Woods of Infinity - Hamptjärn
Chronique
Woods of Infinity Hamptjärn
Les classiques de Sakrifiss 11/12
Comme souvent dans ma vie de tous les jours, je commence par le moins important et ensuite, quand il ne me reste plus beaucoup de temps, je commence à paniquer et comprends que je n’aurais pas le temps de faire le principal.
Enfin, je dis ça, mais je n’ai aucun regret de la liste des albums que j’ai choisi de présenter depuis le début de l’aventure des « classiques ». Oui, c’est une aventure, et tu la partages. C’est une remontée dans le temps et des bribes de souvenirs qui ressurgissent à chaque fois. Plus que deux albums donc à présenter et si je n’ai pas de regret des choix, j’ai tout de même la frustration de devoir faire des impasses sur des groupes qui méritaient d’être présentés. Mais qui sait, je pourrai toujours me lancer dans une saison 2 si l’envie me titillait.
J’ai tardé à me décider de parler de cet album du jour alors que WOODS OF INFINITY est l’un des 10 groupes que je garderai s’il fallait faire un top, mais j’étais en quelque sorte hésitant pour la simple raison que je l’avais déjà chroniqué. C’est même l’une des premières bafouilles que j’ai rédigées, et c’était sur Postchrist, il y a… 10 ans. Peu après sa sortie. Bon anniversaire à cet opus ! C’est donc la première fois que je refais une chronique, mais celle-ci se justifie en la considérant comme une célébration, un hommage et surtout l’occasion de revenir sur un album, et aussi sur un groupe, devenus cultes pour de nombreux fans de black « différent ».
Thrashocore ne s’était en plus pas encore véritablement penché sur le cas de ces Suédois. Il n’y a que FleshOvSatan qui a prouvé lui aussi son amour du duo dérangeant en chroniquant F&L. Définitivement pas celui que j’aurais choisi, mais notre ancien collègue avait profité d’une réédition pour replonger dedans. Elle était signée Those Opposed Records, et je les en remercie encore car je me souviens à quel point il était alors compliqué de trouver ce premier essai. Tu iras relire sa chronique pour les détails, mais si F&L était déjà « à part », il n’était pas assez abouti. Ou plutôt c’est ce que les albums qui ont suivi nous ont démontré. Ils étaient encore plus forts, personnels, marquants.
Melkor et Ravenlord y étaient parvenus dès Hejdå (2005) et Ljuset (2005), mais ils sont arrivés à mon sens au sommet de leur art avec Hamptjärn. Que des morceaux d’exception, du début à la fin, des notes inoubliables de l’introduction d’« Elvira » à l’orgue et à la voix qui nous appellent vers un monde moins cruel de « World of Lost Innocence ». (Oui, j’ai volontairement omis la 10ème piste, la dernière. C’est une outro, longue, j’en parlerai un peu plus bas…). Cet album est bien un monolithe ! Pardon ? « Ce sont avant tout des pédophiles ? ». Woaw, tu ne vas pas me dire que tu fais partie de ceux qui n’ont rien compris ? Quand tu lis un roman, tu penses que les actes du personnage sont ceux de l’auteur ? Quand tu regardes un film, tu crois que l’acteur il est vraiment méchant ? Tu as peur qu’il vienne chez toi la nuit tordre le cou de maman et violer papa ? WOODS OF INFINITY a une thématique, et étonnamment, elle ressemble quelque part à celle de STUPEFLIP, groupe pour lequel aussi beaucoup se triturent l’esprit sur les paroles. Ah, si ! Certains disent que dans « le cartable », on nous parle d’un adulte attiré par une enfant. Ce qui est peut-être le cas, ce n’est pas là le souci et se demandent alors si « c’est bien d’écouter le groupe ou si alors eux aussi, quelque part, ils ne soutiennent pas la pédophilie, bouh bouh bouh… ». Or, même si la fiction prend racine dans des pulsions réelles, non seulement elle reste fiction, mais le propos de STUPEFLIP, et par extension de WOODS OF INFINITY, est beaucoup plus large, et beaucoup plus profond. Ils parlent du passage au monde adulte, et de tous les désespoirs qu’il a entraînés. Déceptions, incompréhension, haine des autres mais aussi de ce qu’on est soi-même devenu. La difficulté à accepter qu’on est dans ce corps. Et comme le disait Cadillac : « Dans ton for intérieur, il y a un enfant qui pleure. Toi, tu te sens plus, lui il se sent mal. Tu l’as séquestré, baillonné, ligoté. Je le reconnais le petit gars qui est en toi, le p’tit, la p’tiote qui chiale dans le fond c’est toi (…) Il est où le p’tiot que t’étais ? Il est mort le p’tiot que t’étais ? ». C’est certes osé de comparer STUPEFLIP à WOODS OF INFINITY, mais c’est pourtant si proche. Ces derniers ont des attirances pour les enfants ? En fait ils expriment le sentiment d’un adulte qui refuse de ne plus faire partie de ce monde de l’enfance, qui voudrait rester le confident des petits, mais qui ne peut donc qu’être un pervers dans son corps d’adulte, torturé parce qu’il a conscience de son état. C’est terrifiant parce qu’on ses rend compte qu’un adulte qui essaie de rester enfant est finalement encore plus dangereux et monstrueux. « Mais non, je ne lui voulais pas de mal, au contraire, j’aimais cet enfant. J’étais son confident, on ne faisait que jouer. C’était notre secret de copains… ».
