Après deux démos qui n’ont pas manqué de faire parler d’elles, en tout cas ici sur Thrashocore, les Américains d’Undeath passent aujourd’hui aux choses un peu plus sérieuses avec la parution en octobre dernier de leur premier album intitulé
Lesions Of A Different Kind. Pour cette sortie évidemment très attendue par tous ceux qui avaient déjà posé une oreille attentive sur les excellentes
Demo ‘19 et
Sentient Autolysis, le groupe de Rochester a trouvé refuge chez... Prosthetic Records. Une signature plutôt surprenante dans la mesure où le label longtemps associé à la scène Metal/Hardcore (Lamb Of God, All That Remains, Himsa, Cannae, Through The Eyes Of The Dead) nous a habitué ces dernières années à promouvoir en règle générale des artistes de plus gros calibres (Skeletonwitch, Schammasch, Psycroptic, Venom Prison, An Autumn For Crippled Children, Septicflesh...).
Pour illustrer ce premier essai longue durée, c’est le batteur Matt Browning qui s’y est collé à nouveau (pour rappel, c’est lui qui a signé tous les précédents artworks d’Undeath). Si on reconnaît bien le trait particulièrement chargé de l’Américain et que l’on appréciera pour la première fois ce passage à des couleurs « vives », je suis tout de même un peu plus dubitatif quant à ces deux personnages qui semblent avoir été dessinés par ma fille de cinq ans... Rien de rédhibitoire mais on aurait préféré quelque chose de moins naïf… Enfin, mentionnons également que
Lesions Of A Different Kind est marqué par la participation de deux invités de renommée internationale, ou presque... Tout d’abord Cody Davidson de Sanguisugabogg qui vient poser un très chouette solo (quasiment le seul de tout l’album malheureusement avec celui d’"Acidic Twilight Visions") sur "Suitably Hacked To Gore" puis Trevor Strnad de The Black Dahlia Murder que l’on retrouve brièvement derrière le micro sur le morceau-titre. Deux participations aussi brèves que discrètes mais qui font néanmoins plaisir à entendre.
Pour ce premier album, Undeath poursuit naturellement ses pérégrinations en terre Death Metal (encore heureux!) avec toujours en ligne de mire ces quelques influences majeures évoquées lors de ma chronique de
Sentient Autolysis. Ainsi, à l’écoute de
Lesions Of A Different Kind on pense toujours autant à un mélange entre Tomb Mold, Morbid Angel, Cannibal Corpse, Demilich et Incantation. Pas de quoi hisser Undeath au rang des artistes les plus novateurs de la décennie (ni même de l’année d’ailleurs) mais cela n’a finalement pas beaucoup d’importance quand on a l’essentiel comme c’est le cas ici.
Et l’essentiel c’est quoi ? Et bien toujours un peu la même chose à vrai dire... Pour commencer, il vous faut du riff qui riffe. Soit une succession de notes et d’accords suffisamment bien fichus pour causer chez l’auditeur lambda (toi qui lis ces lignes, moi qui rédige cette chronique, le clampin qui ne connaît pas encore Undeath mais qui va se prendre une belle rouste lorsqu’il posera ses oreilles pour la première fois sur le Death Metal des Américains) l’irrépressible envie de tout démonter autour de soi. À ce petit jeu-là, Undeath s’en sort particulièrement bien, offrant pendant un peu plus de trente-cinq minutes quantité de séquences absolument redoutables en faisant montre d’un degré d’efficacité extrêmement élevé ainsi que d’une certaine dextérité dans l’art de tricoter du riff alambiqué. De "Suitably Hacked To Gore", à "Shackles Of Sanity" en passant par "Lesions Of A Different Kind", "Acidic Twilight Visions", ou "Lord Of The Grave", ce premier album est ainsi truffé de moments qui régalent !
De ce sens du riff affûté découle un groove absolument imparable. Celui qui faisait déjà en partie le sel des deux précédentes démos de la formation originaire de Rochester. Si les attaques aux blasts et à la double ainsi que ces cavalcades plus ou moins rapides sont évidemment de la partie, chaque titre de l’album est également marqué par ces rythmiques chaloupées taillées pour briser des nuques à la douzaine ("Shackles Of Sanity", "Lesions Of A Different Kind" à 1:32, "Acidic Twilight Visions" qui rappellera de bons souvenirs aux amateurs de Morbid Angel avec ses faux airs - en tout cas sur les premières mesures - de "God Of Emptiness", "Kicked In The Protruding Guts", "Chained To A Reeking Rotted Body" à 1:16, etc) ainsi que par ce riffing nerveux qui enchaîne sans lever le pied (ou rarement) et en toute décontraction des patterns techniques aux formes multiples. Si ces derniers se succèdent dans des élans dynamiques à dimensions et à intensité variables,
Lesions Of A Different Kind n’en demeure pas moins extrêmement cohérent et immédiat en dépit de ce caractère technico-chaotique évident.
Vous l’aurez aisément compris, Undeath persiste et signe avec ce premier album qui réussit à se montrer à la hauteur des deux précédentes démos et notamment de l’excellente
Sentient Autolysis. Aidé par une production plus aboutie (pour l’occasion les Américains ont confié cette fois-ci l’enregistrement à une personne extérieure au groupe) tout en conservant le mixage et le mastering aux mains de Ben Cultrara,
Lesions Of A Different Kind gagne en impact et en puissance sans perdre en caractère ou en authenticité. On regrettera seulement l’absence (ou quasi-absence comme on l’a vu) de solos mélodiques qui auraient pu apporter un plus évident aux compositions d’Undeath et à son Death Metal tarabiscoté, groovy et ultra dynamique. Quoi qu’il en soit, le trio (devenu vraisemblablement un quintet depuis la sortie de l’album) confirme ici tout le bien que l’on pensait de lui, prenant ainsi place confortablement au sein d’une nouvelle garde nord-américaine de plus en plus solide. À ne pas louper !
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