Municipal Waste - Hazardous Mutation

Paris, Novembre 2049

Saloperie de guerre.
'faut dire qu'on l'a bien cherché:
- et vas-y que les nouilles qui nous gouvernent balancent du «Vive Hong-Kong libre !» sur toutes les ondes, après avoir abusé du Château Margot lors d'une garden party trop arrosée
- et que je fais le môme lors du G8 à base de «Notre baguette pas trop cuite est plus grosse et plus longue que votre paire de baguettes rikiki»
- et surtout - le summum -, la magistrale « Charte de la décence et de la bonne conduite en société » qui a vu interdire l'exhibition en public des yeux bridés sous prétexte que ces paires de mirettes en amande pourraient choquer nos jeunes têtes blondes de par leur lointaine ressemblance avec d'horizontales vulves glabres.
Pffff … Normal que la Chine ait fini par nous mettre sur la gueule. Les échanges d'ogives asiatiques sur le Périgord contre des roquettes Matra sur le Tonkin, on fait mieux comme jumelage ! Enfin c'est fait, ça y est, on l'a notre 3e guerre mondiale …


Le problème c'est qu'avec tout ça, impossible de mettre la main sur de bonnes nouveautés métalliques excitantes, histoire de se bombarder les oreilles avec autre chose que le bruit des sirènes ! Heureusement, me restent mes vieilles rondelles laser du début du siècle ! En ce moment, je me remets au vieux thrash bourinos qui cherche pas midi à quatorze heures. En effet, le père Thomas, au cours d'une partie de Scrabble endiablée, m'a filé un de ses trucs :

«Pour garder le moral et la santé, fais comme moi :
- une ballade la matin, à la fraîche, quand les retombées radioactives stagnent à hauteur d'homme, et que tu peux faire le plein de bons ions lourds qui requinquent
- une cure à haute dose de bon vieux thrash des familles afin de retaper ta vieille mécanique manquant d'huile »

Et ce régime lui réussit, le bougre: ses shoots quotidiens de Tankard et d'Overkill le gardent au top … Pas plus tard que lors de l'alerte bactériologique de lundi dernier, il s'est encore tapé une jeune infirmière ayant à peine passé les 35 piges, dans le bunker communal … Il s'en fait pas le salopiaud !


Tout ça pour dire qu'aujourd'hui, c'est le « Hazardous Mutation » de Municipal Waste qui accompagne mon Weetabix matinal (ça passe mieux qu'un yaourt, aliment qui me rappelle trop douloureusement la disparition tragique de von_yaourt, lors d'un concert de Gorgoroth, alors qu'il venait de se faire tatouer « True 90's Black Metal from Peru is the law – Everything else is pure emo shit » ). Nom de nom, quelle patate cette galette ! Pas étonnant qu'elle ait plus ou moins été à l'origine du revival thrashcore / Bay Area thrash / crossover du début du siècle (revival qui – faut-il le rappeler - s'est sabordé après que Metallica, reformé pour l'occasion avec Dave Mustaine, ait gagné un Grammy Award pour sa version neo-metalcore de « Battery » avec Eminem et Elton John aux backing vocals) ! Là où les The Haunted et Carnal Forge avaient relooké le thrash de papa en mariant l'artillerie lourde du death suédois à la violence Slayerienne, Municipal Waste se contente de vernir d'un gros son des compos ultra-classiques inspirées de ce que les vieux Metallica, Exodus, ou plus encore Nuclear Assault et S.O.D faisaient de mieux au siècle dernier, réalisant pour ce genre sentant la naphtaline le même exploit que Bloodbath avec le death suédois old school !


