Razend - White Goat 2
Chronique
Razend White Goat 2
Certains groupes attachent une énorme importance au visuel de leur album, passant un temps infini à dénicher le bon sujet, le bon graphiste, la bonne idée. Ils ont peaufiné leur projet comme un bijou et veulent lui donner un écrin à la hauteur. Ce n’est pas le cas de RAZEND. Pour illustrer Withe Goat II, leur debut album (faisant suite à la démo Withe Goat), les hollandais se sont contentés du minimum syndical. Parler d’artwork serait presque même une blague pour qualifier ce grossier crayonné de chèvre sur fonds blanc. On aurait pourtant tort de juger un livre à sa couverture car en l'occurrence, les bataves ont gardé le meilleur à l’intérieur.
RAZEND (qui signifie furieux en hollandais) est la troisième incarnation d’un projet Metal né en 1989 à l’instigation de Jos van den Brand (guitare) et Corinne van den Brand (chant). A l’origine, le groupe s’appelle ACROSTICHON. C’est un quatuor qui joue du Doom / Death et sort deux albums Engraved in Black (1993) et Sentenced (1995). Le projet splite en 1998 avec le départ de Corinne van den Brand
Né sur les cendres de ACROSTICHON, OUTBURST est un quintet de Death / Thrash Mélodique qui sort trois albums Overflend (2003), Fair and Balanced (2004), et Ruthless (2012) puis splite en 2012 suite au départ de son vocaliste (Tjerk Maas).
Les quatre membres survivants de OUTBURST forment alors RAZEND grâce au retour de Corinne van den Brand au chant. La boucle est bouclée...pour le moment. Cette petite histoire nous apprend au moins deux choses : la première c’est que RAZEND n’est pas un groupe de jeunes pousses fraîchement sorties de terre. La deuxième, c’est que leur frontman est une frontwoman.
Corinne van den Brand fait partie du club fermé des growleuses mais ce n’est pas lui rendre justice que de limiter son talent à ce qualificatif. La belle fait en effet étalage d’une large palette harmonique et joue sur les changements de tessiture pour insuffler aux compos de RAZEND un climat particulier. Tantôt enjôleuse, tantôt caline, tantôt gouailleuse, tantôt agressive, voici une chanteuse aux multiples facettes, atout majeur pour le projet. C’est déjà sur les talents de la chanteuse que s’était fondée la réputation de ACROSTICHON. Avec RAZEND, Corinne van den Brand parvient une nouvelle fois à marquer les esprits. Rendons grâce à ses compères, Tim Verheijden (batterie), Tijn van der Vloet (basse), Arvid Kuipers et Jos van den Brand (guitares) qui montent des murs de son bien Heavy, bardés de riffs accrocheurs chargés d’agressivité à laquelle la vocaliste va ajouter sa touche pour un résultat protéiforme.
Le disque comprend sept pistes inédites et cinq reprises correspondant à la démo Withe Goat parue en 2013. Cet ajout en fin de tracklist permet de constater l’évolution stylistique du gang qui, partant d’un Thrash pur et dur s’oriente désormais vers des compos plus travaillées. Du fait de cette juxtaposition, Withe Goat II ressemble à un voyage à travers différentes régions du Thrash Metal. La carrière du groupe semble démarrer autour de brûlots Thrash brutaux et concis jouant sur l’effet de blast, un riffing épileptique et un chant agressif (“Boktor of Horror”, “FYAG” et les cinq titres issus de la démo, notamment l’excellent “Stop Pressure Me” qui réussit à raconter un paquet de choses en deux petites minutes). Elle se poursuit désormais dans un Thrash plus construit, plus mélodique, presque progressif. Compos épiques, portées par un chant clair très travaillé (“Wingless” et “Girl in The Mirror”). Narration musicale reposant sur des variations de tempo et de tessiture de voix (“Time” et “Substantia Nigra”). C’est cette direction que semble emprunter le groupe et on ne peut qu’encourager l’initiative. C’est en effet dans ces exercices que RAZEND révèle tout son savoir faire et son inventivité. J’ai particulièrement apprécié “Time” et “Substantia Nigra”, deux perles de Thrash Mélodique de plus de six minutes chacunes dont les circonvolutions, les tours et les détours constituent une belle invitation au voyage.
S’il fallait trouver un défaut à Withe Goat II (outre son artwork bidon), ce serait sa durée, artificiellement étirée par l’adjonction de la démo. Certes, cette compilation permet de disposer sur un seul support de toute l’oeuvre des hollandais, mais elle donne également l’impression qu’ils ont du mal à faire un choix entre le Thrash de leurs débuts et l’évolution Mélodique et Prog de leurs travaux plus récents. Un défaut d’orgueil qu’on pardonne plus facilement à un groupe d’adolescents qu’à une formation blanchie sous les harnais. Cela étant, au vu de la variété d’ambiances développées dans la galette, ce défaut n’en est pas vraiment un.
| rivax 20 Avril 2017 - 444 lectures |
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