Après trois splits en compagnie de Brutally Deceased, Tormented et Anatomia qui, à défaut de révolutionner le petit monde du Death Metal, se sont montrés d’une efficacité sans faille, les Suédois d’Interment signent enfin leur grand retour, six ans après un premier album que beaucoup n’attendaient plus. L’occasion pour le groupe de renouer avec les services de Tomas Skogsberg avec qui ils avaient déjà travaillé en 1991 lors de l’enregistrement de la démo
Where Death Will Increase ainsi qu’avec le label Pulverised qui avait sorti en 2010 l’album du retour (
Into The Crypts Of Blasphemy). Pour ceux qui préfèreront opter pour la version vinyle, c’est chez Dark Descent qu’il faudra aller toquer.
Enregistré au Sunlight studio sous la houlette du producteur ayant donné au Death Metal suédois cette identité sonore qu’on lui connait,
Scent Of The Buried joui naturellement d’un son extrêmement plaisant, à la fois explosif et rugueux. Une production tout à fait équilibrée qui porte en elle le souvenir d’une époque aujourd’hui révolue ainsi qu’un certain modernisme à la puissance destructrice. Soyez néanmoins rassurés car Tomas Skogsberg n’a jamais eu pour mission de masquer une quelconque misère artistique derrière des artifices à la Mickael Bay. Ce n’est donc certainement pas aujourd’hui que cela va commencer.
Habité par une passion et une énergie qui ne les a jamais quittés, Johan Jansson et sa bande continuent de faire vivre ce Death Metal old school sans rien changer à sa formule. Une vision certes étriquée mais fidèle à une ligne de conduite qu’Interment suit maintenant depuis plus de vingt-cinq ans.
Scent Of The Buried ne fait ainsi que reprendre ce que le groupe faisait déjà auparavant sans y apporter ne serait-ce qu’une once de nouveauté. Nous voilà donc en terrain connu et, pour être honnête, nous n’en attendions pas davantage.
A l’exception de titres comme "Chalice Of Death" ou "Dawn Of Blasphemy", c’est pied au plancher que les Suédois avancent chacun de leurs pions. Un rythme soutenu qui ne faiblit qu’en de très rares occasions, privilégiant alors le passage à des séquences au groove toujours aussi efficace et irrésistible ("Sinister Incantation" à 1:28, "Dawn Of Blasphemy", "Nailed To The Grave" à 2:07) ou à quelques parties plombées comme sur "Death And Decay" à 2:15, "Repugnant Funeral" à 1:23, "Scent Of The Buried" à 1:58. Le groupe se permet même quelques gimmicks rock’n’roll comme sur un "Chalice Of Death" dont la mélodie ultra entêtante ne vous quittera plus. Pour ce qui est de l’essentiel, Kenneth Englund distille donc avec aisance et décontraction ces fameux tchouka-tchouka (voir même quelques blasts - "Unholy Upheaval" à 1:26) sans jamais défaillir un seul instant. Simple mais toujours aussi redoutable lorsqu’il s’agit de réveiller les morts.
Le manque d’originalité évoqué un peu plus haut est ainsi bien vite compensé par cette dynamique ultra entrainante mais aussi par des riffs relativement inspirés et tout en urgence (rien d’étonnant à cela lorsque l’on connait l’amour du bonhomme pour la scène Crust/Punk /Hardcore) qui, sans aller jusqu’à me filler la chair de poule, rendent néanmoins chaque écoute extrêmement agréable ("Death And Decay" à 0:19 et 1:03, celui particulièrement entêtant de "Chalice Of Death", "Scent Of The Buried" à 0:51, "Unholy Upheaval", "Nailed To The Grave" et ainsi de suite...). Outre ces riffs, on retrouve également bon nombre de solos endiablés (et souvent doublés) comme sur "Death And Decay" à 3:25, l’introduction ultra nerveuse de l’excellent "Sinister Incantation", "Repugnant Funeral" à 2:21, "Scent Of The Buried" à 2:27 etc.
Là-dessus vient enfin se poser le growl arraché et glaireux d’un Johan Jansson monté sur piles. En plus d’insister sur l’urgence de ses propres riffs, sa voix apporte également un petit côté sale et putride à la musique d’Interment. Un growl où les "bleuargh" dégoulinants viennent marquer certaines fins de phrases. On notera également ce petit passage sur "Repugnant Funeral" à 1:49 où sa voix se fait plus lointaine, moins agressive mais plus saturé. Un registre pas forcément très adapté au propos d’Interment ou qui, du moins dans le cas présent, ne sert pas particulièrement le titre sur lequel il figure. Bref, je chipote…
Fidèle à lui-même, Interment revient faire parler de lui avec la rage et l’énergie du groupe désireux d’en découdre. Et même si
Scent Of The Buried ne surprendra absolument personne en appliquant encore et encore la même recette, force est de constater qu’il tient sacrément bien la route. Outre un artwork extrêmement alléchant signé Juanjo Castellano et des riffs efficaces et consistants, ce sont également cette énergie, cette dynamique, cette intensité et cette passion qui font de chaque écoute un véritable moment de plaisir, à taper du pied et à headbanger comme si rien d’autre n’avait d’importance. Certes, celui-ci se destine aux amateurs du genre venus chercher exactement ce qu’il y a à y trouver mais peu importe. De fait,
Scent Of The Buried vient redorer le blason d’un genre actuellement en perte de vitesse et dont les anciens ténors (Entombed A.D., Unleashed, Grave...) n’ont jamais eu autant de mal à paraître convaincants.
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