C’est ce que je ressens depuis toujours à l’écoute du groupe, c’est la façon dont je le perçois. Je me trompe peut-être des intentions, mais c’est ce qui ressort à chaque écoute, et qui me touche. Et ce mal-être, il existe dans nos sociétés. En France (« surtout dans le nord » me souffle une voix pas drôle du tout. Rôôôôh, pour une fois qu’on parlait sérieusement, ça casse tout…), au Japon (où je vis depuis assez longtemps pour remarquer à quel point on ne s’intéresse plus aux femmes qui approchent de 30 ans, et à quel point il faut qu’elles aient l’air gamines pour être adulées…). WOODS OF INFINITY nous décrit ces phénomènes. Attention, ce n’est pas non plus la seule thématique abordée. Mais celle qui a souvent porté préjudice au groupe, comme si parler d’un sujet, c’était passer à l’acte. J’ai envie de frapper les gens qui devant moi sont d’une lenteur à en crever. J’imagine que je leur écrase la tête contre le bitume. Je ne le fais pas, mais ça me fait du bien de t’en parler…
Hamptjärn s’applique à tous les mal-être. Tu as des remords ? Tu as des regrets ? Tu as la haine de toi-même ? Tu ne supportes plus ton entourage mais sens que tu es aussi coupable que lui ? Alors tu vas te retrouver dans ces 10 pistes. Ravenlord y a trouvé des timbres vocaux plus expressifs que jamais, non seulement dans ses cris, que dans certaines parties parlées où il semble se confesser. Il est ta voix, ma voix, celle de ceux qui ont pris « conscience » de leur faute. Nous ne valons pas mieux que notre voisin. Les compositions, ce sont des boites à musique détraquées, qui gardent encore quelques belles sonorités mais plus très droites, et bien entendu mêlées au black metal dépressif. Si tu as toujours voulu mettre fin à la mascarade de la vie, mais que tu n’as jamais trouvé la lame, le médicament, le courage de passer sous un train, Hamptjärn peut devenir cette arme. Et en l’écoutant trop, on se dit même que l’on pourrait s’endormir et ne plus se réveiller. Naturellement, comme ça. Serait-ce un mal ? Et qui nous regretterait ? Et d’abord, qui s’en rendrait compte ?
Le monde de WOODS OF INFINITY. Difficile de choisir la meilleure piste. « Stilla » et ses clochettes de Noël qui ouvre le titre font partie de mes préférées, la mélancolie et la rage s’y entremêlent. Le rythme plus fou de « Ending Existence » fait toujours mouche, une chevauchée vers le désespoir. Tout est génial…
Un dernier album sortira 4 ans après. Förlåt avait des qualités évidentes, fidèles à Hamptjärn, mais la tension, la mélancolie étaient un léger cran en dessous. Avec le temps, c’est la reprise de « Walking in the Air » qui me revient le plus à l’esprit. Morceau tiré du dessin animé The Snowman où là aussi un enfant est mis face à la fin du rêve, face à la mort… Après avoir joué toute la nuit avec un bonhomme de neige devenu humain, il le découvre fondu au petit matin… On sentait que WOODS OF INFINITY commençait à tourner en rond, et risquait même de tourner à l’auto-parodie. La piste qui formait un florilège de morceaux pop contenant les paroles (Flicka, gamine) était sans intérêt. Pire, on sentait plus un clin d’œil ludique, une sorte de jeu, alors que le groupe nous avait habitués à souffrir de ses lubies. Le ludique à la place du lubrique… Certes, il avait déjà fini l’album Hamptjärn par une longue piste à part, composé en partie d’un discours, mais il ne gâchait rien… Et le groupe a splitté, plus à cause de Melkor que de Ravenlord paraît-il, mais on ne sait jamais, une reformation est toujours possible. Le chanteur essaie d’ailleurs ne pas perdre la main, ou la voix plutôt, et a intégré d’autres formations, en tant qu’invité comme chez ARMAGGEDON, PESTE NOIRE, FÖRGJORD, et en tant que membre à part entière chez notre excellent compatriote, le Français de SAPAUDIA. Trois groupes français, il semble aimer notre scène…
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