Bref, un vrai bain de jouvence de décibels en fusion que ce « Hazardous Mutation », rafraîchissant dans les moindres détails, de la pochette comico-horrifico-série Z signée Repka à l'ambiance violemment fun qui rappelle les délires d'un Nuclear Assault ou d'un vieil Anthrax. Fidèle aux origines, la composition des morceaux Wastiens respecte une codification strictement normée:

1. usage d'intros constituées en général d'un crépitement de batterie impatiente tout en roulements excités qui, après quelques secondes laissant le temps de relâcher l'embrayage et de brûler un peu de gomme sur le bitume, lâche la bride à une gratte thrash furieuse, cavalant à perdre haleine dans un sprint aussi véloce que déraisonnable.
2. chant teigneux old school thrash / hardcore ('fin thrashcore quoi !) qui sent bon l'aboiement éméché de jeune routier patché ayant vidangé son pack de Budweiser derrière le pick-up cabossé de papa, au fond du garage. Ce chant est bien sûr aboyé à une cadence infernale, bien souvent en duo, lors de joutes hyper speed où le jeu consiste à commencer sa partie juste avant que le collègue ait fini la sienne. Ah, et puis il faut quelques chœurs de babouins aussi (« Accelerated Vision » entre autres), et puis une ou deux montée dans les aigus pour faire comme à l'époque (« The Thrashin' Of Christ »)
3. lignes de gratte privilégiant la rythmique véloce à la branlette solo-ïque, qui foncent, roulent, ricochent, font mine de trébucher et repartent à donf', encore plus vite que le coup d'avant.
4. une basse Burtonienne toujours prête à profiter du peu de place que lui laisse la guitare pour montrer qu'elle en a sous les patchs (par exemple à 0:27 sur « Hazardous Mutation »)

Tout ça pour torcher des morceaux coups de poing allant de 0'23 à 2'40, sur une longueur d'album totalisant 26 petites minutes bourrées ras la gueule de riffs et d'excès de vitesse. On pense aux vieux Metallica donc, mais encore plus à du thrashcore hypervitaminé descendant de S.O.D., Nuclear Assault voire The Spudmonsters (même gros esprit fun). Il faudrait sans doute citer également Cryptic Slaughter, Wehrmacht et consorts, mais je connais moins …


En parlant de l'aspect fun, il faut se procurer l'édition comportant un DVD bonus (oui, le DVD, ce support bien plus sympa que les fadasses holo-memory blocks d'aujourd'hui …) témoignage d'un concert d'enfer où un joyeux bordel règne en maître de la scène jusqu'au fond du club, jugez plutôt: c'est un Saruman d'opérette qui vient ouvrir le concert par un rap à 3 dollars, puis ça stage dive dans tous les sens (certains à poil, certains en téléphonant). Puis à l'occasion de « Terror Shark », le batteur revêt son plus beau masque de requin cartoonesque, et pour finir en beauté, le groupe installe un trampoline sur scène pour être bien sûr que les stage divers se pêtent un truc au passage … C'est jouissivement n'importe quoi tout du long, et ça te fait temporairement oublier tes 73 ans et tes problèmes de prostate !!!


Aïe, cette parenthèse sur le stage diving me rappelle le douloureux épisode du dernier concert de Dark Tranquillity: j'espère que Mikaël va sortir du coma … 'faudra que je me rende à l'hosto pour lui faire écouter « Unleash The Bastards », « Nailed Casket » et « Terror Shark »: si ces shoots d'adrénaline trashesques ne le réveillent pas, rien ne le fera ! D'ailleurs faudrait que je fasse essayer ça à Keyser aussi: il n'a pas l'air dans son assiette ces derniers temps, et on sent une perte d'enthousiasme dans ses descriptions d'hyper gravity power blasts … Je crois même l'avoir entendu fredonner « Hell bent for leather » au dernier apéro Thrasho, dans le blockhaus central … 'faudrait pas qu'il perde pied et qu'on se retrouve avec un second alcoolo dans l'équipe rédactionnelle, c'est déjà suffisamment dur avec Dead.


Allez, je pars re-perdre 30 piges en me remettant ce « Hazardous Mutation » décidément addictif: OK ça ne réinvente pas le moteur à explosion, mais ça fait carburer la vieille bécane thrashcore à la nitroglycérine pour notre plus grand plaisir!

DOSSIERS LIES

	Les Chroniques du Futur (à suivre) Novembre 2007
	Les Chroniques du Futur (à suivre) Novembre 2007
	Illustrateurs de metal (partie 1) Février 2008

DONNEZ VOTRE AVIS