Les grindcore addicts ont dû se demander ce qu’on a fichu, sur Thrashocore, pour avoir passé sous silence la suite des aventures de MUMAKIL. Vu le gabarit du bestiau et le pedigree des Suisses (les acclamés
« Behold The Failure » et
« Customized Warfare », fort bien notés sur votre webzine favori), franchement, il fallait avoir de sévères troubles visuels (ou auditifs) pour rater le lancement de la bombe « Flies Will Starve », toujours sous l’égide de Relapse Records. Une écurie spécialisée dans le gros grain, un intitulé qui ne laisse planer aucun doute sur le caractère offensif de la bête : malgré de nouvelles défenses, MUMAKIL revient piétiner les plates-bandes des collègues avec vingt-quatre charges frayant rarement au-delà de la minute trente.
Si le monde n’est pas devenu meilleur depuis la déferlante
« Behold The Failure », MUMAKIL n’a de son côté pas été épargné par les changements de line-up ; ainsi, les historiques Seb (batterie) et Taverne (basse) ont passé le relais à Max (Kevin Foley les a dépanné l’espace de quelques dates) et Benji, sans que le vent du changement n’affecte de trop ce nouvel album. Seb a donc bien assuré ses parties de batterie sur un opus traduisant la différence de rendu entre le bodybuildé
« Behold The Failure » et le caractère plus old school ressenti lors de leurs prestations scéniques. Plus brut de décoffrage, MUMAKIL délaisse ici quelques artifices de production pour sonner plus cru, plus gras. On perd en puissance de feu ce qu’on gagne en authenticité ce qui, au fond, est plutôt bien pensé. Si le grain des guitares reste le même, le chant de Thomas et la batterie sonnent de manière bien plus naturelle. Dans le même ordre d’idée, quelques influences typiquement death metal font leur réapparition, à l’image d’une « Death From Below » rappelant au bon souvenir d’un certain « Fear, Emptiness, Despair ». Bien sûr, le tempo est plus soutenu que sur le lointain cinquième full length des Anglais et dans l’ensemble, on a affaire a du grindcore pur jus. Sur le papier, MUMAKIL fait donc ce qu’il faut en introduisant suffisamment de variations dans son jeu (et dans le son) pour ne pas se contenter de sortir un
« Behold The Failure » bis. Le hic ? Malgré la qualité des riffs proposés, on peine à retrouver l’intensité qui rendait si redoutable leur opus précédent. Pris séparément, les « War Therapist », « Shit Reminders » et autres « Repudiate » donnent furieusement envie de se lancer à l’assaut du mammouth à mains nues mais mis bout à bout, les compos souffrent du brin de liant nécessaire pour maintenir une pression constante.
On le sait, dans le grindcore, tout se joue sur des détails et s’il est un genre où la marge de manœuvre est étroite, c’est bien celui-là. Evoluer un minimum tout en contentant le gros de sa fanbase, voilà l’équation que MUMAKIL s’applique à résoudre sur « Flies Will Starve ». Ralentissements pachydermiques (« Designed To Fail »), accélérations façon coups du lapin (« Hailing Regression »), tout est mis en œuvre pour assurer ce qu’il faut de variations mais au final, le trop plein de respirations s’avère plus préjudiciable qu’autre chose. Evanouie, la sensation de courir sur un champ de mines en priant pour rallier la ligne d’arrivée avant des guiboles projetées par le souffle de l’explosion. Si le casual peu habitué aux déferlantes de blasts prendra logiquement ses jambes à son cou, les habitués s’étonneront de n’être pas pris à la gorge de la première à la dernière seconde. D’où un skeud difficile à évaluer car paradoxalement, malgré une note d’intention aguichante (une coloration death plus prononcée, moins de blasts), à bien y réfléchir, on aurait peut-être signé pour un
« Behold The Failure » Part II !
4 COMMENTAIRE(S)
27/05/2014 18:22
25/01/2014 16:33
22/01/2014 19:00
22/01/2014 13:09
Pourtant, en live (vus avec Foley derrière les fûts), c'était une sacrée tuerie.