Antagonism - World On Disease
Chronique
Antagonism World On Disease
Au milieu de la flopée de jeunes loups hexagonaux ANTAGONISM n’est pas le premier nom qui vient à l’esprit quand on parle de la nouvelle vague du Thrash français, pourtant le quatuor Toulonnais a de nombreux éléments à faire valoir, ceux-ci étant déjà apparus de façon convaincante sur le très agréable EP
« Thrashocalypse » sorti au printemps 2018. Si une certaine fraîcheur en ressortait il n’en restait pas moins que le combo nous renvoyait directement dans les années 80-90 avec une musique simple mais foutrement énergique et efficace, du coup ayant depuis pris du galon et de l’expérience on peut légitimement se dire que ce premier long-format a tout pour être une réussite. Si la formation a vu l’an dernier l’arrivée d’un nouveau bassiste pour le reste rien n’a changé, le style est toujours aussi frontal (porté par de la vitesse prépondérante), ainsi qu’une production actuelle conséquente qui met bien en valeur les instruments, et amène de fait un certain naturel et de la chaleur.
Largement inspiré par le mythique Big 4 le groupe maintient un rythme majoritairement élevé la plupart du temps, d’où ressortent largement ses influences old-school, tout en osant se diversifier et essayer de nouvelles choses. Si on peut saluer la prise de risque il faut cependant avouer que ces essais ne sont pas forcément des plus concluants, chose qui se ressent sur l’atypique « Uncensored Nightmares » basé sur la lenteur et particulièrement sombre au niveau des ambiances. Si ses créateurs essaient de noircir leur musique en la ralentissant au maximum et en laissant de la place à la basse, il n’est pas aisé de rentrer dans cette compo bizarre et différente qui laisse pantois et sceptique. D’autre part on a l’impression que les gars ont voulu en caser un maximum sur ce disque, en effet celui-ci dure quasiment une heure et il faut bien reconnaître que c’est nettement trop, tant il a tendance à s’essouffler durant son dernier tiers. Cela est flagrant sur le passe-partout « Blood & Bones » qui se répète inutilement, tout comme sur « Afterlife » pas mauvais en soi mais qui ronronne un peu, à l’instar de l’excessif « Remember What You Are » où l’on a la sensation d’entendre en boucle le même riff après un démarrage des plus laborieux.
Cependant il ne faut pas se fier aux apparences, car si l’œuvre dans sa globalité n’est pas parfaite elle reste quand même très réussie à cause notamment de l’apport de nombreux passages doux, qui émergent au milieu des déferlantes via des arpèges et des leads nombreux et en raccord avec le reste. En effet on y trouve une grosse partie mélodique des plus appréciable où le boulot des guitaristes est mis en avant grâce à une fluidité implacable, d’ailleurs on va retrouver tout du long de cette galette de nombreux moments éthérés et mélodieux, propices à la nostalgie et qui renvoient aux plus belles œuvres de TESTAMENT (et de la paire Peterson/Skolnick). Il suffit d’écouter le magnifique « A Page Was Turned » particulièrement remuant (via un mid-tempo au headbanging contagieux) pour en être convaincu, à l’instar du redoutable « Toxic Wasteland » qui démarre par une série de notes délicates mais aussi très noires, avant que le classicisme ne revienne tel un boomerang pour envoyer la purée. Cela trouve son paroxysme sur le radical et sans concessions « Technological War » où le tempo reste à fond pratiquement en continu, et voyant un agressif duel de guitares faire son apparition afin d’affirmer un peu plus l’autorité des mecs en matière de gros son burné. D’ailleurs avec les énergiques et énervés « Ghoulish Mind » et « World On Disease » on est embarqué dans des rythmiques thrashy pures et dures, à la fois sobres et entraînantes où l’accélérateur est de sortie en permanence, et nul doute que sur scène tout cela va faire un carton tant c’est taillé pour le live.
C’est en effet ce qui ressort la plupart du temps vu que les zicos ne se sont pas embarrassés de fioritures inutiles, misant sur la sauvagerie conjuguée par un soupçon de tendresse, comme la délicate outro « Forsake » qui amène de la douceur dans ce monde de brutes via des notes qui s’entrecroisent et se font presque jazzy. Alors oui cette livraison a du mal à se terminer et aurait gagné en densité en étant amputée des deux-trois titres plus faiblards, mais il faut reconnaître que le passage vers l’âge adulte est réussi (malgré une pochette très juvénile). Sans faire trop parler les sudistes montent en puissance au fur et à mesure qu’ils mûrissent musicalement (confirmant que la scène Thrash Française n’a rien à envier à ses homologues d’outre-Rhin et de l’autre côté de l’Atlantique), et on peut parier que leur prochaine sortie sera encore meilleure et que les erreurs entrevues plus haut ne seront plus qu’un mauvais souvenir.
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Merci de la découverte, ça déchire ! |
citer | MoM 13/04/2020 19:18 | note: 8/10 | Album dispo en écouté intégrale ici : https://www.youtube.com/watch?v=VDr_F8EZMM4 |
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2 COMMENTAIRE(S)
14/04/2020 18:57
13/04/2020 19:18