (
sur "Challenge" encore). Quoiqu'il en soit ce nouvel album est très clairement placé, une fois encore, sous le signe de guitares conquérantes. Les moments de bravoure où la lead balance des paillettes sur une rythmique galopante sont légions, et à chaque fois la qualité est au rendez-vous. Qu'elles se fassent rock (
à partir de 2:00, sur "Challenge"), bluesy (
sur la fin de "The Demons Run", vers 2:50), qu'elles se la jouent un poil
Maidenienne voire qu'elles lorgnent un instant chez Satriani (
…et ça envoie sévère, à 3:24, sur "Silent Weapon"!), c'est chaque fois la fête!
Bref côté son, côté grattes, côté mélodies, sur "Chargepoint" on est particulièrement gâtés, pourvu que l'on aime les carrosseries rutilantes sans tâche de boue sur la calandre. Comme en plus il y en a sous le capot et que le groupe n'hésite pas à pousser régulièrement les rapports sur quelques accélérations bien senties, on prend son pied à regarder le paysage défiler à toute allure. Et c'est avec plaisir que l'on découvre de nouveaux moments de bravoure, notamment le très
Arch Enemyien "Silent Weapon" dont la mélodie envoûtante fait irrémédiablement appuyer sur l'accélérateur, ou "Strength of Mind" qui démarre sur un superbe plan épico-mélodique avec lead tournoyante couvrant les arrières de sa comparse rythmique qui déboule à fond de train. C'est d'ailleurs ce même aspect épique - allié à plus de mélancolie cette fois - qui fait de "Be Home When I'm Gone" une autre pièce de choix (
Maman cette lead épaulée par une basse discrète mais efficace à 1:04!). Mon impression reste néanmoins un micro poil en-dessous de celle laissée par
"3rd Stage Of Decay", la faute à une poignée de morceaux un peu trop chamallow (
"Out of Ashes", et surtout "The Demons Run") et à un effet de surprise moindre. Mais je préfère prendre les devants (
Là je pinaille parce qu'avec Kitty, prendre le derrière m'irait tout aussi bien – NDLR: Cyril, tu n'es pas marié sinon?) et étouffer dans l'œuf tout début de déception naissante que pourrait provoquer ce passage de chronique quelque peu douche-froidisant: don't worry, "Chargepoint" reste un album tout à fait recommandable, voire carrément jouissif.
J'avais accordé un 8,5 enthousiaste (
il faut savoir se laisser aller à l'impression du moment …) à
"3rd Stage Of Decay", les nouveautés thrash mélodique croustillantes n'étant pas légion et l'album renfermant son lot de moments forts et tubesques. "Chargepoint" récolte un petit demi-point de moins pour les raisons sus évoquées (
sacré évoquées, toujours dans les bons plans!), tout en gardant une note élevée pour récompenser la très bonne tenue globale de l'ensemble, avec une pensée spéciale pour la nouvelle charrette de morceaux juteux qui finiront sur la compil' "lapin jaune" des bons gros skeuds qui thrashent mamie, ainsi que pour cette savante et jouissive démonstration de maestria guitaristique qui fera le plaisir des amateurs tout du long des 38 minutes que dure l'album. A noter quand même que ceux qui ne jurent que par le thrash evil, basique et mal élevé peuvent retrancher 1 voire 2 points à la note de ce sucre d'orge thrashouillesque.
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