Venom - Metal Black
Chronique
Venom Metal Black
C’est avec un peu de crainte que j’accueillais l’annonce de ce nouveau disque de Venom. Après une reformation en 1997 (accompagnée d’un vrai-faux nouvel album, « Cast in Stone ») passée plutôt inaperçue et suivie 3 ans plus tard de la sortie tout aussi confidentielle de l’album « Resurrection », que pouvions-nous réellement attendre de ce nouveau témoignage sonore de la bande de Newcastle ? Ou du moins, de ce qu’il en reste, Abbadon, le batteur originel, s’étant - depuis « Resurrection » déjà - fait viré, et Mantas, le guitariste originel, étant lui parti vaquer à son projet solo (Mantas 666). Pas très encourageant tout ça, vous en conviendrez.
Et bien j’ai été pour ainsi dire rapidement rassuré dès l’écoute du morceau d’ouverture, Antechrist. Faisant fi des modes et des évolutions qui ont fortement marqué, durant son absence, le style dont il est l’un des piliers fondateurs (comprendre, le metal extrême), Cronos, unique rescapé de la formation historique, a décidé de nous livrer ce qu’il sait le mieux faire, c’est-à-dire un pur disque de Venom. A l’écoute de « Metal Black », l’auditeur se retrouve donc téléporté 25 ans en arrière, à l’époque où Venom terrorisait les grenouilles de bénitiers avec son propos sataniste et outrancier ou/et repoussait les barrières sonores en jouant plus fort et plus vite que n’importe lequel de ses contemporains. Tout au long de ce disque, on retrouve donc avec plaisir tous les ingrédients qui ont fait le succès du trio : riffs simplistes mais ultra-efficaces verrouillés sur des rythmes de batterie basiques et enlevés, slogans (souvent un seul mot ou bribe de phrase) en guise de refrain et surtout une énergie et un côté rock’n roll cradingue hérités de Motörhead qui donnent systématiquement envie de taper du pied, agiter sa moumoute ou sauter partout (voire même les 3 choses en même temps si cela est humainement possible). En cela, « Metal Black » est donc tout-à-fait capable de rivaliser en terme de qualité avec les premiers albums cultissimes de Venom. L’esprit reste en effet le même, l’énergie et la hargne sont toujours intactes. L’album contient de surcroît son lot de morceaux voués à devenir des classiques du groupe au même titre que Black Metal, Countess Bathory ou Welcome to hell. Je pense notamment à Antichrist, Burn in Hell, Regé Satanas ou encore Assassin (et j’arrête là mon énumération car presque l’intégralité des 14 morceaux de ce disque pourraient y passer).
De plus, le groupe a eu la très bonne idée d’équilibrer le disque entre morceaux rapides et compositions plus lentes et lourdes, évitant ainsi aux chansons de sonner trop redondantes, ce qui était hélas un peu l’un des défauts de Venom. En revanche, on ne pourra pas, cette fois-ci, critiquer la qualité de la production. Bien qu’ayant opté pour un enregistrement dans des conditions « live », Venom a enfin réussi à se doter d’une production digne de ce nom (même si le son reste parfois un peu crachotant). Un choix d’autant plus justifié que le groupe n’a plus à se cacher derrière les défauts de la production pour camoufler ses légendaires « pains » dans l’exécution des morceaux. Antton (qui est le frère de Cronos) égale sans peine le jeu d’Abbadon tandis que Mikvs a su lui parfaitement renouveler le stock de riffs tranchants tout en étant capable de composer des soli plutôt inhabituels (et même techniques ?!) pour le groupe (Burn in Hell, Lucifer Rising). D’avis que l’auditeur n’aurait pas été à pareille fête avec Mantas à la 6 cordes (désolé, les absents ont toujours tort, c’est bien connu). Quant à Cronos, même s’il reste bien loin des prouesses vocales d’un Warrel Dane, il sait toujours éructer sa hargne comme un possédé. Et c’est bien là la seule chose que les fans attendaient de lui.
Néanmoins, malgré tous ces points positifs, je ne peux m’empêcher d’avoir une vision ambivalente concernant ce nouvel album de Venom. En choisissant une pochette, un titre d’album et des titres de morceaux qui fleurent bon le « bon-vieux temps », on choisissant de composer des morceaux dans une veine « Venom traditionnel », Cronos n’aurait-il pas joué la carte de la sécurité, en limitant la prise de risque, au point de frôler l’auto-plagiat ? Et ce, afin que « Metal Black » échappe à l’anonymat dans lequel ses précédents disques ont été relégués. Difficile à dire. Et puis, de toute manière, sortir un disque, enregistré « live », à la musique volontairement primitive et dans laquelle toute prise de tête est bannie, n’est-ce pas déjà là prendre un risque, à l’heure où nombres de groupes de metal extrême cherchent à rivaliser en terme de technicité et de production puissante.
Quoi qu’il en soit, « Metal Black » est le parfait témoignage de ce dont Venom est capable aujourd’hui. Cet album est l’œuvre d’un groupe privilégiant l’énergie et le côté brut de la musique au dépens de la technique et de l’extrême brutalité. De ce fait, « Metal Black » ravira à coup sûr les fans de la première heure du trio. Ceux qui n’avaient jamais écouté Venom jusque là pourront acheter cet album les yeux fermés. Ils trouveront en lui un parfait aperçu de ce qu’est la musique des britanniques. Quant aux amateurs de metal extrême moderne, certes, ils ne retrouveront assurément pas la même brutalité ni les même compositions techniques qu’ils apprécient chez des groupes plus actuels. Mais ce serait tout de même dommage de ce priver de ce pur moment de défoulement que constitue ce « Metal Black ».
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4 COMMENTAIRE(S)
citer | J'ai pas du tout accrocher à celui-là et 7 c'est encore gentil .. par contre les deux dernier j'ai adoré .. à quand les chroniques des autres albums de Venom ? |
citer | Crom -Cruach 28/11/2011 19:09 | | Le dernier tourne en ce moment, trop tôt pour me faire un avis.
C'est quand même l'un de premiers groupes de "hard-rock" comme on disait à l'époque que j'ai écouté (en 83,ouch paye tes années !!) |
citer | hitman (invité) 15/03/2006 0:52 | | Moi je l'aimes bien cet album , en plus ça fait plaisir de voir que le groupe n'est pas mort !
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citer | Sortie officielle le 20 mars.
Vous pouvez écouter une version démo en streaming d'Antichrist ici. La qualité du fichier n'a cependant rien à voir avec celui du disque. Hélas.
Divers extraits sont dispos en fichier wma ici, en plus de ceux en écoute avec la chro. |
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4 COMMENTAIRE(S)
11/03/2016 21:56
28/11/2011 19:09
C'est quand même l'un de premiers groupes de "hard-rock" comme on disait à l'époque que j'ai écouté (en 83,ouch paye tes années !!)
15/03/2006 0:52
12/03/2006 14:50
Vous pouvez écouter une version démo en streaming d'Antichrist ici. La qualité du fichier n'a cependant rien à voir avec celui du disque. Hélas.
Divers extraits sont dispos en fichier wma ici, en plus de ceux en écoute avec la chro.