Hellfuck - Diabolic Slaughter
Chronique
Hellfuck Diabolic Slaughter
Si certains ont pris la mauvaise habitude de se prendre un peu trop au sérieux d’autres au contraire assument totalement une attitude je-m’en-foutiste aussi bien dans leur musique que dans leur dénomination, et à ce petit jeu les Polonais d’HELLFUCK sont particulièrement bien placés tant il y’a de quoi se marrer dans le genre nom à la con, idiot et sauvage. Pourtant sous leurs airs de mauvais élèves indisciplinés plus bêtes que méchants les membres du combo se révèlent être bien loin de ses clichés, tant leur pedigree a de l’allure et ferait pâlir d’envie nombre de groupes moins dissipés si l’on peut dire… vu qu’ici on retrouve des musiciens évoluant ou ayant évolué au sein notamment d’AZARATH, STILLBORN, THRONEUM, DISSENTER, CHRIST AGONY, ARKONA, EMBRIONAL et d’autres. Bref autant dire qu’on n’est pas en présence de branquignols inexpérimentés bien au contraire car ce projet fondé l’an dernier (et qui publie déjà son premier album) est on ne peut plus professionnel même si l’envie de se faire plaisir ensemble est évidente, vu qu’on est en plein dans un Thrash/Speed rudimentaire à l’ancienne (d’où émerge quelques influences Black). Pas de surprises effectivement vu que tout est expédié majoritairement à deux-cent à l’heure avec des morceaux qui n’arrivent jamais au-delà des quatre minutes, évitant ainsi l’ennui et la redondance. Du coup il était sûr qu’avec un empilement de vétérans pareil ça n’allait pas passer inaperçu et c’est exactement le cas ici, vu que le quatuor a été signé par leurs compatriotes de Godz Ov War qui a très bien fait d’ailleurs tant la copie rendue par les mecs est impeccable et ouvre de biens belles perspectives pour l’avenir, et notamment sur scène où le résultat va faire un malheur.
Car dès les premières secondes de « Religious Scum » on va être emporté par un tourbillon de violence débridée où l’ombre de SLAYER (ainsi que de quelques ténors du genre venus d’outre-Atlantique) n’est jamais bien loin, de par le riffing si agressif et cette violence prépondérante qui ne fait jamais de l’ombre aux quelques passages au ralentis et au mid-tempo parfait pour les nuques, même les plus délicates. Heureusement tout cela sait aussi légèrement ralentir quand il le faut afin d’alourdir une rythmique qui n’en demandait pas tant, et qui voit l’ajout d’une certaine mélodie via l’apport de solos bien sentis aux accents parfois dans l’esprit Heavy Metal (on va retrouver cela sur le surprenant et réussi « Time To Suicide » qui va être ponctué d’arpèges coupants en raccord avec le reste). Si l’ensemble reste basé sur une virulence constante (où de nombreux blasts se font entendre) la qualité de l’écriture permet d’éviter la monotonie et la linéarité, dont il est pourtant facile de tomber quand on pratique un style si frontal et dépouillé… et ce même si l’impression d’écouter les mêmes plans et riffs n’est pas absente. Heureusement les subtiles variations présentes font que l’on reste attentif à cette demi-heure qui défile à toute berzingue et ce que le rendu se fasse direct ou un peu plus varié, car entre « War Obsession » et surtout « Reigning In Hell » thrashy à mort et qui explosent tout sur leur passage l’ennui n’est jamais là. Voyant aussi « Angel’s Disgrace » se détacher du lot de par ses passages rampants propices au headbanging (un constat partagé sur le tout aussi furieux « Church – Pigsty Of Nations »), et surtout avec la doublette de dingue « H.M.S.T.O.P.S » / « The Vampiric Oath » surpuissante et qui n’arrête jamais en proposant nombre de variations continues (sérieux le frappeur est boosté aux amphétamines ou quoi ?!). En effet celles-ci sont mises largement en avant, notamment de par une production puissante et claire au grain naturel où les chœurs haineux et les leads furieux trouvent facilement leurs places et sont largement audibles.
On aura donc compris qu’il n’y a rien à jeter dans ce long-format qui remplit parfaitement son contrat de vider la tête durant toute son écoute, sans aucune prétention que celle de (se) faire plaisir, et on valide totalement ce point de vue. Si effectivement ça ne marquera pas l’année de son empreinte du fait d’un manque de titres qui se démarquent vraiment du lot, on appréciera quand même tout cela tant l’homogénéité y est de mise et les temps-mort absents des débats. Burné sans être chiant ni caricatural ce disque prouve encore une fois la qualité de la Pologne en matière d’extrême avec ce premier jet d’une entité clairement à suivre, et qui en a sans doute gardé sous la semelle. Bref il est certain qu’on suivra sa prochaine livraison avec intérêt histoire de confirmer si tous ces bons points perdureront à l’avenir, mais vu l’expérience et le vécu de chacun des musiciens il est plus que probable que cela soit le cas… au pire on aura toujours eu un excellent disque redoutable d’efficacité entre les mains, et ça n’est pas si mal que ça.
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