Undeath - More Insane

Sorti en octobre 2024, More Insane est déjà le troisième album des Américains d’Undeath. Un disque à l’illustration toujours aussi discutable (bien qu’à titre personnel je lui trouve tout de même beaucoup de charmes) signée une fois encore des mains du batteur Matt Browning et avec lequel le groupe originaire de Rochester dans l’état de New York va poursuivre sa collaboration avec le label Prosthetic Records entamée quatre ans auparavant avec la sortie en 2020 de Lesions Of A Different Kind.

Plutôt habitué à voir ce genre de formations poursuivre leur chemin sans jamais rien changer de leur formule (grosso modo une version plus groovy du Cannibal Corpse d’antan), je m’attendais à ce qu’il en soit de même avec Undeath dans la mesure où le Death Metal des Américains n’a jamais brillé ni par son originalité ni par ses quelconques prises de risques. Aussi quelle ne fût pas ma surprise à la découverte de More Insane qui voit ainsi le groupe non pas changer complètement son fusil d’épaule mais apporter à sa musique quelques twists pour le moins surprenants et inattendus qui, je dois bien le reconnaître, n’ont pas véritablement réussis à me convaincre.

Produit de bout en bout par un Mark Lewis habitué aux super-productions léchées pour des groupes tels que Carnifex, Chimaira, DevilDriver, Dying Fetus, Nile, The Black Dahlia Murder, Trivium ou bien encore Whitechapel, More Insane souffre justement d’une production moins engageante que celles de ses deux prédécesseurs. La faute à des guitares moins épaisses et presque maigrelettes (toutes proportions gardées) et une batterie qui en dépit d’une caisse claire relativement naturelle est quelque peu plombée par un manque évident de relief lié à l’usage systématique de triggues qui tendent malheureusement à lisser l’ensemble des éléments qui la constitue (notamment la grosse caisse mais également les cymbales) tout en y apportant une couleur tout de même un poil synthétique. C’est dommage pour un groupe comme Undeath habitué jusque-là à des productions plus organiques qui collaient à merveille avec le genre de Death Metal groovy pratiqué par la formation.
Cependant, là n’est pas ce qui me chagrine le plus à l’écoute de More Insane. En effet, la plus grosse faute de goût me concernant tient surtout à ce virage beaucoup plus mélodique amorcé par les Américains en quelques occasions plus ou moins heureuses. Aussi on comprend mieux le choix de Mark Lewis en guise de producteur puisqu’effectivement la musique d’Undeath, si elle conserve tout de même quelques traces de son passé de babouin (on y reviendra), lorgne également de manière significative et tout à fait inattendue vers un Death Metal mélodique que n’aurait certainement pas renié des groupes tels que The Black Dahlia Murder et At The Gates. Quelques incartades mélodiques pas désagréables mais qui, forcément, après deux albums et deux démos dans un registre régressif et délicieusement groovy, semblent arriver comme un cheveu sur la soupe... Parmi les tentatives les plus flagrantes et les plus significatives ont retiendra ainsi "Brandish The Blade", titre caractérisé par une introduction pas bien folichonne et "Sutured For War" que l’on croirait avoir été composé par le fameux groupe de Détroit. D’autres passages dispensés à droite et à gauche viennent également rappeler ces liens de parenté, notamment sur "Wailing Cadavers" et "Disattachment Of A Prophylactic In The Brain". Et si tous ces moments ne sont pas désagréables, ce n’est absolument pas ce que j’ai envi d’entendre lorsque j’écoute Undeath...

Heureusement, et comme je le disais plus haut, il reste encore de nombreuses traces du passé puisque malgré ces quelques digressions More Insane conserve tout de même en grande partie ce qui faisait le charme d’Undeath jusque-là. Dès les premières mesures de l’excellent "Dead From Beyond" on va retrouver en effet ce groove irrésistible emprunté à Cannibal Corpse. Une filiation évidente qui va d’ailleurs bien au-delà de tous ces moments délicieusement chaloupés ("More Insane" qui poursuit de manière flagrante sa relecture de Canniboul en toute décontraction, les premières mesures de "Disputatious Malignancy" qui seront répétées par la suite, l’imparable "Cramped Caskets (Necrology)" avec cette basse qui racle derrière, "Wailing Cadavers" à 0:24, "Bones Clattering In The Cave" à 0:20...) puisque de certains riffs à quelques constructions dynamiques (ce mélange d’accélérations thrashisantes, de passages plus soutenus et bien évidemment de ralentissements toujours aussi bien sentis), on retrouve effectivement la patte du groupe floridien sur bien des compositions d’Undeath. Un parallèle incontestable qui à défaut d’originalité ne manque une fois encore pas d’efficacité.

Alors difficile de reprocher aux Américains leur envie de proposer autre chose surtout que ces moments plus mélodiques et tout de même assez différents ne sont pas prépondérants puisqu’il ne s’agit finalement que de deux titres (sur dix) et quelques écarts constatés ici et là. Rien de véritablement rédhibitoire même si en toute honnêteté c’est pourtant ce qui me fait décrocher brièvement de cet album et me pousse plus ou moins volontairement à ne pas me le passer aussi souvent que ses deux prédécesseurs. Si le terme de déception est alors peut-être un petit peu fort pour parler de More Insane, il est certain que je ne souhaite pas voir Undeath réitérer à l’avenir ce genre d’exercice qui, s’il va permettre d’apporter un peu de fraîcheur et de relief à une formule peu originale, semble tout de même un petit peu hors de propos... Bref, vous l’aurez compris, ce n’est pas encore le véritable faux-pas mais attention tout de même à ne pas en prendre le chemin...

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